51吃瓜

Recherche d鈥檈mploi 脿 Monrovia (Lib茅ria) : Les pays qui sortent de la guerre doivent offrir des emplois aux jeunes d茅soeuvr茅s pour emp锚cher le retour aux hostilit茅s.

Photo: Associated Press / Saurabh Das

C鈥檈st gr芒ce 脿 un pr锚t modique de l鈥檕rdre de 100 dollars d鈥檜ne banque de microfinancement locale soutenue par l鈥橭NU que Mojamah, 脿 peine rentr茅e chez elle 脿 Kenema (Sierra Leone) apr猫s la guerre civile, a pu monter une entreprise de confection de robes pour subvenir aux besoins des six membres de sa famille.

Au Lib茅ria voisin, Amelia, m猫re c茅libataire de cinq enfants, a contract茅 un pr锚t de 83 dollars pour agrandir son entreprise de concassage de rochers utilis茅s aux travaux de construction de routes. Le pr锚t, accord茅 par le Fonds africain pour la paix constitu茅 par la Communaut茅 茅conomique r茅gionale des Etats de l鈥橝frique de l鈥橭uest (CEDEAO), l鈥檃 si bien d茅pann茅e qu鈥檈lle en a demand茅 un deuxi猫me, d鈥檜n montant de 200 dollars, pour embaucher d鈥檃utres personnes au dynamitage des rochers, lui permettant ainsi de satisfaire la demande croissante li茅e aux travaux de reconstruction.

La garantie de moyens de subsistance d茅cents et viables aux populations pauvres d鈥橝frique est au c艙ur des projets de d茅veloppement du continent et constitue l鈥檕bjectif supr锚me du Nouveau Partenariat pour le d茅veloppement de l鈥橝frique (NEPAD) adopt茅 en 2001 par les dirigeants africains.

La r茅installation des r茅fugi茅s et des d茅plac茅s ainsi que la d茅mobilisation et la r茅int茅gration des combattants ont 茅t茅 les premi猫res priorit茅s des nouveaux gouvernements 茅lus en Sierre Leone comme au Lib茅ria. Etant donn茅 le nombre tr猫s important de jeunes d茅favoris茅s et d茅s艙uvr茅s dans les bandes arm茅es qui avaient mis les deux pays 脿 feu et 脿 sang, ces deux pays 茅taient conscients des graves cons茅quences qu鈥檈ntra卯nerait la p茅nurie d鈥檈mplois pour la population de 15 脿 35 ans. L鈥櫭﹒uation est simple. 鈥淪鈥檌ls ont le choix, ils ne se battront pas鈥�, affirme Andrea Tamagnini, responsable de la branche de r茅int茅gration, de reconstruction et de rel猫vement de la Mission de l鈥橭NU au Lib茅ria (MINUL).

A pr茅sent, la cr茅ation d鈥檈mplois, notamment pour les jeunes, est au centre des programmes de r茅duction de la pauvret茅 mis en place au Lib茅ria et en Sierra Leone. Les deux pays ont connu une croissance r茅guli猫re ces derni猫res ann茅es, mais les perspectives 茅conomiques ne sont pas encourageantes. De ce fait, le taux de ch么mage et de sous-emploi, pour ceux r茅mun茅r茅s au niveau du seuil de pauvret茅, demeure 茅lev茅, 脿 environ 70 脿 80% de la totalit茅 de la main d鈥櫯搖vre. La cr茅ation d鈥檈mplois pour tous, pas seulement pour les ex-combattants, est pourtant indispensable au maintien de la paix et de la stabilit茅.

Emplois d鈥檜rgence

Environ 70 000 ex-combattants en Sierra Leone et plus de 100 000 au Lib茅ria, ainsi que de nombreux d茅plac茅s, ont particip茅 aux programmes de d茅sarmement, de d茅mobilisation et de r茅int茅gration (DDR). L鈥檃ide a 茅t茅 livr茅e sous des formes diff茅rentes: paiements en esp猫ces, formation professionnelle et emploi de courte dur茅e, le plus souvent dans les travaux de reconstruction (voir Afrique Renouveau, octobre 2005 et avril 2007).

