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Le mouvement de restauration des terres en Afrique a besoin d'un "moonshot"

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Le mouvement de restauration des terres en Afrique a besoin d'un "moonshot"

La d¨¦gradation des terres agricoles due au changement climatique menace des millions de moyens de subsistance.
Afrique Renouveau: 
12 Novembre 2021
NABU
L'Union pour la conservation de la nature et de la biodiversit¨¦ s'emploie ¨¤ prot¨¦ger, restaurer et g¨¦rer durablement les for¨ºts ¨¦thiopiennes.

Il y a six ans, les dirigeants africains ont reconnu que la d¨¦gradation de 65 % des terres agricoles du continent mena?ait de ruiner l'¨¦conomie et l'environnement de millions d'agriculteurs.

Ils l'ont compris au moment o¨´ les effets du changement climatique - baisse des rendements agricoles, pr¨¦cipitations irr¨¦guli¨¨res, s¨¦cheresses prolong¨¦es - rendent la vie plus difficile ¨¤ des millions de communaut¨¦s d'agriculteurs, d'¨¦leveurs et de citadins.

L'initiative AFR100 est n¨¦e pour inverser cette tendance destructrice. Men¨¦ localement, ce programme vise ¨¤ commencer ¨¤ restaurer 100 millions d'hectares de terres d'ici ¨¤ 2030 gr?ce ¨¤ un large ¨¦ventail de techniques favorisant la sant¨¦ des communaut¨¦s rurales et la prosp¨¦rit¨¦ des ¨¦cosyst¨¨mes.

Les dirigeants africains avaient des preuves ¨¤ l'appui de cet objectif. Chaque dollar investi dans la restauration des terres peut apporter 7 ¨¤ 30 dollars de b¨¦n¨¦fices ¨¦conomiques, et une nature enti¨¨rement gu¨¦rie pourrait fournir jusqu'¨¤ un tiers des mesures d'att¨¦nuation climatique rentables n¨¦cessaires pour maintenir le r¨¦chauffement de la plan¨¨te en dessous de 2 ¡ãC. Les paysages restaur¨¦s produisent davantage de nourriture tout en rendant les communaut¨¦s plus r¨¦sistantes ¨¤ la d¨¦sertification, aux s¨¦cheresses et aux inondations.

Ils savaient aussi que c'¨¦tait possible. Des agriculteurs champions comme Yacouba Sawadogo ont mobilis¨¦ les communaut¨¦s pour reverdir 5 millions d'hectares dans le Sahel sec. Par le biais du Green Belt Movement,

Wangari Maathai, laur¨¦ate du prix Nobel de la paix, a donn¨¦ les moyens ¨¤ plus de 4 000 groupes de femmes de prot¨¦ger et de restaurer leurs fermes et les for¨ºts du Kenya, m¨ºme sous la menace de la mort.

Son h¨¦ritage continue d'inspirer : Au S¨¦n¨¦gal, les communaut¨¦s ont fait pousser plus de 150 millions de bourgeons de mangrove dans les zones humides du pays, sous la direction de l'ancien ministre Haidar el Ali.

Cette histoire de r¨¦ussite au niveau local a incit¨¦ 32 gouvernements africains ¨¤ rejoindre le mouvement AFR100. Des pays ont cr¨¦¨¦ des programmes nationaux de restauration qui cr¨¦ent des emplois pour les jeunes, et des milliers d'entrepreneurs locaux, d'organisations ¨¤ but non lucratif et de coop¨¦ratives ont mobilis¨¦ les communaut¨¦s pour prot¨¦ger et r¨¦g¨¦n¨¦rer les ¨¦cosyst¨¨mes.

Mais nous savons que l'Afrique est loin d'avoir atteint ce noble objectif. Bien que les bailleurs de fonds se soient engag¨¦s ¨¤ verser plus de 16 milliards de dollars ¨¤ l'AFR100 et ¨¤ la Grande Muraille verte, les communaut¨¦s de premi¨¨re ligne n'ont gu¨¨re ¨¦t¨¦ touch¨¦es. La d¨¦forestation et la d¨¦gradation des ¨¦cosyst¨¨mes se poursuivent ¨¤ un rythme rapide.

Rien qu'en 2020, l'Afrique a perdu 4 millions d'hectares de couverture arbor¨¦e, selon Global Forest Watch. L'instabilit¨¦ politique et les conflits menacent les victoires fragiles. Et quelques projets de plantation d'arbres mal planifi¨¦s ont nui aux ¨¦cosyst¨¨mes et aux communaut¨¦s en introduisant des esp¨¨ces envahissantes et en d¨¦truisant les prairies indig¨¨nes.

