19 mars 2020

19 mars 2020 ¡ª Alors que la barre des 200 000 cas confirm¨¦s de COVID-19 est franchie, que plus de 8 000 personnes ont d¨¦j¨¤ succomb¨¦ ¨¤ la maladie et qu¡¯une r¨¦cession mondiale se profile, la solidarit¨¦ est plus que jamais de mise pour r¨¦pondre ¨¤ cette crise qui touche tous les pans des soci¨¦t¨¦s, ¨¤ commencer par les plus vuln¨¦rables. Tel est l¡¯appel qu¡¯a lanc¨¦ jeudi le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯ONU, demandant d¡¯urgence une action politique ? coordonn¨¦e, d¨¦cisive et innovante ? de la part des principales ¨¦conomies du monde.

? Nous sommes confront¨¦s ¨¤ une crise sanitaire mondiale de la sant¨¦ sans pr¨¦c¨¦dent dans l'histoire de 75 ans des Nations Unies - une crise qui propage la souffrance humaine, infecte l'¨¦conomie mondiale et bouleverse la vie des gens ?, a soulign¨¦ Ant¨®nio Guterres. A ses yeux, ? il s'agit avant tout d'une crise humaine qui appelle ¨¤ la solidarit¨¦ ?.

Observant que, partout, ? les gens souffrent, sont malades et ont peur ?, il n¡¯a pas cach¨¦ que cette pand¨¦mie aurait un prix social et ¨¦conomique consid¨¦rable. ? L¡¯Organisation internationale du Travail (OIT) vient de signaler que les travailleurs du monde entier pourraient perdre jusqu'¨¤ 3 400 milliards de dollars de revenus d'ici la fin de cette ann¨¦e ?, a-t-il d¨¦clar¨¦, non sans anticiper d¡¯ores et d¨¦j¨¤ que les pays les plus pauvres et les personnes les plus vuln¨¦rables ? seront les plus durement touch¨¦s ?.

Un avertissement qui faisait ¨¦cho ¨¤ celui lanc¨¦ mercredi par Guy Ryder, Directeur g¨¦n¨¦ral de l¡¯OIT, selon lequel jusqu'¨¤ 25 millions de personnes pourraient perdre leur emploi en raison des effets de la pand¨¦mie, contre 22 millions lors de la crise financi¨¨re mondiale de 2008.

Dans ce contexte de guerre, o¨´ ? les r¨¦ponses actuelles, au niveau des pays, ne r¨¦pondent pas ¨¤ l'ampleur et la complexit¨¦ mondiales de la crise ?, M. Guterres a salu¨¦ la d¨¦cision des dirigeants du G20 de convoquer un sommet d'urgence, la semaine prochaine, pour r¨¦pondre aux d¨¦fis pos¨¦s par la pand¨¦mie de COVID-19, et s¡¯est r¨¦joui d¡¯y participer.

Trois domaines d¡¯action critiques

Face au coronavirus, d¨¦sign¨¦ comme ? l¡¯ennemi commun ?, et ¨¤ une situation sans pr¨¦c¨¦dent ? o¨´ les r¨¨gles normales ne s¡¯appliquent plus ?, le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral a voulu voir une ? opportunit¨¦ unique ? dans la gestion de cette crise plan¨¦taire. ? Nous pouvons orienter la reprise vers une voie plus durable et inclusive ?, a-t-il plaid¨¦, avertissant toutefois que des politiques mal coordonn¨¦es risqueraient de renforcer les in¨¦galit¨¦s, d¡¯inverser les gains de d¨¦veloppement et d¡¯aggraver la pauvret¨¦.

 

? La solidarit¨¦ mondiale n'est pas seulement un imp¨¦ratif moral, elle est dans l'int¨¦r¨ºt de tous. ?

 

Pour aider la communaut¨¦ mondiale ¨¤ saisir cette opportunit¨¦, M. Guterres a d¨¦fini trois ? domaines d¡¯action critiques ?. S¡¯agissant de l¡¯urgence sanitaire, domaine prioritaire, il a exhort¨¦ les gouvernements ¨¤ soutenir sans r¨¦serve l'effort multilat¨¦ral de lutte contre le virus men¨¦ par l'Organisation mondiale de la Sant¨¦ (OMS). ? La solidarit¨¦ mondiale n'est pas seulement un imp¨¦ratif moral, elle est dans l'int¨¦r¨ºt de tous ?, a-t-il soutenu.

La deuxi¨¨me priorit¨¦ est, selon lui, de se concentrer sur l¡¯impact social et la r¨¦cup¨¦ration ¨¦conomique. Contrairement ¨¤ la crise financi¨¨re de 2008, l'injection de capitaux dans le seul secteur financier ? n'est pas la r¨¦ponse ?, a fait valoir le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral. L¡¯accent doit cette fois ¨ºtre mis sur les personnes, ? les travailleurs les plus vuln¨¦rables et ¨¤ bas salaires ?, et sur les petites et moyennes entreprises.