Pose de ciment sur un chantier de Freetown (Sierra Leone) : Les emplois assur茅s sont le plus souvent rares.

Photo: Alamy Images / Celia Mannings

鈥淚l y a eu des difficult茅s 脿 tous les niveaux 鈥� politique, social, financier鈥�, se souvient Francis Kai-Kai qui a dirig茅 la Commission sierra-l茅onaise pour le d茅sarmement, la d茅mobilisation et la r茅int茅gration. L鈥檃rgent manquait souvent et les programmes devaient tenir compte des traumatismes subis par les ex-combattants. La col猫re grondait contre les auteurs des violences et des atrocit茅s commises pendant les ann茅es de guerre, et certains voyaient d鈥檜n mauvais 艙il que les ex-combattants soient injustement 鈥渞茅compens茅s鈥� pour leurs forfaits.

Pour corriger cette impression, les distributions d鈥檃rgent et les stages de formation ont 茅t茅 pr茅sent茅s non pas comme une r茅compense, mais un geste humanitaire vis-脿-vis听de jeunes eux-m锚mes souvent victimes de s茅vices et priv茅s d鈥櫭ヽole ou d鈥檜n m茅tier. 鈥� On a essay茅 de traiter tout le monde de la m锚me fa莽on鈥�, explique Francis Kai-Kai. Il reconna卯t toutefois que de nombreux b茅n茅ficiaires 鈥渙nt replong茅 bien trop souvent dans la pauvret茅鈥�.

La perspective d鈥檜ne formation professionnelle a 茅t茅 l鈥檃tout majeur de l鈥檕ffre faite aux plus de 50 000 b茅n茅ficiaires du programme de r茅int茅gration en Sierra Leone. Un rapport intitul茅 鈥淎per莽u sur les programmes du DRR et les pratiques courantes鈥� pr茅par茅 脿 l鈥檕ccasion d鈥檜ne conf茅rence internationale sur le programme DDR en Afrique qui s鈥檈st tenue en juillet 2007 脿 Kinshasa, en R茅publique d茅mocratique du Congo, sous les auspices du Bureau du Conseiller sp茅cial de l鈥橭NU pour l鈥橝frique, a affirm茅 que 鈥渓a r茅int茅gration durable des ex-combattants dans la vie civile, en particulier les jeunes gar莽ons, 茅tait frein茅e par la faible croissance 茅conomique, la p茅nurie d鈥檈mplois et la pauvret茅鈥�.

Le programme au Lib茅ria s鈥檈st heurt茅 aux m锚mes difficult茅s. Vers la fin de 2006, deux ans apr猫s le d茅but de la phase de r茅int茅gration du programme DDR, une 茅tude de l鈥橭NU indiquait qu鈥檈nviron 28% des quelque 60 000 b茅n茅ficiaires se d茅claraient ch么meurs, alors que 8% seulement estimaient que leur niveau de vie avait augment茅.

Malgr茅 une certaine am茅lioration constat茅e dans les r茅centes enqu锚tes, la persistance du nombre 茅lev茅 de jeunes sous-employ茅s 鈥渄emeure une pr茅occupation majeure susceptible d鈥櫭猼re exploit茅e par des fauteurs de trouble qui cherchent 脿 d茅stabiliser le pays鈥�, a pr茅venu le Secr茅taire g茅n茅ral de l鈥橭NU, Ban Ki-moon, dans un rapport sur le Lib茅ria soumis en f茅vrier au Conseil de s茅curit茅. En janvier, il a fait part des m锚mes pr茅occupations au sujet de la Sierra Leone.

