La c茅l猫bre industrie bovine du Zimbabwe, qui s鈥檈st effondr茅e dans les ann茅es 2000 脿 la suite de l鈥櫭﹑id茅mie de fi猫vre aphteuse, est en train de rebondir.
Les exportations mondiales de viande de ce pays d鈥橝frique australe ont repris en 2017, 10 ans apr猫s s鈥櫭猼re effondr茅es avec l鈥櫭ヽonomie du pays. Outre la fi猫vre aphteuse, l鈥檌ndustrie bovine a 茅t茅 p茅nalis茅e par des sanctions 茅conomiques, contribuant 脿 l鈥檋yperinflation, l鈥檃ccroissement de la dette ext茅rieure et l鈥檕bsolescence des flottes de transport. La mauvaise gestion des exploitations a aggrav茅 la situation.
Le pr茅sident Emmerson Mnangagwa, entr茅 en fonction en novembre 2017, s鈥櫭﹙ertue d茅sormais 脿 s茅duire les investisseurs afin de relancer l鈥檃ctif le plus strat茅gique du pays.
Une injection de capitaux de 48 millions de dollars d鈥檌nvestisseurs priv茅s du Rwanda, de Suisse et des 脡mirats arabes unis a permis de relancer l鈥檌ndustrie bovine, qui a 茅galement b茅n茅fici茅 en 2018 d鈥檜n accord de partenariat d鈥檌nvestissement de 130 millions de dollars entre la Cold Storage Commission, (CSC), l鈥檈ntreprise publique de transformation du b艙uf du Zimbabwe, et Boustead Beef, une entreprise britannique internationale.
La caisse de retraite du pays, la National Social Security Authority, s鈥檈st 茅galement engag茅e 脿 investir 18 millions de dollars dans la CSC.
Le bon vieux temps
Des technologies de reproduction novatrices, y compris l鈥檌ns茅mination artificielle, ont 茅t茅 utilis茅es avec succ猫s sur une nouvelle race de taureaux et de g茅nisses, ce qui a permis de d茅gager d鈥檌mportants revenus.
Les agriculteurs r锚vent encore de l鈥櫭﹑oque glorieuse des ann茅es 1990, lorsqu鈥檌ls suscitaient l鈥檈nvie de tous leurs voisins d鈥橝frique australe. Les troupeaux du Zimbabwe d茅passaient alors les 1,4 millions de t锚tes et d茅gageaient environ 50 millions de dollars par an avec les exportations vers le march茅 europ茅en, en particulier le Royaume-Uni, l鈥橝llemagne et les Pays-Bas. Dans la plupart des r茅gions productrices du Zimbabwe, les ventes repr茅sentaient environ 80 % des revenus.
脌 l鈥櫭﹑oque, la Cold Storage Commission, propri茅t茅 de l鈥櫭塼at, avait le privil猫ge de recevoir un acompte de 15 millions de dollars avant la livraison.
Isaiah Machingura, Directeur Marketing du CSC, attribue le rebond au fait que 芦 le Royaume-Uni a ouvert de grands march茅s. Notre produit en conserve est l鈥檜n des meilleurs. Nous pouvons abattre 700 b锚tes par jour. Nous d茅sossons et emballons avant d鈥檈xporter. Le b艙uf zimbabw茅en figure parmi les meilleurs. Il arrive en deuxi猫me position apr猫s le b艙uf 茅cossais 禄, dit-il, faisant r茅f茅rence 脿 une race populaire.
Autrefois le monopole d鈥檜n petit nombre d鈥檃griculteurs blancs, l鈥檌ndustrie bovine en pleine expansion attire des milliers d鈥檃griculteurs ruraux.
La nouvelle approche du CSC consiste 脿 茅largir la cha卯ne de valeur du b艙uf avec cinq nouveaux produits : la langue de b艙uf, le bifteck cuit, le b艙uf en conserve, les queues (pour les brosses) et le suif (pour le savon).
