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Que sont exactement les syst猫mes d'armes autonomes (SAA) et en quoi sont-ils diff茅rents des armes conventionnelles ?

Les armes autonomes sont de nouvelles armes tr猫s puissantes con莽ues pour s茅lectionner, cibler et engager sans intervention humaine significative. La diff茅rence avec les armes conventionnelles est simple : le facteur humain. Souvenez-vous que les deux bombes atomiques qui ont d茅vast茅 les villes japonaises pendant la Seconde Guerre mondiale ont 茅t茅 largu茅es par des 锚tres humains qui ont soigneusement s茅lectionn茅 les cibles. Elles ont caus茅 un 茅norme carnage, mais il 茅tait facile de d茅terminer qui 茅tait responsable de leur utilisation. Les armes autonomes d茅cident de tuer ou de d茅truire des cibles sans qu'aucun 锚tre humain ne participe au processus. Il est difficile de rendre compte d'une d茅cision aussi grave.

Que pensez-vous de l'urgence exprim茅e par le Secr茅taire g茅n茅ral des Nations Unies pour une action internationale sur les SAA ?

C'est un appel que nous soutenons pleinement. Comme vous le savez, M. Guterres a lanc茅 cet appel dans une d茅claration conjointe avec Mme Mirjana Spoljaric Egger, pr茅sidente du Comit茅 international de la Croix-Rouge (CICR), le 5 octobre 2023. Il a qualifi茅 les armes 脿 feu l茅tales de moralement r茅pugnantes et politiquement inacceptables, appelant 脿 leur interdiction en vertu du droit international.

Pourquoi le monde doit-il se pr茅occuper de la prolif茅ration des armes 脿 sous-munitions ?

Il existe des raisons 茅thiques, juridiques et pratiques pour lesquelles le monde doit se pencher sur cette question d猫s maintenant. Les machines et les algorithmes ne devraient pas prendre de d茅cisions de vie ou de mort, et c'est ce que les armes autonomes sont con莽ues pour faire. Sur le plan 茅thique, c'est 茅pouvantable.

Il existe 茅galement un aspect juridique fondamental : si des machines doivent prendre des d茅cisions de vie ou de mort dans le cadre d'une guerre, qui peut 锚tre tenu responsable des crimes de guerre potentiels, des ex茅cutions extrajudiciaires et de l'utilisation ill茅gale d'armes ?

Les syst猫mes d'armes autonomes pr茅sentent d'茅normes risques pour la s茅curit茅 mondiale : ils augmentent le risque d'escalade involontaire et de guerres 茅clairs, et ils abaissent le seuil de d茅clenchement de la guerre. Ils sont faciles 脿 faire prolif茅rer et pourraient facilement 锚tre utilis茅s comme armes de destruction massive pour des assassinats cibl茅s, 脿 la fois par des acteurs 茅tatiques et non 茅tatiques.

Quels sont les facteurs qui contribuent 脿 la popularit茅 croissante des SAA en tant que moyens militaires ?

Ils sont tr猫s pratiques. Les puissances militaires sont souvent r茅ticentes 脿 prendre des risques : elles ne veulent pas subir elles-m锚mes de lourdes pertes, mais pr茅f猫rent les infliger 脿 leurs ennemis. C'est ce que les syst猫mes d'alerte avanc茅e font pour eux. Ils laissent aux machines le soin de d茅cider des cibles 脿 atteindre. Cela aussi est pratique.

Il devient difficile, d'un point de vue juridique, de rendre compte des d茅cisions qu'ils ont prises. Les 锚tres humains doivent rester responsables de la conduite des guerres, y compris des d茅cisions de ciblage. Les syst猫mes d'armes autonomes augmentent le risque de pertes civiles 脿 grande 茅chelle.

Comment la prolif茅ration du sida affecte-t-elle l'Afrique ?

Nous sommes une r茅gion vuln茅rable. Les grandes puissances militaires investissent dans des technologies qui r茅duisent le contr么le humain. Cette dynamique profite aux fabricants d'armes et d茅tourne des ressources importantes de la consolidation de la paix et du d茅veloppement durable. L'utilisation des syst猫mes d'alerte avanc茅e pourrait renforcer la capacit茅 des pays fortement militaris茅s 脿 infliger des violences en toute impunit茅. En appelant 脿 un nouvel accord international juridiquement contraignant sur les armes l茅g猫res, les 脡tats membres de la CEDEAO esp猫rent emp锚cher l'escalade de la domination militaire par les pays les plus militaris茅s.