Les retomb茅es 茅ventuelles de l鈥檃gitation dans les pays voisins sur une jeunesse d茅racin茅e et instable risquent de compliquer la situation. Andrea Tamagnini de la MINUL fait remarquer que le lancement des travaux de r茅fection des routes dans la r茅gion de Lofa, au Lib茅ria, sur la fronti猫re guin茅enne, avaient contribu茅 脿 faire 茅chouer les tentatives de recrutement dans cette r茅gion.

De 2006 脿 2008, plus de 60 000 personnes ont travaill茅 dans le programme 鈥淚nfrastructure pour l鈥檈mploi鈥� au Lib茅ria, 脿 la remise en 茅tat des principaux axes routiers du pays. Ex茅cut茅 sur deux saisons s猫ches cons茅cutives, le programme a cr茅茅 environ deux millions de journ茅es de travail et inject茅 quelque six millions de dollars en paiements en esp猫ces et en nourriture dans l鈥櫭ヽonomie locale. Il est 脿 noter que les ex-combattants n鈥檕nt repr茅sent茅 que 30% des participants, contre 25% de rapatri茅s ou de d茅plac茅s et 45% d鈥檋abitants des r茅gions environnantes. Les femmes ont repr茅sent茅 plus d鈥檜n cinqui猫me des participants.

Les participants 脿 une conf茅rence consacr茅e 脿 l鈥檈mploi des jeunes, qui s鈥檈st tenue en 2005 脿 Windhoek (Namibie) sous les auspices du Bureau du Conseiller sp茅cial de l鈥橭NU pour l鈥橝frique, ont fait remarquer que les premi猫res mesures pour l鈥檈mploi au Lib茅ria avaient favoris茅 la formation professionnelle des ex-combattants aux d茅pens d鈥檜ne r茅partition des emplois dans le cadre d鈥檜ne politique globale.

Francis Kai-Kai souligne pour sa part que le programme DDR n鈥檃vait pr茅vu que des emplois 脿 court terme, destin茅s 脿 鈥渁paiser la situation鈥� dans la p茅riode imm茅diate de l鈥檃pr猫s-guerre, en attendant la lente reprise 茅conomique.

Pr茅voir sur la dur茅e

Francis Kai-Kai et Andrea Tamagnini s鈥檃ccordent 脿 dire que le plus difficile est le passage 脿 la cr茅ation d鈥檈mplois de longue dur茅e et viables pour tous. Cela est surtout vrai pour le Lib茅ria, o霉 la derni猫re phase du programme de r茅int茅gration, et l鈥檃rgent qui va avec, s鈥檃ch猫ve en avril. Le Programme des Nations Unies pour le d茅veloppement (PNUD) d茅bourse 3,5 millions de dollars environ pour la poursuite des programmes de r茅fection des routes, qui privil茅gient d茅sormais les travaux d鈥檈ntretien 脿 l鈥檃nn茅e ex茅cut茅s par la main d鈥櫯搖vre locale plut么t que les r茅parations saisonni猫res. Les ex-combattants sont invit茅s 脿 rentrer chez eux.

Andrea Tamagnini est conscient des difficult茅s. 鈥淟鈥櫭ヽonomie de ce pays ne peut tout simplement pas offrir des emplois 脿 tout le monde鈥�, dit-il. Le Lib茅ria, comme la Sierra Leone, subissent les effets du ralentissement 茅conomique actuel dans le monde. En Sierra Leone, les op茅rations d鈥檈xploitation du diamant et du rutile sont touch茅es par la baisse des prix et d鈥檃utres facteurs, ce qui a entra卯n茅 des pertes d鈥檈mplois. Au Lib茅ria, la chute spectaculaire des cours du caoutchouc sur le march茅 mondial ces derniers mois a d茅bouch茅 sur des r茅ductions de salaires et des licenciements sur quelques plantations, provoquant des r茅actions violentes.

La cr茅ation d鈥檈mplois, surtout pour les jeunes, est au c艙ur des politiques de r茅duction de la pauvret茅 dans les deux pays, qui, 脿 l鈥檌nstar des autres pays du continent, ont du mal 脿 trouver des solutions.

