Qu'ont en commun une scientifique de la NASA, une militante des droits des personnes handicap茅es, une militante听des m茅dias sociaux, une militante des droits des femmes, une sage-femme et deux po猫tes slameuses ? - 脿 part leur sourire radieux ? Ce sont toutes des d茅fenseures engag茅es qui 艙uvrent pour mettre fin 脿 la violence contre les femmes et les filles dans leur pays.
Le Niger a le taux de pr茅valence des mariages d'enfants le plus 茅lev茅 au monde selon l'UNICEF, avec 76 % des filles mari茅es avant l'芒ge de 18 ans et 28 % mari茅es avant l'芒ge de 15 ans. En 2017, le gouvernement a relev茅 l'芒ge de la fin de la scolarit茅 obligatoire pour les filles 脿 16 ans - une 茅tape importante dans la lutte contre le mariage des enfants - mais il reste encore du travail 脿 faire.
脌 l'approche de la Journ茅e internationale de la fille, le 11 octobre, ces sept jeunes femmes ne se contentent pas de d茅noncer la violence fond茅e sur le sexe - y compris les pratiques n茅fastes telles que le mariage des enfants - mais montrent au monde entier ce qu'il est possible de faire lorsque les filles ont des chances 茅gales de r茅ussir.
D茅bora, 24 ans, 茅crivain et 茅tudiante sage-femme
"Notre r么le en tant que femmes est de nous soutenir les unes les autres", explique Justancia D茅bora Dianga-Mbembo, 茅tudiante en sage-femme et 茅crivain. "La violence peut arriver 脿 n'importe lequel de nos amis ou de notre famille". 听D茅bora le sait, car cela lui est arriv茅.
Il y a deux ans, elle a v茅cu une perte de grossesse 脿 la suite de violences domestiques. Aujourd'hui, elle transforme ses exp茅riences en 茅criture et esp猫re publier son travail afin d'aider d'autres jeunes femmes et filles qui pourraient se trouver dans une situation similaire. 听"J'茅cris beaucoup parce que je crois qu'en tant que filles, nous devons 锚tre actrices de notre destin. En 茅levant la voix, nous assurons un avenir 茅gal 脿 toutes les filles de notre pays", dit-elle.听
Ardente d茅fenseuse des droits des femmes, elle 茅tudie la profession de sage-femme avec l'intention de se sp茅cialiser dans l'obst茅trique gyn茅cologique afin de garantir que les filles et les femmes d茅favoris茅es aient acc猫s 脿 des services de sant茅 g茅n茅sique de qualit茅.
Yasmina, 21 ans, militante听des droits des femmes
Yasmina Mohamed Boubacar a 茅t茅 茅lev茅e dans un orphelinat apr猫s le d茅c猫s de sa m猫re 脿 sa naissance. Elle comprend bien le pouvoir qu'a l'茅ducation des filles de changer leur vie. "J'ai b茅n茅fici茅 de toutes les opportunit茅s possibles pour un enfant, 脿 commencer par une 茅ducation de qualit茅", dit-elle. "J'ai obtenu mon dipl么me de fin d'茅tudes secondaires 脿 l'芒ge de 16 ans et maintenant, en tant que jeune dirigeante, je fais beaucoup de travail communautaire et de sensibilisation sur des questions telles que le mariage des enfants, l'茅ducation des filles et la violence sexiste".
Aujourd'hui, elle est la secr茅taire g茅n茅rale de Taimakon Marayu, une organisation qui aide les orphelins du Niger - dont beaucoup sont des filles vuln茅rables.
"J'aime voyager dans diff茅rents endroits et mettre en place des clubs d'茅coute et de sensibilisation pour les filles. Elles ont besoin d'une plateforme pour s'exprimer et simplement partager leurs griefs et leurs aspirations", dit-elle.听
Elle a r茅cemment particip茅 脿 l'茅mission de radio RFI "7 milliards de voisins" pour parler de l'茅ducation dans la r茅gion du Sahel, et a rencontr茅 le pr茅sident fran莽ais lors d'un 茅v茅nement parall猫le 脿 la r茅union minist茅rielle conjointe du G7 sur l'茅ducation et le d茅veloppement 脿 Paris.听
Nana, 30 ans, militante des droits des personnes vivant avec un handicap
Nana Natitia r锚ve d'un "Niger o霉 les femmes sont prot茅g茅es contre toutes les formes de violence, et o霉 leur droit 脿 l'茅ducation ne sera plus une lutte [contre les attentes] mais une r茅ussite".
L'une des premi猫res choses que l'on remarque chez elle est le turban aux couleurs vives qu'elle porte 脿 la place du hijab ou du foulard, plus courants. Le turban n'est g茅n茅ralement port茅 que par les hommes, mais c'est l'une des petites fa莽ons dont Nana r茅siste aux attentes des hommes dans sa vie quotidienne. "J'ai demand茅 si le turban 茅tait r茅serv茅 aux hommes... J'ai d茅cid茅 de le porter pour embrasser ma culture, ma religion, mon identit茅", dit-elle.
