Morissanda Kouyat茅, co-laur茅at du Prix Nelson Rolihlahla Mandela 2020 des Nations Unies, 茅tait 脿 New York pour recevoir son prix le 18 juillet dernier, 脿 l'occasion de la Journ茅e internationale Nelson Mandela. M. Kouyat茅, aujourd'hui Ministre des affaires 茅trang猫res de la Guin茅e, a 茅t茅 jusqu'脿 r茅cemment Directeur ex茅cutif du Comit茅 interafricain sur les pratiques traditionnelles affectant la sant茅 des femmes et des enfants (IAC), et une figure de proue des efforts visant 脿 mettre fin 脿 la violence contre les femmes en Afrique, y compris les mutilations g茅nitales f茅minines (MGF). Il s'est entretenu avec Franck Kuwonu sur ce que le prix repr茅sente pour lui et sur ce qui a chang茅 depuis qu'il l'a remport茅.
Parlant d'arsenal, le fait d'锚tre Ministre des Affaires 茅trang猫res en Guin茅e pourrait-il 锚tre une arme suppl茅mentaire dans votre combat? Comment le conciliez-vous avec vos nouvelles responsabilit茅s politiques ?
Vous savez, le pr茅sident du gouvernement de transition en Guin茅e m'a propos茅 le poste de ministre des affaires 茅trang猫res. Il m'a dit : "Vous devez venir travailler avec votre pays 脿 ce poste". Je suis entr茅e dans le gouvernement et j'y suis all茅 avec mon combat contre les mutilations g茅nitales.听
Pour vous donner un exemple, d'habitude je bataillais avec les Ministres des Affaires Etrang猫res des diff茅rents pays, les suppliant de faire pression sur leurs gouvernements pour qu'ils adoptent et appliquent des lois contre les violences sexuelles. J'avais l'habitude de faire du porte-脿-porte aupr猫s des Pr茅sidents, des Premiers ministres, pour attirer leur attention. Maintenant, ce sont mes coll猫gues. C'est donc plus facile. Je ne manque aucune occasion de parler des mutilations g茅nitales.
Comment cela se passe ?听
Fantastique ! Les gens se rallient 脿 la cause. Ils savent que je suis entr茅 au gouvernement par le biais de mon combat contre les mutilations g茅nitales f茅minines. Ils savent que je m'exprime avec mon c艙ur. Cela profite aussi 脿 mon pays. Lorsque je parle au nom de mon pays, les gens 茅coutent le message que je porte, car un laur茅at du prix Mandela ne raconterait pas des histoires. Ils estiment qu'il n'osera pas le faire.
Maintenant que vous avez apport茅 du poids et une reconnaissance internationale 脿 la cause, que vous reste-t-il 脿 faire ?
J'ai 茅crit un pamphlet au plus fort de la pand茅mie de VIH, et cette exp茅rience peut 锚tre appliqu茅e m锚me ici. Lorsque nous r茅alisions des projets, des programmes contre les mutilations, contre les pratiques qui affectent les femmes, et que nous plaidions pour des lois visant 脿 prot茅ger les femmes, l'un des obstacles 茅tait l'argent. On nous disait qu'il n'y avait pas d'argent, pas de fonds pour cela, et nous comprenions.
Mais prenez l'exemple de la pand茅mie de COVID-19. Les pays ont mis 脿 disposition des milliards de dollars. Je dis bien des milliards, pas des millions de dollars, donc il y a de l'argent. Certes, la pand茅mie a fait beaucoup de victimes, mais les MGF handicapent des millions de femmes. Donc, en termes de poids social, sociologique et 茅conomique de l'impact, les deux sont comparables. Sauf que la pand茅mie est spectaculaire et attire donc davantage l'attention. C'est un point positif pour moi car d茅sormais, personne ne peut me dire qu'il n'y a pas d'argent.
Qu'allez-vous retenir de New York que vous pourriez partager 脿 votre retour en Guin茅e ?
Je retiendrai l'engagement et la reconnaissance par la communaut茅 internationale du combat que nous menons. C'est un combat qui est maintenant reconnu par le monde entier. Nous devons donc continuer.听