Le plan de trois ans, 鈥淎genda pour le changement鈥�, 茅labor茅 par les autorit茅s sierra-l茅onaises et rendu public en d茅cembre 2008 par le Pr茅sident Ernest Koroma, consid猫re le ch么mage des jeunes comme l鈥檜n des trois principaux dangers imminents pour la paix et la s茅curit茅, avec la corruption et le trafic illicite des drogues. Le gouvernement estime que le pays doit cr茅er plus de 200 000 emplois par an.

Il en est de m锚me au Lib茅ria, o霉 le taux de ch么mage dans le secteur 茅conomique structur茅 est de l鈥檕rdre de 80%. 鈥淟a cr茅ation d鈥檈mplois est la priorit茅 absolue鈥�, indique le Plan-cadre pour l鈥檃ide au d茅veloppement 2008-2012.

Le Fonds de l鈥橭NU pour la consolidation de la paix offre une aide financi猫re aux deux pays. Quatre des 35 millions de dollars accord茅s 脿 la Sierra Leone sont r茅serv茅s 脿 la cr茅ation d鈥檈mplois pour les jeunes. Au Lib茅ria, six des 15 millions de dollars d鈥檃ide financent une s茅rie de programmes visant 脿 am茅liorer le niveau de vie.

Consciente de l鈥檌mportance des programmes de cr茅ation d鈥檈mplois et d鈥檃ctivit茅s r茅mun茅ratrices dans les pays sortant d鈥檜ne guerre, l鈥橭NU a constitu茅 une 茅quipe sp茅ciale, dirig茅e par le PNUD et l鈥橭rganisation internationale du travail (OIT) et charg茅e de renforcer et de d茅velopper ces projets. 鈥淚l faut 茅tendre ces programmes, s鈥檃ssurer que ce ne sont pas des cas isol茅s鈥�, explique Claudia Coenjaerts de l鈥橭IT.

Le d茅veloppement par l鈥檈ntreprise

En Sierra Leone, les pr锚ts accord茅s par le Fonds pour la consolidation de la paix 脿 la cr茅ation d鈥檈mplois pour les jeunes compl茅mentent les initiatives de l鈥橢tat destin茅es 脿 stimuler la cr茅ation d鈥檈ntreprises viables. Une r茅cente 茅tude de la Banque mondiale intitul茅e 鈥淵outh and Employment in Africa鈥� conclut que l鈥檌ncitation financi猫re ou technique dans ce domaine est particuli猫rement efficace.

Une ex-combattante lib茅rienne apprend la couture pour trouver un emploi sur un march茅 du travail difficile.

Photo: Associated Press / Schaik van Zuydam

Des petits groupes comme la Community Empowerment and Development Agency (CEDA) et l鈥橝ssociation for Rural Development and Hope Micro, pour la plupart associ茅s 脿 des organisations non gouvernementales internationales (ONG) qui op猫rent depuis longtemps en milieu d茅favoris茅, disposent d鈥檈nviron 2,8 millions de dollars fournis par le Fonds pour la consolidation de la paix pour aider plus de 13 000 jeunes. Les projets couvrent des activit茅s comme la couture, le commerce, la construction et les r茅parations de v茅los et de v茅hicules 脿 moteur. Les pr锚ts accord茅s 脿 la cr茅ation d鈥檈ntreprises de v茅los-taxis, appel茅es okadas, ont particuli猫rement port茅 leurs fruits. Selon Patrice Lamboi, administrateur de programmes au Bureau int茅gr茅 des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL), leurs propri茅taires peuvent gagner jusqu鈥櫭� 15 dollars par jour, arrivant ainsi 脿 rembourser le pr锚t initial en six mois et 脿 en demander un autre pour l鈥檃cquisition d鈥檜n deuxi猫me v茅lo.