En plus de s'occuper de trois jeunes enfants, l'entrepreneur social trouve toujours le temps de s'engager dans la communaut茅.
Depuis un an, elle est secr茅taire ex茅cutive de Global Dignity Niger, qui vise 脿 autonomiser les femmes vuln茅rables et les personnes handicap茅es en am茅liorant leurs chances d'int茅gration sociale et en changeant les attitudes publiques n茅fastes.听
En 2018, elle a particip茅 脿 la r茅union annuelle de l'universit茅 Clinton Global Initiative 脿 Chicago pour parler de la cr茅ation d'un avenir 茅gal pour les femmes et les personnes handicap茅es.
Fadji, 29 ans, scientifique de la NASA
Le Dr Fadji Maina n'est pas 茅trang猫re 脿 faire tomber les barri猫res. Apr猫s avoir obtenu son doctorat en hydrologie 脿 l'Universit茅 de Strasbourg 脿 l'芒ge de 25 ans, elle est devenue la premi猫re scientifique nig茅rienne 脿 rejoindre la NASA. Fadji utilise le calcul haute performance et les donn茅es satellitaires pour comprendre l'impact des extr锚mes climatiques et des feux de for锚t sur les ressources en eau, et t茅moigne de la n茅cessit茅 cruciale d'une participation pleine et 茅gale des femmes au d茅veloppement.
"Nos m猫res et nos filles m茅ritent un monde meilleur, sans violence, dans lequel elles pourront s'茅panouir et utiliser leurs talents et leur extraordinaire potentiel pour contribuer au d茅veloppement de nos pays", dit-elle.听
Rachida, 26 ans, militante des m茅dias sociaux
Rachida Mamadou Oumarou g猫re plusieurs pages de m茅dias sociaux tr猫s connues du public f茅minin et compte 20 000 adeptes sur sa seule page Facebook personnelle. Mais ne l'appelez pas une influenceuse - ce qui motive Rachida, c'est sa mission de donner aux femmes et aux filles les outils dont elles ont besoin pour r茅ussir. L'une de ses pages, Matan Niger (Femmes du Niger), m茅lange des contenus sur la beaut茅, la culture et la sant茅 avec des messages sur l'茅galit茅 des sexes et des informations sur les droits et les int茅r锚ts des femmes.
"Dans tout ce que je fais, je me vois contribuer 脿 un meilleur avenir pour toutes les filles et les femmes de mon pays, car nous sommes son avenir", dit-elle. "C'est l'un de mes plus grands r锚ves que d'aider les femmes 脿 comprendre la violence et les probl猫mes qui les touchent, afin que nous puissions am茅liorer leur vie 脿 tous les niveaux".
Nourratou, 24 ans et Fatouma, 25 ans, po猫tes slameuse
Norratou Oumarou Hega et Hama Daouda Fatouma - plus connues sous les noms de Nourath Nourath et Fa.2.Maths.A - sont deux artistes slam de Niamey. Les deux amies utilisent les slams pour discuter de sujets souvent consid茅r茅s comme tabous au Niger, comme le viol et les mutilations g茅nitales f茅minines (MGF).
Nourratou a repr茅sent茅 le Niger 脿 plusieurs reprises dans des festivals internationaux, notamment au Togo et au Burkina Faso, et travaille actuellement 脿 la publication d'un recueil de po茅sie slam intitul茅 "Mon miroir, ma d茅tresse", qui traite des th猫mes de la violence sexuelle, du mariage des enfants et d'autres questions touchant les filles au Niger.
Fatoumata a 茅galement 茅t茅 reconnue pour sa forme d'art, en remportant la deuxi猫me 茅dition de la National Slam Poetry Cup l'ann茅e derni猫re. "Je vois la po茅sie slam comme une th茅rapie. Imaginez 脿 quel point il est peu conventionnel pour une jeune femme de mon 芒ge de s'exprimer 脿 travers un art vocal, de parler des abus et de la violence 脿 un public majoritairement masculin et d'avoir toute leur attention.听
"Nous avons aussi des filles dans le public, qui soit s'informent sur la violence et les questions connexes, soit trouvent un soutien dans nos paroles et comprennent qu'elles ne sont pas les seules 脿 subir une violence cach茅e... Gr芒ce 脿 la po茅sie slam, nous pouvons surmonter l'ignorance car l'ignorance fait beaucoup de mal".
L'initiative Spotlight s'est associ茅e au gouvernement du Niger pour pr茅venir les mariages d'enfants et la violence sexiste par des activit茅s de sensibilisation, la mobilisation des communaut茅s, l'茅ducation des filles, le soutien institutionnel et l'engagement des chefs religieux et traditionnels.
Par Fatou Binetou Dia. Photos: Spotlight Initiative Niger/Mr Luuf
