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Des crieurs publics et troubadours sensibilisent à la COVID-19 dans les campagnes du Tchad

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Des crieurs publics et troubadours sensibilisent à la COVID-19 dans les campagnes du Tchad

29 Avril 2020
Auteur: 
A town crier in Baga Sola (Lake Chad) informs communities in remote areas on the COVID-19.
IOM
Un crieur public à Baga Sola (Lac Tchad) informe les communautés des régions isolées sur la COVID-19.

Au Tchad, pays enclavé d'Afrique centrale, plus de 70 pour cent de la population est rurale et a un accès limité aux canaux d'information numériques. Bon nombre de ces communautés sont «déconnectées» de la couverture radio et de la téléphonie mobile, ce qui les exclut des messages de sensibilisation essentiels sur la COVID-19.

Pour faire face à cette difficulté et renforcer la sécurité sanitaire au niveau local, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Tchad a récemment établi un partenariat avec les troubadours traditionnels locaux pour s'assurer que les communautés les plus rurales du pays soient informées sur la transmission de la COVID-19 et les mesures préventives.

Plus de 80 troubadours ont été identifiés grâce aux réseaux de l'OIM dans huit régions, où l'Organisation est déjà présente. Ils ont été formés et préparés par l'OIM qui leur a transmis des messages clés à partager avec les communautés dans les langues locales. Les troubadours se déplacent traditionnellement à dos d’âne, de cheval ou de chameau d'une communauté à l'autre, partageant des informations relatives aux actualités de la communauté.

« Dans diverses communautés rurales du Tchad, les troubadours sont considérés comme des gardiens de l'information. En tant que tels, ils peuvent jouer un rôle important dans la diffusion d'informations clés dans les zones difficiles d’accès », a déclaré Anne Kathrin Schaefer, chef de mission de l'OIM au Tchad.

«Les crieurs publics et les troubadours font partie de la vie de cette communauté», a expliqué un crieur de Baga-Sola, une ville située au bord du lac Tchad à l'ouest du pays. «Rien ne se passe ici sans que je n’en sois informé et que j'en informe les autres. Beaucoup de femmes ne sortent pas de chez elles pendant la journée mais quand elles m'entendent arriver, elles se précipitent pour m'écouter», a-t-il ajouté.

L'homme parcourt Baga-Sola, vêtu d’une longue robe de caftan flottant dans le vent poussiéreux. Equipé d’un mégaphone assorti, il s’écrie, comme à l'époque romaine, «oyez, oyez», dans son équivalent tchadien.

«Le coronavirus est une maladie dangereuse. Nous avons entendu dire que la pandémie touchait le monde entier sauf nous. Aujourd'hui, la maladie est là. Nous devons avoir de bonnes habitudes d'hygiène et nous laver les mains, ne pas nous saluer, et si vous allez aux toilettes, lavez-vous les mains avec du savon», scande-t-il en dialecte kanembou, «si vous êtes à la maison, assurez-vous de montrer les bonnes habitudes à vos enfants. Avant et après avoir mangé, lavez-vous les mains avec du savon.»

Depuis l'apparition de la COVID-19, 33 cas ont été confirmés au Tchad, sans décès répértorié. Outre la communication des risques et l'engagement communautaire, l'OIM soutient la réponse nationale du Tchad à la maladie par la gestion et l'équipement des points d'entrée, la protection et l'assistance aux migrants en transit, et la distribution de kits d'aide non alimentaire qui comprennent des articles d'hygiène tels que de l'eau et du savon pour les personnes déplacées dans la région du lac touchée par le conflit.