Lorsque Daniel Okhilua, professeur de soins infirmiers nig茅rian am茅ricain bas茅 脿 Chicago, a d没 se rendre dans sa ville natale au Nigeria en mai dernier, il 茅tait si inquiet pour sa s茅curit茅 qu'il a gard茅 son plan de voyage secret.
"J'avais vraiment peur 脿 cause des histoires d'enl猫vements, de vols et de d茅c猫s dans tout le Nigeria qui circulent sur les m茅dias sociaux. J'ai donc pr茅vu de me faufiler 脿 Ekpoma, d'y passer quelques jours et de repartir en douce."听
Avec une population d'environ 200 000 habitants, Ekpoma est le si猫ge administratif de la zone de gouvernement local (LGA) d'Esan West, dans l'脡tat d'Edo, au centre-ouest du Nigeria.
Le Dr Okhilua dit avoir 茅t茅 surpris de constater qu'"Ekpoma 茅tait relativement paisible. J'ai fini par rester un mois, le plus long s茅jour que j'ai effectu茅 ces derni猫res ann茅es. J'ai pass茅 un bon moment".听
Il doit remercier la police et les habitants d'Ekpoma pour la s茅curit茅 de son voyage et la tranquillit茅 de son s茅jour, r茅sultat d'une police de proximit茅 efficace dans la ville.听
Le commissaire Olubayo Ajao, officier de police divisionnaire (DPO) pour Ekpoma, Esan West, explique la philosophie sous-jacente de la police de proximit茅 : "La police et la communaut茅 ont un objectif commun : lutter contre la criminalit茅 afin que les gens puissent vivre en paix et en harmonie. Par cons茅quent, les deux n'ont d'autre choix que de travailler ensemble pour atteindre cet objectif commun".
La police communautaire repose sur l'茅tablissement par les forces de police de relations avec les personnes vivant dans leurs zones d'op茅ration, qui 脿 leur tour soutiennent les officiers dans leur travail.
M. Ajao r茅sume ce mod猫le de police en trois mots : "Police de r茅solution de probl猫mes".听
Il a 茅tudi茅 l'histoire 脿 l'universit茅 de Lagos et 茅tait membre du contingent de police nig茅rian qui a particip茅 aux op茅rations de maintien de la paix des Nations Unies au Liberia entre 2007 et 2008.听
Pourquoi M. Ajao est-il un h茅ros populaire dans la communaut茅 apr猫s avoir pass茅 脿 peine un an 脿 Ekpoma ? "C'est une personne ordinaire, totalement int茅gr茅e dans la communaut茅, qui partage les joies et les peines des gens", explique le Dr Okhilua.
En m锚me temps, selon Felix Obhakhan, un habitant d'Ekpoma, "Il (M. Ajao) est un officier de police qui n'a pas froid aux yeux, il est dur avec les criminels".
La situation en mati猫re de s茅curit茅 茅tait auparavant assez pr茅occupante, mais "gr芒ce au partenariat entre la police et la communaut茅, sous l'impulsion de la direction de la police et d'autres personnes, il y a eu de grandes am茅liorations", d茅clare le chef Paul Itua, un leader communautaire et avocat.
Afrique Renouveau a observ茅 les comp茅tences de M. Ajao en mati猫re d'茅tablissement de relations, un dimanche de mai.
Il a assist茅 脿 un service religieux le matin, s'est habill茅 avec des v锚tements locaux et s'est assis au dernier rang, sans rien dire. Apr猫s le service, il est rest茅 un peu plus longtemps 脿 l'ext茅rieur des locaux de l'茅glise 脿 bavarder avec un groupe de personnes - jeunes et vieux, femmes et hommes.
Cet apr猫s-midi-l脿, il 茅tait l'un des centaines de personnes pr茅sentes 脿 un enterrement. Il se tenait tranquillement dans un coin, saluant rapidement les personnes qui le reconnaissaient tandis que ses yeux scrutaient les environs.听
Vers 18 heures le m锚me jour, il a particip茅 脿 une r茅union des chefs de communaut茅, organis茅e pour discuter de la paix et de la s茅curit茅 dans le LGA. Il a apport茅 des mangues fra卯chement cueillies pour le groupe.
M. Ajao participe activement 脿 la conversation qui d茅vie, par intermittence, de la s茅curit茅 vers l'histoire, la religion ou Covid-19.听
"C'est un fr猫re. Nous avons de la chance de l'avoir ici", a not茅 M. Obhakhan, qui a convoqu茅 la r茅union.
