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Les jeunes Africaines se mettent au codage

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Les jeunes Africaines se mettent au codage

Avec plus de femmes technophiles, on pourrait combler plus facilement le foss¨¦ des in¨¦galit¨¦s de revenus
Afrique Renouveau: 
Des d¨¦veloppeurs de logiciels au si¨¨ge d'Andela au Nigeria, ¨¤ Lagos.
Photo: Andela/Rotimi Okungbaye
D¨¦veloppeurs de logiciels au si¨¨ge social d¡¯Andela ¨¤ Lagos ( Nig¨¦ria). Photo: Andela/Rotimi Okungbaye

l¡¯Universit¨¦ ?des Sciences et ?Technologies Kwame Nkrumah, Angela Koranteng ¨¦tait une ¨¦tudiante accomplie qui nourrissait ?un r¨ºve bien particulier . ? une ¨¦poque o¨´ les femmes ¨¦taient peu nombreuses ¨¤ franchirles barri¨¨res ¨¤ l¡¯¨¦galit¨¦ de ?genre dans des domaines ¨¤ pr¨¦dominance masculine, Mme Koranteng se passionnait pour ?les sciences de la sant¨¦ - mais plut?t que ?de soigner des patients, elle voulait devenir ing¨¦nieure et construire des h?pitaux.

Apr¨¨s une s¨¦rie de cours en programmation informatique, g¨¦nie civil et codage, Mme Koranteng est aujourd¡¯hui titulaire d¡¯un dipl?me et poss¨¨de le ?titre? de codeuse africaine professionnelle.

Le codage permet de cr¨¦er des logiciels, des applications et des sites Web. Votre navigateur, votre syst¨¨me d¡¯exploitation, les applications sur votre t¨¦l¨¦phone, Facebook et les sites Web sont tous cr¨¦¨¦s ¨¤ l'aide de ?codes. Le codage peut s¡¯apprendre dans une universit¨¦ ou dans un camp d'entra?nement. Les gar?ons ¨¦tant ?initi¨¦s aux questions ?techniques d¨¨s ?l¡¯enfance alors ?que les filles ne le sont pas, peu de jeunes femmes africaines s¡¯imaginent faire carri¨¨re ?dans l'ing¨¦nierie.

2,6billions de dollars Telles sont les pr¨¦visions 2017 de revenus ?pour les produits et services de technologie de l'information dans le monde.

Au coll¨¨ge, ??j¡¯ai tout appris ¨¤ partir de rien, alors que les gar?ons avaient ?d¨¦j¨¤ des connaissances de base ??, a d¨¦clar¨¦ Mme Koranteng ¨¤ Afrique Renouveau lors d¡¯un entretien . ? cause de ce d¨¦savantage ???j¡¯¨¦tais jug¨¦e moins intelligente ?que ?mes homologues masculins lorsque je participais en classe?.

M¨ºme le p¨¨re de Mme Koranteng n¡¯¨¦tait pas s?r que le codage soit la bonne voie pour elle. ??Il ne savait pas que le codage deviendrait l¡¯une des comp¨¦tences les plus demand¨¦es dans toutes les industries??, a-t-elle expliqu¨¦.

Ce n¡¯est pas l¡¯apanage des hommes

Aujourd¡¯hui, Mme Koranteng travaille avec un groupe appel¨¦ STEMbees, une organisation ¨¤ but non lucratif bas¨¦e au Ghana, qu¡¯elle a contribu¨¦ ¨¤ fonder et qui encadre les jeunes femmes dans les STEM (sciences, technologies, ing¨¦nierie et math¨¦matiques). Mme Koranteng esp¨¨re que les jeunes ?filles seront plus nombreuses ¨¤ travailler dans les STEM ??afin de combler l'¨¦cart entre les sexes en informatique.

Malheureusement, la formation ?STEM attire toujours moins d¡¯¨¦tudiantes que la formation en enseignement, ?en droit, ?en m¨¦decine ou ?en commerce.

Karen Sp?rck Jones, professeur d¡¯informatique au laboratoire informatique de l¡¯Universit¨¦ de Cambridge au Royaume-Uni, a dit un jour e ??l¡¯informatique est trop importante pour ¨ºtre laiss¨¦e aux hommes??.

