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L'ONU, la presse et les artistes vent debout contre les fausses informations

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L'ONU, la presse et les artistes vent debout contre les fausses informations

La COVID-19 se propage autant que les fausses nouvelles, les théories du complot, les images et vidéos manipulées. La plupart de ces informations seraient fatales, si rien n'est fait.
Franck Kuwonu
Afrique Renouveau: 
30 Juillet 2020

#DontGoViral: l'UNESCO et i4Policy lancent une campagne pour lutter contre l'infodémie en Afrique

Aissata Diop, une sénégalaise mère de quatre enfants, vivant à Pikine dans une des banlieues de la capitale Dakar, avait entendu dire que la consommation d'ail et de citron pouvait avoir des effets bénéfiques sur la santé.

Aussi, lorsque son amie Ramatou lui montra sur son téléphone un message prétendant que la consommation quotidienne d'un bol d'ail et de citron bouillis pouvait empêcher les gens de contracter le COVID-19, Aissata n’hesita pas à faire le plein lors de son marché quotidien.

Charles Nagbe, un menuisier libérien travaillant à Treichville, un quartier du sud d'Abidjan en Côte d'Ivoire, était également déterminé à ne pas être infecté. Il se souvint de ce qu’il avait lu sur Internet et selon lequel le fait de se rincer la bouche avec ou d'avaler une quantité "raisonnable" d'alcool pouvait tuer le virus avant qu'il n'infecte le corps.

Incapable de se payer des liqueurs importés coûteux, Charles fit chertcher du koutoukou, une boisson locale à très forte teneur en alcool, distillée à partir de vin de palme.

Aissata et Charles espéraient être épargnés de la COVID-19.

La consommation d'un mélange d'ail et de citron ou de quantités limitées d'alcool ne serait pas nocive pour le corps humain, on en enquière néanmoins un fausse impression de sécurité contre le virus.

Aissata et Charles ne sont pas seuls. Déterminés à protéger contre l'infection et à trouver un remède, les gens partout le monde essaient toutes sortes de concoctions à base de plantes ou de produits chimiques ou de comprimés généralement sur ordonnance comme la chloroquine.

Pourtant, ce ne sont là qu'un minuscule échantillon des informations trompeuses ou carrément fausses, y compris des canulars et des mythes, qui circulent depuis le début de COVID-19.

Pour endiguer la vague de désinformation, y compris dans les pays africains, plusieurs initiatives des Nations Unies, des média internationaux comme la British Broadcasting Corporation (BBC) et l'Agence France Presse (AFP), des associations à but non lucratif, comme Africa Check et d'autres, proposent des outils fournissant des informations crédibles et aidant les gens à vérifier la fiabilité des informations liées à la COVID-19.

Partout sur le continent, des artistes et des militants communautaires se joignent également à la lutte contre la désinformation.

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"Nous ne combattons pas seulement une épidémie, nous combattons une infodémie", avait déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, le Directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), au début de l'année. Il parlait de fausses nouvelles qui, selon lui, se propagent plus rapidement et plus facilement que le virus.

Néologisme formé à partir d’ "information" et "épidémie", le mot "infodémie (infodemic)", selon le dictionnaire anglais Merriam-Webster, décrit "une propagation rapide et étendue d'informations à la fois exactes et inexactes sur quelque chose, comme une maladie".

Des origines du virus, à la manière de l’éviter, de le propager et de le soigner, les fausses théories abondent, rendant compliquées les efforts pour arrêter la propagation de la COVID-19, met en garde l'OMS.

Se propageant en ligne, par le biais d'applications de messagerie et d'une personne à l'autre, la désinformation opère souvent par le biais d'outils numériques qui génèrent et propagent de fausses histoires construites à partir de vidéos, d'images ou de sons manipulés.

L'une de ces histoires a tellement troublé Mme Yemisi Adegoke, reporter de la BBC basé à Lagos, qu'elle l'a poussé à suggérer une manière plus systématique de mieux s'attaquer à l'infodémie auprès de ses auditeurs en Afrique. Elle est maintenant l'une des productrices du centre de désinformation COVID-19 de la BBC, un espace en ligne centralisé où les gens peuvent vérifier si l'information virale est crédible ou non.