Les v茅los-taxis sont aussi une source de revenus au Lib茅ria. Un projet administr茅 par le YMCA 鈥� Lib茅ria dans la localit茅 de Ganta, dans le nord du pays, a connu un tel succ猫s qu鈥檕n envisage de l鈥櫭﹖endre 脿 d鈥檃utres localit茅s.

Le projet de Ganta a 茅t茅 r茅alis茅 avec l鈥櫭﹖roite participation de groupes de jeunes locaux, leurs d茅l茅gu茅s 脿 la conf茅rence organis茅e par le Bureau du Conseiller sp茅cial de l鈥橭NU pour l鈥橝frique 脿 Windhoek ayant auparavant d茅plor茅 l鈥檃bsence de consultation avec les principaux b茅n茅ficiaires et les responsables locaux. Au Lib茅ria comme en Sierra Leone, l鈥檃ccent est d茅sormais mis sur la mise en place de conseils et d鈥檕rganismes communautaires locaux capables de d茅terminer et d鈥檃llouer l鈥檃ide au d茅veloppement.

Renforcer les structures locales

Francis Kai-Kai souligne l鈥檌mportance de m茅canismes et de structures solides au niveau local. Claudia Coenjaerts pr茅cise pour sa part que la cr茅ation d鈥檈mplois doit 锚tre un objectif majeur et s鈥檌nt茅grer dans une politique intersectorielle.

Les difficult茅s de coordination entre minist猫res et autres organismes gouvernementaux, qui n鈥檕nt que des moyens limit茅s, risquent toutefois de retarder le lancement des projets. En Sierra Leone, sur les quatre millions de dollars d茅gag茅s en mai 2007 par le Fonds pour la consolidation de la paix pour financer des emplois de 18 mois pour jeunes, plus d鈥檜n million de dollars attendaient toujours d鈥櫭猼re r茅partis en d茅cembre 2008, au grand dam des associations de jeunes. Les proc茅dures d鈥檃pprobation ont toutefois 茅t茅 acc茅l茅r茅es depuis.

Formation agricole d鈥檃nciens combattants au Lib茅ria: Le secteur agricole a les moyens de cr茅er de nombreux emplois.

Photo: UN / Eric Kanalstein

Les activit茅s de microfinancement, en plein essor dans un nombre croissant de pays africains, n茅cessitent des infrastructures locales et une r茅glementation claire. Des 茅tudes men茅es par le PNUD au Lib茅ria et en Sierra Leone indiquent que le nombre de demandes de petits pr锚ts d茅passe largement la capacit茅 des institutions financi猫res 脿 les satisfaire.

Les banques centrales des deux pays, en collaboration avec les bailleurs de fonds, ont mis au point des politiques pour promouvoir le microfinancement. En janvier 2009, un nouvel organisme de microfinancement, Access Bank, a ouvert ses portes au Lib茅ria. D茅tenu en partie par la Banque africaine de d茅veloppement, le Fonds europ茅en d鈥檌nvestissements et la Soci茅t茅 financi猫re internationale de la Banque mondiale, il dispose d鈥檜n capital initial de six millions de dollars et pr茅voit 27 000 clients d鈥檌ci 脿 2013. Il vient se joindre 脿 d鈥檃utres organismes qui ont d茅velopp茅 leurs activit茅s gr芒ce aux bailleurs de fonds.

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Kenyeh Barlay, conseill猫re du programme de microfinancement du PNUD au Lib茅ria, pr茅cise que de nombreux pr锚ts sont consentis aux groupements de femmes. La Liberty Bank pr茅cise que plus de 90% de ses clients sont des femmes. La majorit茅 des pr锚ts est accord茅e aux habitants des zones urbaines ou 脿 ceux install茅s 脿 proximit茅 des grands axes routiers. L鈥檃mpleur et la structure des op茅rations suivent le m锚me sc茅nario en Sierra Leone.