Mais m¨ºme dans les pays les plus d¨¦velopp¨¦s, les hommes dominent de mani¨¨re disproportionn¨¦e dans le domaine de l'informatique . En 2013, ?les ?tats-Unis ne comptaient que ?26?% de femmes parmi les ?professionnels de l¡¯informatique , soit nettement ?moins qu'en 1990 ?(35?%) ??et pratiquement autant qu'en 1960. Bien ?que le pourcentage de femmes ?ing¨¦nieurs ?ait augment¨¦ depuis 1990, les progr¨¨s ont ¨¦t¨¦ modestes, ce pourcentage ¨¦tant pass¨¦ de 9?% en 1990 ¨¤ 12?% en 2013.

Selon une enqu¨ºte r¨¦alis¨¦e en 2012 par le ?minist¨¨re du Travail am¨¦ricain , 30?% des d¨¦veloppeurs Web, 25?% des programmeurs, 37?% des administrateurs de bases de donn¨¦es, 20?% des d¨¦veloppeurs de logiciels et un peu plus de 10?% des analystes en s¨¦curit¨¦ informatique aux ?tats-Unis ¨¦taient des femmes. Les femmes occupaient ¨¦galement moins de 20?% des postes de directeurs de l¡¯information dans les entreprises Fortune 250 et, parmi les entreprises de technologie Fortune 100, seules quatre femmes occupaient des postes ¨¤ ?responsabilit¨¦. Chez les g¨¦ants de la technologie comme Google, plus de 70?% des techniciens ?¨¦taient des hommes.

Faute de donn¨¦es fiables, Mme Koranteng pr¨¦sume que la situation ?est bien pire en Afrique qu'aux ??tats-Unis. Dans le tr¨¨s anim¨¦ ??Computer Village?? de Lagos, au Nigria, ce sont surtout des jeunes hommes qui d¨¦veloppent des applications ou se livrent ¨¤ d¡¯autres travaux d'informatique. C'est ce qu'a d¨¦clar¨¦ ¨¤ Afrique Renouveau Caleb Ibhasabemon, qui surveille les tendances technologiques et envisage de d¨¦marrer une entreprise de vente de mat¨¦riel informatique.

Bien que ?l¡¯usage ?d¡¯Internet ait progress¨¦ en Afrique au cours de la derni¨¨re d¨¦cennie, moins de 10?% du continent a acc¨¨s ¨¤ Internet, selon un rapport publi¨¦ en 2017 par Internet World Stats, une organisation qui surveille l'usage ?mondial d'Internet. Il est certain que la faiblesse de la diffusion d'Internet sur le continent entravera les efforts d¨¦ploy¨¦s par ?les Africains, les filles en particulier , pour ?devenir des professionnels du codage.

Marian Tesfamichael, une jeune Ghan¨¦enne qui travaille comme codeuse ?¨¤ Toronto, au Canada, est l'une des rares femmes ¨¤ avoir r¨¦ussi . Elle a fait ses ¨¦tudes de premier cycle en informatique et en math¨¦matiques, et ses ¨¦tudes sup¨¦rieures en informatique. Elle est d¨¦veloppeur Web et gestionnaire de donn¨¦es ¨¤ l'Universit¨¦ de Toronto.

Selon Mme Tesfamichael, ?il se peut que ses progr¨¨s dans le secteur?aient ¨¦t¨¦ ralentis du fait de son sexe et de son ethnicit¨¦; la plupart des entreprises pour lesquelles elle a travaill¨¦ ne croyaient pas qu¡¯elle pouvait ¨ºtre comp¨¦tente. Cependant, ?elle s¡¯en sort bien actuellement.

Andela, une entreprise ?de technologie bas¨¦e ¨¤ Lagos, ?forme des ¨¦quipes d¡¯ing¨¦nieurs, y compris des codeurs, pour combler le d¨¦ficit ?technologique en Afrique. ??Nous comptons pr¨¨s de 30?% de femmes sur plus de 600 d¨¦veloppeurs bas¨¦s ¨¤ Lagos, Nairobi et Kampala??, explique Christine Magee, directrice des communications chez Andela.?? ??On peut aussi citer la r¨¦ussite d'Ethel Cofie au Ghana. Le magazine ¨¦conomique ?Forbes la classe parmi les ?cinq femmes les plus influentes dans le domaine des ?technologies de l'information sur le continent. Elle est la fondatrice et PDG d'EDEL Technology Consulting, une entreprise qui fournit des services informatiques et des logiciels aux entreprises.

