La r茅union a eu lieu 脿 New York, en juillet. Dans cet entretien avec Franck Kuwonu d'Afrique Renouveau, l'ambassadeur Kimani, pr茅sident de la septi猫me r茅union biennale des 脡tats (BMS7) charg茅e d'examiner le Programme d'action en vue de pr茅venir, combattre et 茅liminer le commerce illicite des armes l茅g猫res sous tous ses aspects (PoA) et son instrument international de tra莽age (ITI), parle de la prolif茅ration des armes 脿 feu dangereuses en Afrique et salue les efforts d茅ploy茅s pour tracer les munitions.
En tant que pr茅sident de la r茅union, quels sont, selon vous, les principaux enseignements 脿 en tirer ?听
C'茅tait un grand privil猫ge pour le Kenya et, je pense, pour l'Afrique, de pr茅sider la septi猫me r茅union biennale des 脡tats, car si vous regardez les diff茅rentes situations de conflit en Afrique, l'impact des armes l茅g猫res et de petit calibre est tellement destructeur. Le fusil AK-47 a probablement fait plus de victimes africaines que de nombreuses maladies. Il est donc extr锚mement important que l'Afrique fasse partie de ce cadre mondial pour la s茅curit茅 de nos populations et de nos 脡tats.
Il s'agissait de la premi猫re conf茅rence sur le d茅sarmement depuis le d茅but du COVID-19. D'autres conf茅rences ont 茅t茅 report茅es 脿 cause de la pand茅mie et nous avons d没 faire pression pour tenir cette r茅union. De nombreuses d茅l茅gations ont eu beaucoup de mal 脿 se r茅unir sur des plateformes virtuelles de t茅l茅conf茅rence, mais finalement, nous avons pu nous r茅unir et obtenir un r茅sultat unanime : 114 voix en faveur, z茅ro contre et z茅ro abstention.听
Dans ce r茅sultat, nous avons reconnu la n茅cessit茅 d'une participation 茅gale et compl猫te des femmes et de la soci茅t茅 civile 脿 tous les processus de prise de d茅cision et de mise en 艙uvre li茅s au programme d'action.
Il a 茅galement 茅t茅 reconnu que le d茅bat sur les armes illicites devait 茅galement inclure les munitions. Une discussion parall猫le est en cours 脿 ce sujet, mais il s'agit d'une question importante car elle est d茅battue depuis 20 ans. Ce point a fait l'objet d'un accord lors d'une des r茅unions, il y a quelques ann茅es, mais certains pays ont demand茅 un vote sur ce paragraphe sp茅cifique pour montrer leur d茅saccord. Mais cette fois-ci, ces m锚mes pays, par exemple les 脡tats-Unis, ont adopt茅 le paragraphe, montrant ainsi que nous avan莽ons.
Le tra莽age, la gestion des stocks et l'茅mergence de nouvelles technologies dans la fabrication d'armes ont 茅t茅 les principaux th猫mes abord茅s ?听
Le tra莽age, bien s没r, est le c艙ur du probl猫me. Il s'agit de l'identification et du tra莽age fiables des armes depuis leur lieu de fabrication jusqu'aux utilisateurs finaux et de la reconnaissance des points de d茅tournement. Il s'agit de l'identification et du tra莽age fiables, de la collecte, de l'enregistrement ad茅quat et de la publication d'informations qui renforceraient la transparence et la responsabilit茅.听
Un autre aspect est la gestion s茅curis茅e des stocks nationaux, qui contribue 脿 freiner la prolif茅ration. Ainsi, lorsque vous n'锚tes pas en mesure de prot茅ger les armes l茅g猫res et de petit calibre l茅gales que vous poss茅dez, elles sont d茅tourn茅es du march茅 l茅gal vers le march茅 illicite.
Programme d'action sur les armes l茅g猫res et de petit calibre - Septi猫me r茅union biennale des 脡tats
En 2001, les pays ont adopt茅 le Programme d'action en vue de pr茅venir, combattre et 茅radiquer le commerce illicite des armes l茅g猫res sous tous ses aspects. Dans ce programme, les gouvernements ont convenu d'am茅liorer les r茅glementations nationales sur les armes l茅g猫res, de renforcer la gestion des stocks, de veiller 脿 ce que les armes soient marqu茅es de mani猫re appropri茅e et fiable, d'am茅liorer la coop茅ration en mati猫re de tra莽age des armes et de s'engager dans une coop茅ration et une assistance r茅gionales et internationales.
