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Apr猫s avoir pass茅 en revue une nouvelle d茅cennie de "mauvais r茅sultats 茅conomiques" en Afrique, un groupe de r茅flexion ind茅pendant a appel茅 l'ONU 脿 soutenir de tout son poids la strat茅gie 茅labor茅e par les dirigeants africains, 脿 savoir le Nouveau Partenariat pour le d茅veloppement de l'Afrique (NEPAD). "Ce que nous disons est simple", a d茅clar茅 M. Kwesi Botchwey, pr茅sident du groupe, 脿 une conf茅rence de presse tenue le 11 juin au Si猫ge de l'ONU. "L'Afrique ne peut faire de progr猫s que si ses ressortissants prennent en mains les politiques de d茅veloppement. L'Afrique et les Africains doivent d茅cider des politiques 脿 mener."

Les r茅cents accords internationaux visant 脿 promouvoir la paix et le d茅veloppement en Afrique ont dans l'ensemble 茅chou茅, conclut le groupe dans son rapport, notant que quelque 80 millions d'Africains de plus vivent aujourd'hui dans la pauvret茅 qu'au d茅but des ann茅es 90. Lorsque l'Assembl茅e g茅n茅rale des Nations Unies se r茅unira en septembre pour 茅valuer le Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le d茅veloppement de l'Afrique dans les ann茅es 90 (NADAF), elle ne devrait pas n茅gocier un autre accord international mais plut么t envisager d'appuyer le NEPAD, a recommand茅 le groupe.

Pour que le programme 茅labor茅 par l'Afrique elle-m锚me ait plus de chance de r茅ussir que les initiatives pass茅es, soutient le groupe, les pays riches doivent accro卯tre leur aide, accorder un all茅gement plus substantiel de la dette et ouvrir leurs march茅s aux exportations africaines. L'ONU elle-m锚me devra accro卯tre et mieux coordonner son appui 脿 l'Afrique. Quant aux gouvernements africains, ils doivent redoubler d'efforts pour mettre fin aux conflits arm茅s et d茅mocratiser davantage leurs soci茅t茅s. "Les engagements doivent 锚tre tenus de part et d'autre", dit M. Botchwey.

Le Secr茅taire g茅n茅ral de l'ONU, Kofi Annan, a nomm茅 en ao没t 2001 un groupe de personnalit茅s 茅minentes charg茅 de proc茅der 脿 l'茅valuation ind茅pendante du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le d茅veloppement de l'Afrique. Ce groupe, qui comprend une douzaine de personnes connaissant tr猫s bien les questions relatives 脿 l'Afrique et au d茅veloppement, est dirig茅 par M. Botchwey, ancien Ministre ghan茅en des finances (1982-1995) et actuellement directeur de la recherche et des programmes sur l'Afrique au Centre de d茅veloppement international de l'Universit茅 Harvard. Le groupe et une petite 茅quipe de consultants ont interrog茅 plus de 300 personnes dans une douzaine de pays africains et dans les capitales de certains pays donateurs.

Des engagements non tenus

Dans l'ensemble, dit M. Botchwey, les r茅sultats des 茅conomies africaines au cours de la d茅cennie couverte par le Nouvel Ordre du jour "ont 茅t茅 n茅gatifs". Les causes en sont 脿 la fois ext茅rieures et int茅rieures. "La d茅cennie s'est caract茅ris茅e par une forte d茅t茅rioration des termes de l'茅change", dit-il. "Les flux de ressources qui devaient permettre d'acc茅l茅rer la croissance de la r茅gion ne se sont pas concr茅tis茅s. Les engagements pris par les donateurs n'ont pas 茅t茅 tenus."

Kwesi Botchwey

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Photo : 漏ONU / Even Scheider

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Pour mettre en place les conditions 茅conomiques minimales n茅cessaires au d茅veloppement et 脿 la r茅duction de la pauvret茅, le Nouvel Ordre du jour avait fix茅 comme objectif un taux de croissance 茅conomique annuelle moyen d'au moins 6 %. Or, pendant une grande partie de la d茅cennie, la croissance annuelle moyenne en Afrique n'a 茅t茅 que de 3 %, "r茅sultat tr猫s d茅cevant", selon le groupe听

Les auteurs du Nouvel Ordre du jour avaient estim茅 que pour atteindre le taux de 6 %, les pays donateurs devraient fournir au moins 30 milliards de dollars d'aide publique au d茅veloppement (APD) nette en 1992, et que l'APD devrait ensuite augmenter de 4 % en moyenne par an. Or, l'aide 脿 l'Afrique a chut茅 de 28,6 milliards de dollars en 1990 脿 16,4 milliards de dollars en 2000, soit une baisse de 43 %听.

Alors que le commerce mondial a connu une croissance rapide pendant la d茅cennie, les exportations de produits africains n'ont augment茅 que tr猫s faiblement. Cela s'explique en partie par le fait que les 茅conomies africaines ont continu茅 de d茅pendre d'un nombre restreint de produits primaires d'exportation alors que la croissance du commerce mondial 茅tait essentiellement due aux secteurs des services et des produits manufactur茅s.