"J'ai couvert l'histoire d'un homme dont la photo a été utilisée dans un post sur les médias sociaux. On disait qu'il avait embarqué dans son taxi le premier cas COVID-19 du Nigeria de l'aéroport et l'avait transporté de Lagos à un État voisin", se souvient Mme Adegoke.

L'histoire a pris une telle ampleur sur les média sociaux, explique Mme Adegoke qu'elle s’est mise à la recherche du chauffeur et a découvert que l'homme représenté dans l'histoire était effectivement un chauffeur de taxi mais "il n'était pas allé à Lagos depuis trois ans".

Pourtant, la rumeur s'était répandue sur Internet et par le biais d'applications de messagerie, et l'homme avait reçu des menaces de mort.

Comme le montre l'histoire du chauffeur de taxi nigérian, la désinformation sur la COVID-19 se fonde souvent sur une dose de vérité ou de fait.

Une étude réalisée en avril 2020 par l'Institut Reuters pour l'étude du journalisme de l'Université d'Oxford au Royaume-Uni a révélé que généralement les fausses nouvelles étaient entièrement fabriquées.

L'étude a sélectionné 225 fausses informations fausses en anglais publiées dans le monde entier entre janvier et mars 2020 et a constaté que plus de la moitié (59 %) étaient des informations existantes qui avaient été "manipulées, tordues, recontextualisées ou retravaillées", a souligné l'étude, ce qui rend souvent difficile la séparation entre les mensonges et les vérités.

‘’Vérified’’ - une initiative de l'ONU

La campagne propose un fil quotidien de messages simples, faciles à partager, visant à contrer les mensonges ou à combler des lacunes importantes en matière d'information. Les abonnés reçoivent du contenu dans leur boîte de réception et sont encouragés à le transmettre, notamment via leur compte Facebook et d'autres médias sociaux.

Le 27 juillet 2020, ‘’Verified’’ a distribué un résumé de la semaine précédente sur les fausses déclarations concernant les essais de vaccins, les faux remèdes et un groupe anti-masque banni de Facebook "pour avoir diffusé des informations erronées sur le coronavirus", peut-on lire dans le courriel.

#DontGoViral - Des artistes se mobilisent

La campagne #DontGoViral de l'Organisation des Nations Unies pour la Science et la Culture (UNESCO), qui fait appel à des artistes africains, est une autre initiative visant à lutter contre la désinformation de COVID-19 en Afrique.

Lancée en avril 2020, #DontGoViral propose un contenu créatif qui répond au besoin d'informations sur COVID-19 qui soient culturellement pertinentes et de source ouverte, dans les langues locales.

Le musicien et député ougandais Bobi Wine a contribué sa chanson à succès "Corona Virus Alert" au lancement de la campagne et a encouragé d'autres artistes à y contribuer.

"La mauvaise nouvelle est que tout le monde est une victime potentielle/Mais la bonne nouvelle est que tout le monde est une solution potentielle/Sensibiliser les masses pour assainir/ Garder une distance sociale et une quarantaine/Le coronavirus s’attaque à toute l'humanité/ Tout le monde doit être vigilant...," étaient les paroles de la chanson.

À ce jour, #DontGoViral aurait reçu plus de 500 soumissions de tout le continent, avec une playlist maintenue et mise à jour sur YouTube.

Le contenu est aussi varié en ses origines géographiques que dans les catégories créatives, avec des contributions allant de la musique, à la poésie en passant par la peinture et des présentations multimédia.

Le président du Liberia, George Weah, à la tête d’un groupe de jeunes a contribué un morceau inspirée du gospel à tempo lent intitulée "Let's Stand Together To Fight Corona".

Au Malawi, le groupe de poésie de Vilipanganga a contribué un slam.

Au Nigeria, la Fondation Proshare s'est servi de dessins animés pour mettre en évidence les modes de transmission du virus.

"La mauvaise nouvelle est que tout le monde est une victime potentielle/Mais la bonne nouvelle est que tout le monde est une solution potentielle", ont chanté Bobby Wine et Nubian Li.

Après tout, "nous ne pouvons pas céder nos espaces virtuels à ceux qui trafiquent le mensonge, la peur et la haine", a déclaré le secrétaire général António Guterres lors du lancement de "Verified".