Marquage, tenue de registres et tra莽age
En 2005, l'Assembl茅e g茅n茅rale a adopt茅 l'Instrument international de tra莽age (ITI), qui fournit sp茅cifiquement un cadre pour la coop茅ration en mati猫re de tra莽age des armes - remplissant ainsi l'un des engagements pris par les gouvernements dans le Programme d'action.
L'am茅lioration du tra莽age des armes fait 茅galement partie de l'Agenda 2030 pour le d茅veloppement durable.
Les r茅unions et les rapports nationaux sur le Programme d'action et l'ITI sont toujours combin茅s.
Examen p茅riodique de la mise en 艙uvre
Une conf茅rence d'examen des progr猫s accomplis dans la mise en 艙uvre du Programme d'action est convoqu茅e tous les six ans. Entre les conf茅rences d'examen, des r茅unions biennales des 脡tats (RBE) sont organis茅es. En outre, les 脡tats ont organis茅 des r茅unions d'experts gouvernementaux (MGE) afin de b茅n茅ficier des connaissances de sp茅cialistes techniques sur les questions relatives au contr么le des armes l茅g猫res et de petit calibre.
听
Apparemment, l'application de nouvelles technologies - l'utilisation de mat茅riaux tels que les polym猫res, l'impression en 3-D et d'autres conceptions modulaires - rend plus difficile la question du tra莽age ? Les participants 脿 la r茅union sont-ils parvenus 脿 un accord sur la marche 脿 suivre ?
Eh bien, ces technologies 茅mergentes visent 脿 am茅liorer les performances de ces armes et 脿 r茅duire les co没ts de leur fabrication, mais elles cr茅ent de nouveaux d茅fis pour leur tra莽age ou leur d茅tection.
Certaines sont fabriqu茅es dans des mat茅riaux qui emp锚chent les scanners de les d茅tecter aux diff茅rents points de s茅curit茅. Il est concevable que quelqu'un puisse mettre une telle arme dans un sac et qu'un scanner ne puisse pas la d茅tecter. La technologie 茅volue tr猫s vite et de nombreux pays ont du mal 脿 rattraper leur retard en termes de ressources humaines et financi猫res.听
Nous avons convenu que cette question ferait partie de la prochaine conf茅rence d'examen en 2023 afin que nous puissions discuter davantage de la mani猫re de marquer, d'enregistrer et de tracer ces types d'armes, en particulier celles qui risquent de tomber entre les mains de terroristes ou de se retrouver dans des zones de conflit. J'esp猫re qu'entre aujourd'hui et 2023, il y aura plus de discussions sur ce sujet et, franchement, plus de renforcement des capacit茅s pour les pays qui ont des difficult茅s.听
Vous parlez de pays qui traversent des p茅riodes difficiles. Les pays en d茅veloppement sont-ils les seuls 脿 avoir du mal 脿 rattraper les nouvelles technologies ou s'agit-il d'un probl猫me g茅n茅ral ?
