Al-Mouthana Alabdullah a commenc¨¦ sa carri¨¨re ¨¤ l¡¯?ge de 18 ans, en travaillant d¡¯abord avec le Croissant-Rouge arabe syrien. Un ¨¦v¨¦nement tragique l¡¯a conduit au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) :
Quel est votre r?le au sein d¡¯OCHA ?
Je suis le Chef du bureau auxiliaire d¡¯OCHA ¨¤ Deir ez-zor, en Syrie. J¡¯ai rejoint OCHA l¡¯ann¨¦e derni¨¨re et je me souviens tr¨¨s bien de mon premier jour.
C¡¯¨¦tait le 6 f¨¦vrier 2023, le jour o¨´ un tremblement de terre meurtrier a frapp¨¦ la r¨¦gion. Le bureau venait d¡¯¨ºtre cr¨¦¨¦ et pendant cette premi¨¨re ann¨¦e, je l¡¯ai g¨¦r¨¦ moi-m¨ºme.
J¡¯ai quitt¨¦ Deir ez-zor lorsque la crise a commenc¨¦ en 2011. Le conflit ¨¦tait devenu si grave que c¡¯¨¦tait le seul moyen pour moi de poursuivre mes ¨¦tudes et de trouver de meilleures opportunit¨¦s de travail, et c¡¯est ¨¤ ce moment-l¨¤ que j¡¯ai d¨¦m¨¦nag¨¦ ¨¤ Al-Hasakah, o¨´ j¡¯ai ¨¦galement commenc¨¦ ma carri¨¨re humanitaire.
Malheureusement, ¨¤ ce jour, Deir ez-zor est toujours l¡¯une des r¨¦gions les plus touch¨¦es du pays.
La crise en Syrie a d? vous peser lourd¡
J¡¯ai perdu mon fr¨¨re en 2022 et, en tant que seul autre fils, je suis devenu responsable de mes parents et de ma famille qui, contrairement ¨¤ moi, n¡¯ont jamais quitt¨¦ Deir ez-zor.
Gr?ce ¨¤ ce poste ¨¤ OCHA, je peux enfin ¨ºtre ¨¤ nouveau proche d¡¯eux. Perdre mon fr¨¨re a ¨¦t¨¦ la chose la plus difficile que j¡¯aie jamais v¨¦cue, et rien ne peut se comparer ¨¤ ce genre de souffrance, pas m¨ºme le retour ¨¤ Deir ez-zor et la vie dans une zone de conflit.
Au d¨¦but, c¡¯¨¦tait parfois accablant. J¡¯avais de grandes responsabilit¨¦s ¨¤ assumer tout en ¨¦tant constamment expos¨¦ aux bombardements et aux attaques de drones ou de roquettes.
Comme beaucoup de mes coll¨¨gues syriens, je sais exactement ce que c¡¯est que de perdre sa maison, ses moyens de subsistance, ses proches. Et c¡¯est pourquoi aider les autres est devenu ma vocation.
Maintenant, j¡¯ai ma propre famille. Ma femme et mon enfant de quatre ans sont rest¨¦s ¨¤ Hassak¨¦. C'est pour moi l'aspect le plus difficile de mon travail, car je dois me partager entre Deir ez-zor et Al-Hasakah.
Je suis tr¨¨s reconnaissant du soutien que je re?ois de ma direction. Ils sont conscients de ma situation et facilitent mes d¨¦placements dans la mesure du possible.
Et je suis ¨¦galement reconnaissant ¨¤ ma femme d'avoir ¨¦t¨¦ si compr¨¦hensive ¨¤ l'¨¦gard de mes devoirs familiaux et de m'avoir permis de vivre pr¨¨s de mes parents.
Votre positivit¨¦ et votre r¨¦silience sont remarquables. Quels conseils donneriez-vous ¨¤ des coll¨¨gues qui vivent dans une situation de crise comme vous ?
N'oubliez jamais que votre famille est ¨¦galement votre syst¨¨me de soutien et une source d'¨¦nergie qui vous motive ¨¤ rester positif et ¨¤ faire preuve de r¨¦silience.
De plus, maintenir un flux de communication ouvert et honn¨ºte avec vos coll¨¨gues fait une ¨¦norme diff¨¦rence.
N'oubliez pas que m¨ºme ceux qui occupent des postes d'autorit¨¦ sont humains et subissent le m¨ºme stress et la m¨ºme pression que vous.