Technologie et croissance du PIB

Mme Cofie a ¨¦tudi¨¦ l¡¯informatique pendant la p¨¦riode d'engouement pour les dot-com (1995 ¨¤ 2001) et a profit¨¦ des ?march¨¦s ¨¦mergents d¡¯Afrique pour investir dans la technologie, selon des informations ?de la BBC et de CNN. Pour promouvoir la diversit¨¦ dans l¡¯industrie de la programmation informatique, et notamment ????encourager les filles africaines ¨¤ s¡¯impliquer??, elle a fond¨¦ Women in Tech Africa.

De nombreuses technophiles en herbe de l'ensemble du ?continent consid¨¨rent Mme Cofie comme un mod¨¨le.

??La programmation informatique est l¡¯une des comp¨¦tences les plus demand¨¦es au monde??, et les filles africaines doivent saisir cette opportunit¨¦, d¨¦clare Mme Cofie.

Des sentiments analogues ?ont ¨¦t¨¦ exprim¨¦s au Forum ¨¦conomique mondial (World Economic Forum (WEF), un organisme ¨¤ but non lucratif bas¨¦ ¨¤ Gen¨¨ve qui se r¨¦unit une fois par an et se dit attach¨¦ ¨¤ la coop¨¦ration entre les secteurs public et priv¨¦.

La technologie de l¡¯information permet de cr¨¦er de nouvelles entreprises notamment dans le domaine du marketing num¨¦rique, des sciences des donn¨¦es et des ¨¦cosyst¨¨mes de paiement mobile. En 2017, les revenus provenant des produits et services de technologie de l'information ?devraient atteindre 2,4 billions ?de dollars, ce qui constitue une ?hausse de 3,5?% par rapport ¨¤ 2016, indique ?International Data Corporation (IDC), qui fournit des renseignements ?sur les march¨¦s des technologies de l'information, des t¨¦l¨¦communications et des technologies grand public . IDC ajoute que ce chiffre pourrait atteindre 2,6 billions ?de dollars d¡¯ici ¨¤ 2020.

Les statistiques du WEF montrent ¨¦galement qu¡¯une augmentation de 10?% de la p¨¦n¨¦tration du haut d¨¦bit peut entra?ner une augmentation de 1,4?% de la croissance du PIB dans les ¨¦conomies ¨¦mergentes. Les chiffres de la croissance du PIB peuvent ¨ºtre observ¨¦s ?dans les pays qui adoptent les moyens de paiement mobile ou d'autres technologies qui facilitent les transactions financi¨¨res, par exemple.

Des entreprises de haute technologie comme ?Facebook et Google apportent un soutien technique et financier aux institutions qui cr¨¦ent des opportunit¨¦s pour les filles africaines qui apprennent le codage.

AWELE Academy, un institut de leadership et de technologie bas¨¦ ¨¤ Lagos, est au nombre des ¨¦coles qui re?oivent ?un soutien externe en raison des ??efforts qu'il d¨¦ploie ?pour combler le foss¨¦ du codage en Afrique. Mais l'institut ?ne peut accepter que 20 ¨¦tudiants ¨¤ la fois .

Les institutions de technologie s'efforcent ?de faire mieux conna?tre aux filles ?la programmation informatique en organisant ?des conf¨¦rences locales ?aux cours desquelles celles-ci peuvent parler de leurs ??perspectives de carri¨¨re avec les personnes qui leur servent de mod¨¨le.

Les partisans ?de l¡¯¨¦galit¨¦ des sexes ont bon espoir ?que l¡¯augmentation du nombre de ?femmes codeuses permettra de combler l¡¯¨¦cart des in¨¦galit¨¦s salariales entre les sexes en Afrique. Au cours des ?prochaines ann¨¦es on pourrait ?voir davantage de femmes africaines s'enthousiasmer pour le ?codage, gagner des salaires d¨¦cents et transformer les ¨¦conomies de leurs pays, pr¨¦dit Mme Tesfamichael.? ?

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