Il est tr猫s r茅pandu. En fait, seule une poign茅e de pays rel猫ve le d茅fi technologique. La majeure partie du monde essaie encore de rattraper son retard. Et c'est vraiment une course entre ceux qui fabriquent ces armes et ceux qui les r茅glementent, pour s'assurer que les r茅gulateurs ont les capacit茅s de suivre les fabricants. Comme vous le savez, les fabricants se trouvent dans un petit nombre de pays. Il s'agit donc d'un probl猫me mondial, vraiment.听
Qu'en est-il de la gestion des stocks ? Diriez-vous que les explosions malheureuses dans des armureries en Guin茅e 茅quatoriale en mars de cette ann茅e et l'autre 脿 Beyrouth, l'ann茅e pr茅c茅dente, ont soulign茅 la n茅cessit茅 d'une meilleure gestion ?听
De nombreux stocks d'armes d茅passent les besoins imm茅diats et m锚me, parfois, les besoins futurs pr茅vus. Lorsqu'il y a un conflit et que la gestion de ces stocks est faible, ces armes sont parfois d茅tourn茅es vers des trafics illicites. Mais je pense - bien s没r, je suis d茅sol茅 de la trag茅die de Beyrouth - que le meilleur exemple de cette question sp茅cifique est celui des stocks d'armes qui sont apparus en Libye avec la chute du gouvernement de Kadhafi. Ces stocks 茅taient immenses. Le conflit les a essentiellement ouverts et ces armes se sont r茅pandues dans le Sahel. Aujourd'hui, les milliers d'Africains qui ont 茅t茅 tu茅s au Sahel par des groupes terroristes ont 茅t茅 tu茅s par les stocks d茅tourn茅s de la Libye apr猫s la chute de ce gouvernement. En fait, le stock d'armes dont disposait le gouvernement libyen 茅tait bien sup茅rieur 脿 ses besoins. Et maintenant, beaucoup de ces armes font leur chemin, de main en main, 脿 travers le Sahel et d'autres parties de l'Afrique.听
D'o霉 la question suivante : les pays du Sahel avaient-ils des attentes sp茅cifiques avant la r茅union ?听
Cette question va au-del脿 du Programme d'action et concerne une partie du travail que nous effectuons au Conseil de s茅curit茅. Les organisations terroristes au Sahel suscitent beaucoup d'inqui茅tude. Certaines d'entre elles ont pouss茅 des 脡tats presque au bord du gouffre. Au Mali, il a fallu l'intervention d'une force des Nations Unies pour retenir ces groupes terroristes. Il s'agit en fait d'une question qui concerne l'ensemble de l'Afrique, car si vous regardez la carte de l'Afrique, vous verrez une prolif茅ration d'organisations terroristes qui ont des liens id茅ologiques ou politiques avec Al-Qaida et ISIS. Et ces terroristes se sont repli茅s d'autres parties du monde vers diff茅rents pays africains. Je pense qu'ils constituent l'un des d茅fis les plus puissants et les plus dangereux auxquels l'Afrique doit faire face actuellement.听
Il y a quelques jours, vous avez dit qu'un AK-47 ne tue pas. Ce qui tue, ce sont les balles. Que vouliez-vous dire ?听
Le Programme d'action s'est coarmes 脿 feu. Mais une arme sans munitions ne sert presque 脿 rien. Il semble donc logique que les munitions soient au centre de la discussion sur les armes l茅g猫res et de petit calibre. L'acquisition ou la contrebande de munitions repr茅sente un grave danger et un risque pour nous tous. Nous sommes heureux que les munitions soient maintenant au c艙ur de la discussion. Un autre processus est en cours 脿 l'Assembl茅e g茅n茅rale sur la question des munitions. J'attends avec impatience que ce processus soit achev茅 et que ses recommandations et conclusions soient int茅gr茅es au Programme d'action 脿 l'avenir.听
En tant que repr茅sentant permanent du Kenya, y avait-il des attentes de la part de votre pays ? Si oui, quelles 茅taient-elles et ont-elles 茅t茅 satisfaites ?
Eh bien, le Kenya est l'un des chefs de file de ce programme. Nous avons un centre r茅gional sur les armes l茅g猫res qui est un centre d'excellence. Nos fronti猫res sont poreuses. Nous vivons dans une r茅gion instable et fragile, les armes l茅g猫res et de petit calibre illicites ont un prix sur la vie des Kenyans. Ainsi, en menant ce processus, nous esp茅rons que les vies kenyanes pourront 锚tre mieux prot茅g茅es.听
Une derni猫re r茅flexion, notamment sur les jeunes ? Ils semblent 锚tre facilement attir茅s par la violence arm茅e.
Quand on est jeune, on a une longue vie devant soi. Et ce que cela signifie, c'est que beaucoup de vos r锚ves et de vos aspirations n茅cessitent la paix et la s茅curit茅 pour 锚tre r茅alis茅s. La paix et la s茅curit茅 sont un bien public et chacun doit y contribuer.
Et les jeunes doivent savoir que si nous avons la s茅curit茅, nous avons une chance de travailler pour la paix qui d茅coule d'une population nationale et continentale plus coh茅sive. Le jour o霉 nous aurons cette coh茅sion, le jour o霉 nous ne serons plus mal 脿 l'aise en tant qu'Africains au point de nous battre les uns contre les autres, nous deviendrons le continent le plus riche et le plus dynamique de la plan猫te. Nous sommes un g茅ant endormi. La paix et la s茅curit茅 nous r茅veilleront.听