Mais le c?ur du probl¨¨me est qu'il y a peu de soutien financier pour le continent qui a le moins contribu¨¦ au changement climatique mais qui en subira les pires cons¨¦quences. Les gouvernements des pays d¨¦velopp¨¦s, les entreprises du secteur priv¨¦ et les riches et puissants - qui sont ¨¤ l'origine de la majeure partie de la pollution par le carbone dans le monde - ont une dette envers les innovateurs africains en mati¨¨re de climat.

Le leadership local est essentiel car les communaut¨¦s g¨¨rent pr¨¨s de 70 % des terres africaines et elles savent comment faire fleurir des milliers de projets ¨¦cologiquement et socialement durables. Il n'y a pas de voie ¨¦quitable vers des ¨¦missions nettes nulles d'ici 2050 qui n'investisse pas dans les entrepreneurs et les leaders communautaires qui restaurent les terres.

Nous avons besoin d'un "moonshot" pour le mouvement de restauration de l'Afrique, et cela commence aujourd'hui. Les chefs d'?tat africains pr¨¦sents ¨¤ la CdP26 ¨¤ Glasgow ont lanc¨¦ un appel ¨¤ l'action aux bailleurs de fonds priv¨¦s et gouvernementaux : Mobilisez 2 milliards de dollars pour des programmes de restauration africains men¨¦s localement d'ici la fin 2022.

ECOTRUST travaille avec des agriculteurs pour cr¨¦er des syst¨¨mes agroforestiers durables en Ouganda. Photo : ECOTRUST
Avec ces ressources, nous pourrions investir dans des centaines de champions locaux et leur fournir l'assistance technique dont ils ont besoin pour r¨¦ussir. Cela permettrait de mobiliser davantage de fonds pour entamer la r¨¦g¨¦n¨¦ration de 20 millions d'hectares d'ici ¨¤ 2026 et apporter des avantages estim¨¦s ¨¤ 135 milliards de dollars ¨¤ 40 millions de personnes. Si l'on ajoute ¨¤ cela un syst¨¨me de surveillance transparent permettant de suivre les progr¨¨s accomplis, l'objectif des 100 millions d'hectares devient une possibilit¨¦ r¨¦elle.
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Pour lancer cette nouvelle phase de l'AFR100, le Bezos Earth Fund, One Tree Planed et Facebook ont annonc¨¦ une contribution initiale de 20 millions de dollars, dans le but de catalyser des investissements beaucoup plus importants en 2022. Une subvention ¨¤ l'Albertine Rift Conservation Society permettra ¨¤ ce r¨¦seau de coop¨¦ratives dirig¨¦es par des femmes de faire pousser des centaines de milliers d'arbres dans des petites exploitations agricoles.
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En Afrique du Sud, un pr¨ºt permettra ¨¤ l'entrepreneur Siyabulela Sokomani de d¨¦velopper sa p¨¦pini¨¨re et de planter des dizaines d'esp¨¨ces d'arbres indig¨¨nes dans les quartiers marginalis¨¦s de la ville et dans les zones rurales. Enfin, une subvention accord¨¦e ¨¤ des organisations locales de Freetown, en Sierra Leone, permettra d'accro?tre le couvert v¨¦g¨¦tal, de faire baisser la temp¨¦rature des rues et d'aider la maire Yvonne Aki Sawyerr's ¨¤ transformer sa ville en la "Treetown qu'elle a imagin¨¦e".
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En tant que repr¨¦sentants de l'Union africaine et d'un organisme de recherche international, nous appelons les donateurs, les experts techniques et les gouvernements africains ¨¤ ¨¦laborer des solutions personnalis¨¦es pour les personnes qui restaurent les terres.
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Nous devons rendre les financements flexibles plus facilement accessibles, mettre en place des outils de suivi rigoureux qui permettent de suivre les progr¨¨s en temps quasi r¨¦el, et ¨¦laborer des politiques publiques solides qui aident les agriculteurs ¨¤ restaurer les terres.
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Plus important encore, nous appelons les donateurs publics et les bailleurs de fonds priv¨¦s ¨¤ intensifier leurs investissements dans les organisations communautaires et les entrepreneurs par le biais de l'AFR100. C'est une ¨¦tape qu'ils doivent franchir si leur croyance dans l'avenir de l'Afrique est plus que de simples platitudes.
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En 2030, nous voulons regarder avec fiert¨¦ les actions que nous aurons men¨¦es pour redonner espoir et prosp¨¦rit¨¦ aux paysages ruraux et urbains de l'Afrique. L'¨¦chec n'est tout simplement pas envisageable.

M. Mayaki est le directeur g¨¦n¨¦ral de l'AUDA-NEPAD, tandis que Mme Mathai est vice-pr¨¦sidente et directrice r¨¦gionale pour l'Afrique de l'Institut des ressources mondiales.

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