Le Nouvel Ordre du jour pr茅voyait un fonds de diversification pour aider les pays africains 脿 diversifier leur production et leurs exportations. Ce fonds de diversification, a fait remarquer M. Botchwey, "n'a en fait pas 茅t茅 mis en place".

Loin de pouvoir appliquer leurs propres politiques, les gouvernements africains ont 茅t茅 contraints par les institutions financi猫res internationales d'adopter d'autres mesures d'ajustement structurel 颅 lib茅ralisation tous azimuts, privatisation et autres r茅formes ax茅es sur le march茅. Ces mesures ont permis d'am茅liorer quelque peu la situation macro茅conomique sur le continent, en particulier de r茅duire l'inflation. Toutefois, dit M. Botchwey, "la stabilit茅 macro茅conomique 脿 court terme a 茅t茅 assur茅e au d茅triment de la croissance et de la transformation structurelle 脿 long terme".

Une gestion "chaotique"

Des facteurs internes ont 茅galement contribu茅 aux mauvais r茅sultats 茅conomiques, reconna卯t le groupe. La crise 茅conomique sur le continent a 茅t茅 aggrav茅e par "le despotisme et la corruption", ainsi que par la prolif茅ration des guerres et des troubles civils. "La gestion 茅conomique et politique a 茅t茅 tr猫s chaotique", dit M. Botchwey.

Sur une note plus positive, nombreux sont les pays africains qui ont fait d'茅normes efforts pour d茅mocratiser leur syst猫me politique pendant les ann茅es 90. "Les 茅lections libres deviennent de plus en plus la r猫gle plut么t que l'exception", note M. Botchwey. Les organisations de la soci茅t茅 civile se sont d茅velopp茅es dans la plupart des pays du continent. La transformation de l'Organisation de l'unit茅 africaine en la nouvelle Union africaine ainsi que d'autres initiatives r茅gionales traduisent la volont茅 croissante des pays africains de mieux coordonner et int茅grer leurs 茅conomies, syst猫mes de transport et relations politiques.

En ce qui concerne la dimension humaine du d茅veloppement de l'Afrique, les r茅sultats ont, d'apr猫s le groupe, 茅t茅 "mitig茅s" pendant la p茅riode couverte par le Nouvel ordre du jour :

-- Le taux d'inscription dans l'enseignement primaire et secondaire a l茅g猫rement augment茅 par rapport aux ann茅es 80. Toutefois, cette am茅lioration n'a pas suffi 脿 compenser les mauvais r茅sultats de la d茅cennie pr茅c茅dente. En outre, "dans les pays appliquant des programmes d'ajustement, les gouvernements ont 茅t茅 oblig茅s de r茅duire les budgets d茅j脿 modiques consacr茅s 脿 l'茅ducation et les prestations aux familles".

-- Pendant les ann茅es 90 et au d茅but de la d茅cennie en cours, de grandes 茅pid茅mies, en particulier celle du VIH/sida, ont mis 脿 rude 茅preuve les syst猫mes de sant茅 de la plupart des pays d'Afrique. Les gouvernements ont r茅duit les budgets de sant茅 d茅j脿 insuffisants et font supporter la plus grande partie du co没t des soins de sant茅 aux populations plut么t qu'aux services publics. Cependant, fait observer le groupe, en avril 2001, les pays africains se sont engag茅s 脿 allouer 15% de leurs budgets annuels 脿 l'am茅lioration du secteur de la sant茅.

-- Partout en Afrique, les femmes ont 茅tabli des r茅seaux et des partenariats en vue d'am茅liorer leurs conditions de vie et de tirer le meilleur parti des possibilit茅s qui s'offrent 脿 elles. Cons茅quence: on commence 脿 tenir compte des questions d'茅quit茅 entre les sexes dans les politiques, programmes et proc茅dures administratives et financi猫res en Afrique. N茅anmoins, les femmes continuent d'锚tre sous-repr茅sent茅es dans les parlements et les autres organes de d茅cision, et le taux de scolarisation des filles est souvent tr猫s inf茅rieur 脿 celui des gar莽ons.

Enseignements 脿 tirer

Afin de d茅terminer les conditions de r茅ussite de toute initiative future de d茅veloppement de l'Afrique, le groupe a tir茅 des enseignements du bilan de la derni猫re d茅cennie. Certains pays africains ont, en fait, joui d'une paix relative, de politiques de d茅veloppement judicieuses et d'un meilleur appui international, indique le rapport, preuve que des progr猫s sont possibles si ces conditions sont r茅unies.

Assurer la paix et la s茅curit茅 doit 锚tre "la premi猫re responsabilit茅 et la priorit茅 absolue des pays africains, 脿 titre individuel et collectif", conclut le groupe.

Etant donn茅 les insuffisances des programmes 茅conomiques impos茅s de l'ext茅rieur, le groupe estime que chaque pays africain "doit concevoir sa propre strat茅gie de d茅veloppement". Les donateurs et les institutions financi猫res internationales devraient, pour leur part, "ne pas se contenter de discours sur la ma卯trise par les Africains de leur situation... La d茅mocratie est compromise lorsque les gouvernements africains 茅lus se voient imposer des politiques de l'ext茅rieur, sans que leurs institutions d茅mocratiques aient le choix".