Comment les pays africains peuvent-ils emp锚cher la diffusion de ces armes ?

脌 la suite de l'appel lanc茅 par le Secr茅taire g茅n茅ral des Nations Unies, plus de 115 脡tats soutiennent aujourd'hui fermement l'ouverture de n茅gociations sur un trait茅. La conf茅rence de la CEDEAO, tenue 脿 Freetown les 17 et 18 avril 2024 et accueillie par le pr茅sident Julius Maada Bio de la Sierra Leone, 茅tait une r茅ponse 脿 une r茅solution de l'Assembl茅e g茅n茅rale des Nations Unies sur les syst猫mes d'armes autonomes l茅taux adopt茅e le 22 d茅cembre 2023. Cette r茅solution soutient l'appel du Secr茅taire g茅n茅ral.

Le communiqu茅 publi茅 脿 l'issue de la conf茅rence a affirm茅 le soutien collectif de la r茅gion aux n茅gociations d'un instrument juridiquement contraignant visant 脿 interdire les armes autonomes sans contr么le humain significatif.

En quoi des 茅v茅nements tels que la conf茅rence de Freetown contribuent-ils 脿 l'茅laboration d'un trait茅 sur les armes l茅g猫res et de petit calibre ?

De mani猫re significative. La conf茅rence de la CEDEAO 脿 Freetown a fait suite 脿 d'autres conf茅rences r茅gionales organis茅es dans le monde entier pour sensibiliser au probl猫me et d茅finir une approche r茅gionale commune en faveur d'un accord juridiquement contraignant sur les armes l茅g猫res et de petit calibre. Le Costa Rica en a organis茅 une, tout comme les Philippines. Une autre conf茅rence a eu lieu dans les Cara茂bes, 脿 Trinit茅-et-Tobago.

Il convient de rappeler que tous les 脡tats membres de la CEDEAO ne sont pas parties 脿 la Convention sur certaines armes classiques (CCAC) et qu'ils n'ont pas particip茅 aux discussions mondiales sur les armes l茅g猫res et de petit calibre. La conf茅rence de Freetown a permis 脿 ces pays de participer 脿 ces discussions.

Pourquoi la Sierra Leone joue-t-elle un r么le de premier plan dans les efforts de plaidoyer en faveur d'un trait茅 sur les armes l茅g猫res ?

Comme vous le savez, la Sierra Leone est un membre non permanent du Conseil de s茅curit茅 des Nations Unies. Nous sommes 茅galement membres du Conseil de paix et de s茅curit茅 de l'Union africaine.

Le pr茅sident Bio a d茅clar茅, lors de l'ouverture de la conf茅rence 脿 Freetown, que la Sierra Leone 茅tait profond茅ment engag茅e dans la sauvegarde de la paix et de la s茅curit茅 dans notre r茅gion. Nous comprenons les effets d茅stabilisants des conflits militaires qui peuvent durer des g茅n茅rations. Nous sommes devenus les champions du contr么le des armes et du d茅sarmement au niveau mondial.

Le pr茅sident a commenc茅 sa carri猫re en tant qu'officier militaire et a fait partie du premier groupe de soldats de la paix envoy茅s au Liberia au d茅but des ann茅es 1990, alors que ce pays 茅tait en pleine guerre civile. Il sait que si nous ignorons la question des armes autonomes dans notre arri猫re-cour, nous le faisons 脿 nos risques et p茅rils.

Quelles sont les principales difficult茅s et complexit茅s li茅es 脿 la n茅gociation d'un instrument juridiquement contraignant pour r茅glementer les armes l茅g猫res et de petit calibre, compte tenu de la diversit茅 des perspectives et des int茅r锚ts des diff茅rents pays ?

Tous les trait茅s internationaux, en particulier ceux portant sur les armes, ont tendance 脿 锚tre complexes, et les n茅gociations qui y aboutissent peuvent 锚tre longues et difficiles. On entend souvent dire qu'un trait茅 serait inefficace si les pays utilisant les SAP n'y adh茅raient pas. Mais avec le droit international, il est possible de d茅terminer les responsabilit茅s, que les 脡tats soient parties ou non. Cela a un poids moral et pratique important. Une majorit茅 de pays est favorable 脿 un trait茅 sur les SAA. Ne l'oublions pas. Mais certains pays et int茅r锚ts puissants s'opposent 脿 l'ouverture m锚me de telles n茅gociations. Cela ne doit pas d茅courager la majorit茅. Nous devons tous nous efforcer d'茅viter une course aux armements dans ce domaine.