Chukwu-Emeka Chikezie, directeur g茅n茅ral de la Fondation africaine pour le d茅veloppement, une ONG install茅e au Royaume-Uni et tr猫s active en Sierra Leone, remarque toutefois que la port茅e du microfinancement est limit茅e, en raison de la modicit茅 des sommes engag茅es. Il pr茅conise l鈥檕ctroi de pr锚ts plus cons茅quents 脿 des clients plus ais茅s, leur donnant les moyens de revitaliser l鈥檈mploi. Seules les grosses entreprises du secteur priv茅 sont en effet en mesure d鈥檕ffrir assez d鈥檈mplois de longue dur茅e dans des pays comme la Sierra Leone, constate-t-il.

La fondation aide les autorit茅s 脿 茅laborer une politique du d茅veloppement du secteur priv茅 pour 2009-2014, visant essentiellement 脿 am茅liorer le cadre 茅conomique. Elle a cr茅茅 des centres d鈥檃ppui aux entreprises 脿 Freetown et dans d鈥檃utres localit茅s qui offrent une formation en gestion, en comptabilit茅 et autres domaines d鈥檃ctivit茅 aux personnes souhaitant lancer ou consolider leurs entreprises. Pour sa part, l鈥橭IT fournit des dossiers d鈥檌nformation sur la mani猫re de 鈥渄茅velopper une entreprise.鈥�

Retour 脿 l鈥檃griculture

Les experts s鈥檃ccordent n茅anmoins 脿 dire que m锚me si ces initiatives s鈥檃v猫rent concluantes, il n鈥檡 aura pas suffisamment d鈥檈mplois sans la relance du secteur agricole des deux pays. Une 茅tude r茅cemment conduite par l鈥橭rganisation des Nations Unies pour l鈥檃limentation et l鈥檃griculture a conclu que le secteur agricole lib茅rien aurait les moyens听de g茅n茅rer des emplois et des revenus une fois commercialis茅 et rentabilis茅. L鈥橭IT soutient la cr茅ation de structures locales capables d鈥櫭﹙aluer les march茅s des zones rurales. Les pouvoirs publics de Monrovia ont lanc茅 cette ann茅e un appel aux bailleurs de fonds pour qu鈥檌ls investissent dans des petits projets agricoles. M. Chikezie cite 脿 titre d鈥檈xemple la culture du sorgho en Sierra Leone destin茅e aux fabricants de bi猫re locale.

Mais personne ne sous-estime l鈥檃mpleur de la t芒che. Mme Barlay reconna卯t que malgr茅 l鈥檈xpansion r茅ussie du microfinancement, la petite exploitation agricole n鈥檃 que peu de chances d鈥檃ttirer ce type d鈥檌nvestissements.

鈥淟鈥檃griculture n鈥檈st pas consid茅r茅e comme une activit茅 茅conomique. Les gens s鈥檈n d茅tournent, constate un fonctionnaire install茅 au Lib茅ria. Il faudra les inciter 脿 revenir cultiver la terre鈥�, dit un autre.

En attendant, la persistance du ch么mage des jeunes continue 脿 peser sur la paix et la stabilit茅 du pays. Dans son rapport de janvier sur la Sierra Leone, M. Ban a affirm茅 que ce probl猫me pr茅occupait plus que tout autre les autorit茅s du pays.

Francis Kai-Kai estime que la marginalisation d鈥檜ne partie aussi importante de la population est un probl猫me courant aux pays qui sortent d鈥檜n conflit. D鈥檃pr猫s lui, la solution est 鈥渄ans la gouvernance鈥�, qui devrait faire de la participation des jeunes l鈥檜ne de ses priorit茅s. L鈥檌ndispensable consolidation des infrastructures locales devra s鈥檃ccompagner 鈥渄鈥檌d茅es audacieuses, exploit茅es audacieusement par des gens audacieux鈥�, dit-il.

Alors que le Lib茅ria et la Sierra Leone sont touch茅s par le ralentissement 茅conomique mondial, Francis Kai-Kai et Chukwu-Emeka Chikezie estiment qu鈥檌l incombe aux pouvoirs publics de changer le sort des populations qui ont du mal 脿 survivre.