51吃瓜

Pour la premi猫re fois depuis l鈥檌dentification de la pand茅mie du sida voici un quart de si猫cle, 鈥渘ous assistons 脿 un d茅clin dans le nombre mondial de morts du sida鈥�, a d茅clar茅 le Dr Kevin De Cock, Directeur du d茅partement VIH/sida 脿 l鈥橭rganisation mondiale de la sant茅 (OMS). Les chiffres r茅vis茅s de l鈥橭MS et du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) indiquent par ailleurs que les nouvelles infections par le VIH, le virus responsable de la maladie, ont 茅galement commenc茅 脿 diminuer.

Campagne de sensibilisation au sida au Swaziland : l鈥橝frique australe reste la r茅gion la plus gravement touch茅e.

Photo: Peter Arnold Inc. / Neil Cooper

Dans Le point sur l鈥櫭﹑id茅mie de sida 2007 publi茅 en novembre, ONUSIDA et l鈥橭MS font 茅tat de m茅thodes de collecte de donn茅es plus pr茅cises et estiment 脿 environ 33,2 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le monde, en recul par rapport 脿 leur estimation de 39,5 millions de l鈥檃nn茅e pr茅c茅dente. Le rapport s鈥檈mpresse cependant d鈥檃jouter que cette baisse ne refl猫te pas un d茅clin effectif du nombre de personnes vivant avec le VIH, mais qu鈥檌l s鈥檃git plut么t d鈥檜ne r茅vision statistique d鈥檈stimations ant茅rieures.

La situation a suscit茅 une vive pol茅mique, certains experts ind茅pendants estimant que les donn茅es auraient d没 锚tre ajust茅es dans de plus brefs d茅lais.

En ajustant leurs estimations globales r茅troactivement pour les ann茅es pr茅c茅dentes, les deux organismes de l鈥橭NU ont d茅couvert certaines tendances encourageantes sur la p茅riode. Premi猫rement, les nouvelles infections par le VIH ont probablement atteint un pic 脿 la fin des ann茅es 1990, 脿 plus de 3 millions de nouvelles infections par an. Les estimations r茅vis茅es indiquent depuis lors un recul progressif, avec environ 2,5 millions de nouvelles infections en 2007.

Ces tendances refl猫tent dans une certaine mesure les premiers succ猫s appr茅ciables des efforts de pr茅vention du sida. A en juger par les r茅sultats des enqu锚tes nationales, les jeunes de plusieurs pays 茅vitent davantage les comportements sexuels 脿 risque, que ce soit par l鈥檜sage du pr茅servatif ou par la r茅duction de leur nombre de partenaires ou l鈥檃bstinence. Le rapport signale ce type d鈥櫭﹙olution des comportements au Botswana, au Cameroun, au Kenya, au Malawi, au Togo, en Zambie, au Zimbabwe et dans quelques autres pays.

Le cauchemar de l鈥橝frique

Ni la tendance g茅n茅rale de l鈥櫭﹙olution de la maladie, ni la r茅vision des estimations ne change pourtant rien 脿 cette flagrante r茅alit茅: l鈥橝frique subsaharienne demeure l鈥櫭﹑icentre de la pand茅mie. De toutes les personnes atteintes par le VIH, environ 22,5 millions, soit 68 % du total mondial, vivent en Afrique subsaharienne. La r茅gion repr茅sente le m锚me pourcentage en termes de nouvelles infections, ainsi que 76 % des d茅c猫s annuels dus au sida.

鈥淎IDS continues to be the single largest cause of mortality in sub-Saharan Africa,鈥� says the report. Moreover, in contrast to other world regions, women and children are far more vulnerable to the disease in sub-Saharan Africa. Of those Africans living with HIV, 61 per cent are women, while fully 90 per cent of all HIV-positive children in the world are in sub-Saharan Africa.

Within the continent, Southern Africa is by far the most afflicted, accounting for around a third of all new HIV infections globally and about a third of people living with HIV. In eight countries 鈥� Botswana, Lesotho, Mozambique, Namibia, South Africa, Swaziland, Zambia and Zimbabwe 鈥� national adult HIV-prevalence rates exceed 15 per cent. South Africa leads the world in the number of people infected with HIV.

Southern African countries, says Daniel Halperin, an AIDS expert at the US鈥檚 Harvard School of Public Health, are continuing to experience 鈥渞eal nightmares.鈥� Whatever else the revision in the overall AIDS figures may show, he adds, 鈥渢his doesn鈥檛 mean the epidemic is going away.鈥�

Lecture d鈥檜ne brochure sur le sida en Ouganda: dans certains pays, les jeunes r茅duisent les comportements 脿 risques qui les rendent vuln茅rables 脿 l鈥檌nfection.

Photo: Alamy Images / Mike Goldwater

Raffinements statistiques

Dans les pays pauvres, largement ruraux, qui ne disposent que de faibles syst猫mes de sant茅 et de capacit茅s limit茅es de collecte de donn茅es, il est toujours difficile de mesurer la port茅e d鈥檜ne maladie infectieuse, fait remarquer le Dr Paul De Lay (ONUSIDA). 鈥淟a difficult茅 est tout aussi grande pour la tuberculose, la polio et la diarrh茅e infantile."

Dans le cas du VIH/sida, les premi猫res estimations reposaient principalement sur l鈥檌nformation recueillie aupr猫s des jeunes femmes qui se rendaient dans les centres de d茅pistage parce qu鈥檈lles 茅taient enceintes ou qu鈥檈lles craignaient avoir 茅t茅 infect茅es. Extrapol茅s au reste de la population, les r茅sultats avaient ensuite servi 脿 estimer les taux d鈥檌nfection nationaux. Avec le temps, les experts se sont rendus compte que les donn茅es des cliniques urbaines 茅taient biais茅es en ce qu鈥檈lles accordaient trop de poids statistique aux professionnelles du sexe, aux consommateurs de drogues et aux personnes qui avaient des partenaires sexuels multiples, par rapport aux autres segments de la population.