M. Ajao affirme que la relation entre la police et la communaut茅 aide 脿 la collecte de renseignements. "Nous recevons beaucoup d'informations de la population, ce qui nous aide 脿 茅touffer le crime dans l'艙uf. Nous avons arr锚t茅 de nombreux kidnappeurs. Je suis personnellement impliqu茅 dans de telles op茅rations. Nous avons r茅cup茅r茅 des armes et remis les criminels pour qu'ils soient poursuivis."听
Mais il n'h茅site pas 脿 remercier l'inspecteur g茅n茅ral de la police (IGP) Baba Usman Alkali et le commissaire de police (CP) du commandement de l'脡tat d'Edo, Philip Aliyu Ogbadu.
"Ils nous ont form茅s 脿 la police de proximit茅 et continuent de nous encourager et de nous motiver 脿 en faire plus", explique-t-il. "Le CP dirige personnellement les 茅quipes de patrouille le jour et la nuit. J'essaie de l'imiter."
La Force de police du Nigeria (NPF) est encore largement mal 茅quip茅e, bien que la police communautaire contribue 脿 susciter diverses formes de soutien non gouvernemental pour l'茅quipe de police d'Ekpoma. Il n'y a pas longtemps, un individu anonyme a fait don d'un v茅hicule op茅rationnel 脿 l'茅quipe de police de la ville.听
Un autre r茅sultat du partenariat entre la police et la communaut茅 est la formation d'un groupe de plus de 1 000 jeunes appel茅s "Atanakpa" (qui signifie "tigres") pour aider 脿 combattre la criminalit茅 dans l'Esanland. Les membres d'Atanakpa fournissent des conseils utiles 脿 la police et les deux groupes s'engagent parfois dans une poursuite conjointe des criminels.
La police a form茅 les membres du groupe Atanakpa sous les auspices d'Edo State Network Security et avec le soutien du gouverneur de l'脡tat, Godwin Obaseki.
Leur mantra est le suivant : "Voyez quelque chose, dites quelque chose".听
Le directeur d'Edo State Network Security (Atanakpa-Esan) et leader communautaire, Joel Aidamebor, confirme que "nous travaillons tr猫s bien avec la police, tant avec M. Ajao qu'avec les commandants de zone. Nous compl茅tons leurs efforts."
En 2019, la NPF a relanc茅 la police communautaire, bien que les autorit茅s polici猫res aient sond茅 le concept depuis des d茅cennies. L'initiative implique le recrutement de 40 000 agents de police communautaire pour les 774 LGA du Nigeria. Les agents nouvellement recrut茅s serviront dans leurs communaut茅s respectives, en tirant parti de leur connaissance approfondie de ces derni猫res.
Outre l'urgence de recruter davantage d'agents, la mise en 艙uvre efficace de la police de proximit茅 au Nigeria d茅pend 茅galement de la r茅solution des probl猫mes culturels, institutionnels et logistiques des FNP.听
Par exemple, les 300 000 officiers du Nigeria pour une population de 200 millions d'habitants repr茅sentent environ un officier de police pour 667 citoyens, ce qui reste inf茅rieur 脿 la norme recommand茅e au niveau international d'au moins un officier de police pour 450 citoyens.
En outre, il existe une perception de la propension des FNP 脿 faire un usage excessif de la force sur les citoyens. En 2020, la Special Anti-Robbery Squad (SARS) a 茅t茅 accus茅e d'ex茅cutions extrajudiciaires et de brutalit茅, d茅clenchant la campagne Twitter #EndSars et les 茅meutes qui ont suivi. Le gouvernement a par la suite d茅mantel茅 les SARS.
Malgr茅 ces d茅fis, nombreux sont ceux qui pensent qu'une mise en 艙uvre efficace de la police de proximit茅 脿 l'茅chelle nationale pourrait 锚tre au c艙ur de la r茅ussite des efforts visant 脿 r茅inventer les FNP.
M. Ajao est confiant dans la r茅ussite de ce projet car "l'IGP et le CP sont rompus 脿 l'art de la police communautaire et sont d茅termin茅s 脿 r茅ussir".
C'est peut-锚tre vrai, mais pour les habitants d'Ekpoma, les policiers avec lesquels ils travaillent, dirig茅s par M. Ajao, sont d茅sormais une famille. "La synergie entre la police et la communaut茅 fonctionne et c'est un d茅veloppement bienvenu", d茅clare le chef Itua.