? Cela signifie soutien salarial, assurance, protection sociale, pr¨¦vention des faillites et des pertes d'emplois. Cela signifie ¨¦galement concevoir des r¨¦ponses fiscales et mon¨¦taires pour garantir que le fardeau ne p¨¨se pas sur ceux qui en ont le moins les moyens ?, a-t-il poursuivi, souhaitant que l¡¯on mette les ressources ? directement entre les mains des gens ?. Il a aussi salu¨¦ les pays qui prennent des initiatives de protection sociale telles que les transferts en esp¨¨ces et le revenu universel.

Le tribut pay¨¦ par les femmes et les enfants

Il importe par ailleurs de lutter contre les effets de cette crise sur les femmes, lesquelles ? portent de mani¨¨re disproportionn¨¦e le fardeau ¨¤ la maison et dans l¡¯¨¦conomie en g¨¦n¨¦ral ?, a encore pr¨¦conis¨¦ le Chef de l¡¯ONU, en rappel des

En effet, les femmes jouent non seulement un r?le majeur dans la r¨¦ponse ¨¤ la maladie, notamment en tant que soignantes de premi¨¨re ligne, mais elles sont aussi les plus durement touch¨¦es par les impacts ¨¦conomiques tels que ceux qu¡¯entra?ne la COVID-19. De plus, elles ont souvent un travail pr¨¦caire et les perturbations peuvent les emp¨ºcher de subvenir aux besoins fondamentaux de leur famille, comme cela a ¨¦t¨¦ le cas lors de la crise d'Ebola, a indiqu¨¦ l¡¯agence onusienne, mettant ¨¦galement en garde contre les violences domestiques li¨¦es au confinement des m¨¦nages.

Fillette se lavant les mains.

Les enfants paient, eux aussi, un lourd tribut ¨¤ cette crise, a constat¨¦ M. Guterres. ? Actuellement, plus de 800 millions d'enfants ne sont pas scolaris¨¦s, dont beaucoup d¨¦pendent de l'¨¦cole pour leur seul repas ?, a-t-il d¨¦plor¨¦. Selon lui, il faut particuli¨¨rement ? veiller ¨¤ ce que tous les enfants aient acc¨¨s ¨¤ la nourriture et ¨¤ un acc¨¨s ¨¦gal ¨¤ l'apprentissage, en r¨¦duisant la fracture num¨¦rique et en r¨¦duisant les co?ts de connectivit¨¦ ?.

A cette fin, l¡¯Organisation des Nations Unies pour l'¨¦ducation, la science et la culture (UNESCO) a lanc¨¦ mercredi une Coalition mondiale COVID-19 pour l'¨¦ducation r¨¦unissant des partenaires multilat¨¦raux et le secteur priv¨¦, dont Microsoft et le Global System for Mobile Communications (GSMA). Son objectif : aider les pays ¨¤ d¨¦ployer des syst¨¨mes d'apprentissage ¨¤ distance susceptibles de minimiser les perturbations dans l¡¯¨¦ducation et de permettre de maintenir le contact social avec les apprenants.

? Au-del¨¤ de l¡¯urgence, cet effort est l'occasion de repenser l'¨¦ducation, de d¨¦velopper l'apprentissage ¨¤ distance et de rendre les syst¨¨mes ¨¦ducatifs plus r¨¦silients, plus ouverts et plus innovants ?, a assur¨¦ la Directrice g¨¦n¨¦rale de l¡¯UNESCO, Audrey Azoulay, indiquant que la fermeture des ¨¦coles et universit¨¦s a ¨¦t¨¦ instaur¨¦e au plan national dans 102 pays et au plan local dans 11 autres.

R¨¦cup¨¦rer mieux de cette crise

D¡¯une mani¨¨re g¨¦n¨¦rale, a ajout¨¦ M. Guterres, un soutien de base aux programmes pour les plus vuln¨¦rables doit ¨ºtre maintenu, notamment par le biais de plans d'intervention humanitaire et de coordination des r¨¦fugi¨¦s sous l¡¯¨¦gide des Nations Unies. ? Les besoins humanitaires ne doivent pas ¨ºtre sacrifi¨¦s ?, a-t-il martel¨¦.

Enfin, le troisi¨¨me imp¨¦ratif est de ? r¨¦cup¨¦rer mieux ? de cette crise mondiale que de la pr¨¦c¨¦dente, en veillant notamment ¨¤ ce qu¡¯elle constitue un ? tournant d¨¦cisif pour la pr¨¦paration aux urgences sanitaires et pour l'investissement dans les services publics essentiels du XXIe si¨¨cle et la fourniture efficace de biens publics mondiaux ?.

L'ONU, avec son r¨¦seau mondial de bureaux de pays, ? appuiera tous les gouvernements pour faire en sorte que l'¨¦conomie mondiale et les personnes que nous servons sortent plus forts de cette crise ?, a promis le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral, apr¨¨s avoir rappel¨¦ que la communaut¨¦ internationale dispose d¡¯un ? cadre d'action ? avec le Programme de d¨¦veloppement durable ¨¤ l¡¯horizon 2030 et l'Accord de Paris sur le changement climatique.

? Plus que jamais auparavant, nous avons besoin de solidarit¨¦, d'espoir et de volont¨¦ politique pour mener ¨¤ bien cette crise ?, a conclu M. Guterres.

? Une crise humaine qui fait appel ¨¤ notre solidarit¨¦ ? (19 mars 2020)