Avec l鈥檃ccroissement graduel des sommes consenties par les pays bailleurs de fonds 脿 la lutte contre le sida, une partie des ressources a pu 锚tre affect茅e 脿 la r茅alisation d鈥檈nqu锚tes nationales de conception plus scientifique, au co没t de 2 脿 3 millions de dollars par pays. Ces enqu锚tes ont r茅v茅l茅 脿 tous les niveaux une 茅chelle l茅g猫rement r茅duite de l鈥櫭﹑id茅mie.

D鈥檃pr猫s ONUSIDA, les analyses des r茅sultats d鈥檈nqu锚te en Inde, qui datent de juillet, ont r茅duit les estimations du nombre de personnes y vivant avec le VIH de plus de 50 %, de 5,7 millions 脿 2,5 millions. Cette r茅vision repr茅sente, 脿 elle seule, la moiti茅 de la baisse enregistr茅e au niveau de l鈥檈stimation mondiale. Pour le reste, ONUSIDA signale notamment les estimations r茅vis茅es pour cinq pays d鈥橝frique (Angola, Kenya, Mozambique, Nig茅ria et Zimbabwe).

Certains chercheurs ind茅pendants disaient depuis plusieurs ann茅es d茅j脿 que les estimations ant茅rieures de l鈥橭NU 茅taient excessives, d茅plorant que leurs arguments soient ignor茅s. D鈥檃ucuns ont m锚me d茅nonc茅 une exag茅ration d茅lib茅r茅e dans le cadre d鈥檜ne strat茅gie internationale alarmiste dont le but aurait 茅t茅 d鈥檕btenir des contributions plus importantes des bailleurs de fonds. Le Dr De Lay qualifie ces accusations d鈥欌�渁bsurdes鈥� il serait 鈥渢echniquement impossible [pour ONUSIDA] de fausser les chiffres鈥�, d茅clare-t-il. Les donn茅es sont en effet recueillies par les minist猫res nationaux de la sant茅, pour 锚tre ensuite analys茅es par nombre d鈥檈xperts internes aussi bien qu鈥檈xt茅rieurs au syst猫me de l鈥橭NU.

De nombreux pays n鈥檕nt pas encore men茅 d鈥檈nqu锚tes nationales. Pour ceux qui l鈥檕nt d茅j脿 fait, il serait peu pratique et trop on茅reux d鈥檈n actualiser chaque ann茅e les donn茅es. Si les enqu锚tes produisent aujourd鈥檋ui de meilleures donn茅es, les calculs d鈥橭NUSIDA et de l鈥橭MS n鈥檈n restent pas moins des estimations. T茅moin de cette incertitude, Le point sur l鈥櫭﹑id茅mie inclut, pour la plupart des chiffres de r茅f茅rence, une fourchette de limites inf茅rieures et sup茅rieures. Ainsi, le nombre total de personnes vivant avec le VIH dans le monde est estim茅 脿 33,2 millions, dans une fourchette comprise entre 30,6 millions et 36,1 millions.

La vigilance s鈥檌mpose

Que les chiffres augmentent ou qu鈥檌ls diminuent, les experts mettent en garde contre tout rel芒chement de la vigilance. Comme le souligne le Dr De Lay, le sida est toujours incurable. Qui plus est, dans certains pays qui avaient pourtant enregistr茅 une baisse des taux d鈥檌nfection mais qui ont r茅duit leurs programmes de lutte, 鈥渙n assiste aujourd鈥檋ui 脿 une recrudescence de l鈥櫭﹑id茅mie鈥�. Le rapport fait 茅tat de taux de pr茅valence repartis 脿 la hausse aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne, de m锚me qu鈥檈n Ouganda, nagu猫re salu茅 pour le succ猫s de son combat contre le VIH.

Il ne faudrait pas non plus que la communaut茅 internationale laisse fl茅chir ses efforts. Les contributions internationales actuelles, chiffr茅es 脿 quelque 10 milliards de dollars par an, restent insuffisantes face 脿 l鈥檃mpleur des besoins. 鈥淟鈥櫭﹑id茅mie est encore gigantesque, et les ressources n茅cessaires pour y faire face le sont aussi鈥�, affirme Paul Zeitz, Directeur g茅n茅ral de l鈥橭NG internationale Global AIDS Alliance de Washington.

ONUSIDA et l鈥橭MS entendent publier en 2008 un rapport consacr茅 au financement de la lutte mondiale contre le sida. D鈥檃pr猫s le Dr De Lay, il n鈥檈st pas impossible que les co没ts de traitement projet茅s, notamment pour l鈥檃pport d鈥檃ntir茅troviraux aux sid茅ens, repr茅sentent en 2010 environ 5 % de moins qu鈥檕n ne le pensait jusque-l脿. Le total n茅cessaire n鈥檈n restera pas moins d鈥檈nviron 38 milliards de dollars, soit bien plus que les ressources actuellement allou茅es 脿 cette action.

鈥淚l nous faut reconna卯tre la nature 脿 tr猫s long terme de la pand茅mie du VIH, d茅clare le Dr De Cock. Nous en avons encore pour des d茅cennies. Une partie [de la population actuellement infect茅e] doit 锚tre trait茅e d猫s maintenant; tous devront l鈥櫭猼re 脿 terme. Les implications qualitatives n鈥檕nt gu猫re chang茅.鈥