Par ailleurs, les donateurs doivent honorer leurs engagements. "Les Africains reconnaissent que l'am茅lioration de la gouvernance est indispensable au d茅veloppement 茅conomique", explique le groupe. "Les donateurs doivent aussi tenir les promesses qu'ils font en mati猫re d'aide financi猫re." Ils devraient en particulier :

• acc茅l茅rer et accro卯tre l'all茅gement de la dette, y compris "l'annulation compl猫te de la dette pour les pays qui ont mis en oeuvre des politiques judicieuses et un environnement d茅mocratique transparent";
• permettre effectivement l'acc猫s des produits africains 脿 leur march茅;
• accro卯tre l'aide "sans conditionnalit茅s", 脿 l'exception de celles que les pays eux-m锚mes adoptent comme crit猫res de r茅sultats.

Il est 茅galement important de continuer 脿 "plaider en faveur du d茅veloppement de l'Afrique". Le groupe a lou茅 les efforts que fait l'ONU pour pr茅senter la situation de l'Afrique dans les conf茅rences mondiales et pour maintenir 脿 l'ordre du jour de la communaut茅 internationale les probl猫mes de l'Afrique. Cependant, ajoute-t-il, l'ONU doit accro卯tre l'efficacit茅 et l'utilit茅 de ses propres activit茅s en faveur de l'Afrique.

En recommandant que l'ONU appuie le NEPAD, le groupe a reconnu que le nouveau programme africain est fragile et qu'il doit encore se traduire par des politiques nationales ou r茅gionales. Et surtout, l'Afrique est fortement tributaire de l'aide ext茅rieure pour r茅aliser certaines de ses aspirations. Les donateurs, soutient le groupe, devraient r茅affirmer "leur engagement aux c么t茅s des dirigeants de l'Afrique et 茅viter de revenir aux conditionnalit茅s d'antan qui ont 茅t茅 nuisibles dans le pass茅".

Les principaux pays donateurs proc猫dent d茅j脿 脿 des "茅valuations r茅ciproques" en vue de mieux surveiller leurs politiques et leurs pratiques en mati猫re d'aide. Le groupe a recommand茅 que le champ de ces 茅valuations soit 茅tendu 脿 toutes les politiques touchant l'Afrique, "en particulier celles relatives au commerce et 脿 l'agriculture". En outre, pour que les b茅n茅ficiaires d'aide se fassent entendre, il est 茅galement propos茅 que les pays africains participent 脿 l'茅valuation des donateurs.

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Le Nouvel ordre du jour des Nations Unies pour le d茅veloppement de l'Afrique (NADAF)

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Le Nouvel ordre du jour des Nations Unies pour le d茅veloppement de l'Afrique dans les ann茅es 90 a 茅t茅 adopt茅 par l'Assembl茅e g茅n茅rale des Nations Unies en d茅cembre 1991. Il se composait d'un ensemble d'engagements mutuels pris par les pays africains et la communaut茅 internationale. Il avait pour objectif d'acc茅l茅rer la transformation, l'int茅gration et la diversification des 茅conomies africaines, de r茅duire leur vuln茅rabilit茅 face aux chocs ext茅rieurs, et de renforcer leur place au sein de l'茅conomie mondiale ainsi que leur autonomie. Dans le cadre du Nouvel ordre du jour, l'Afrique et la communaut茅 internationale avaient convenu de :

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Les pays africains

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La communaut茅
internationale

-- effectuer des r茅formes 茅conomiques et am茅liorer la gestion de leur 茅conomie nationale

-- promouvoir la coop茅ration et l'int茅gration 茅conomiques r茅gionales et sous-r茅gionales

-- intensifier le processus de d茅mocratisation

-- instaurer un ensemble de politiques favorables aux investissements priv茅s 茅trangers et nationaux

-- am茅liorer le respect des droits de l'homme, le niveau de vie, l'aide 脿 l'enfance et l'茅galisation des chances offertes aux femmes

-- promouvoir un d茅veloppement qui soit durable sur le plan de l'environnement

- am茅liorer les politiques agricoles et la s茅curit茅 alimentaire

-- prendre des mesures "novatrices et audacieuses" pour apporter une solution durable 脿 la crise de l'endettement en Afrique

-- augmenter les flux de ressources en direction de l'Afrique, et s'efforcer d'atteindre l'objectif international consistant 脿 consacrer 0,7 % du PNB des pays donateurs 脿 l'aide publique au d茅veloppement

-- aider les pays africains 脿 diversifier leurs exportations de marchandises et 脿 augmenter leurs recettes 脿 l'exportation

-- r茅duire consid茅rablement ou supprimer les obstacles tarifaires ou non tarifaires auxquels se heurtent les exportations africaines

-- soutenir les efforts de l'Afrique en mati猫re d'int茅gration 茅conomique r茅gionale.