Les 茅leveurs de bovins et les abattoirs s鈥檃daptent en cons茅quence. Makera Cattle Company (MCC), boucherie bovine locale, g猫re des centaines de taureaux et forme actuellement 10 000 agriculteurs ruraux pour qu鈥檌ls deviennent des experts en sant茅 animale.
芦 Nous avons commenc茅 avec un troupeau de vaches Tuli, originaires du Zimbabwe et r茅put茅es pour leur fertilit茅 禄, explique Max Makuvise, directeur g茅n茅ral de la MCC. 芦 Une vache Tuli peut v锚ler tous les 11 mois. La croissance et la conformation peuvent facilement s鈥檃m茅liorer par la s茅lection, mais pas la fertilit茅. 禄
M. Makuvise ajoute que la race Tuli est plus profitable que les autres : elle consomme peu, a besoin de moins d鈥檈space, et le rapport viande/os est meilleur.
芦 Elles v锚lent facilement et les frais v茅t茅rinaires sont minimes. L鈥櫭ヽornage est inutile - une autre r茅duction des d茅penses et des probl猫mes de manutention 禄 affirme M. Makuvise.
Bien qu鈥檈lle soit nouvelle pour les agriculteurs zimbabw茅ens, la g茅n茅tique stimule la croissance de l鈥檌ndustrie. 芦 Pour ce qui est de l鈥檜tilisation des taureaux et de l鈥檌ns茅mination artificielle [IA], nous avons r茅ussi 脿 aider les agriculteurs ruraux 脿 am茅liorer la qualit茅 de leurs troupeaux 禄 ajoute-t-il. 芦 L鈥橧A consiste 脿 r茅soudre les probl猫mes de v锚lage en ins茅rant des pailles de sperme de taureaux de qualit茅 afin d鈥檕btenir une prog茅niture avec des habitudes de p芒turage saines, et qui r茅siste mieux aux maladies. 禄
La Zimbabwe Agricultural Society, charg茅e de promouvoir le d茅veloppement agricole du pays, a annonc茅 en 2018 son intention d鈥檜tiliser 6 000 pailles de semence pour augmenter le nombre de troupeaux.
Probl猫mes persistants
Malgr茅 la croissance de l鈥檌ndustrie bovine, la qualit茅 des troupeaux est toujours pr茅occupante pour les experts.
M. Makuvise explique que la majorit茅 des troupeaux du Zimbabwe se trouvent dans les communaut茅s rurales, et non plus dans des grandes fermes commerciales, ce qui augmente la consanguinit茅 fortement d茅conseill茅e car elle r茅duit le taux de croissance, la fertilit茅 et la vigueur du troupeau.
La corruption des marchands de b艙ufs est un autre probl猫me. Ils ach猫tent des taureaux aux fermiers ruraux 脿 des prix ridiculement bas et font d鈥櫭﹏ormes profits en vendant au CSC.
Pire encore, l鈥檌ndustrie du b艙uf subit la s茅cheresse du changement climatique. 芦 Nous pr锚chons la productivit茅. Doubler la taille du troupeau, c鈥檈st doubler la quantit茅 d鈥檋erbe et d鈥檈au dans les p芒turages. Le changement climatique est une r茅alit茅 禄, pr茅vient M. Makuvise.
Pour rem茅dier 脿 ce probl猫me, il recommande des mesures innovantes telles que 芦 l鈥檃limentation du b茅tail avec des r茅sidus des r茅coltes d鈥檋iver. Nous faisons actuellement des essais sur l鈥檜tilisation de tiges de ma茂s et d鈥檃utres herbes qui auraient 茅t茅 coup茅es pendant la saison des pluies comme compl茅ment alimentaire pour le b茅tail de septembre 脿 novembre. 禄
Muhle Masuku, un fonctionnaire de Livestock Zone, une jeune entreprise de production bovine, recommande aux agriculteurs de continuer 脿 nourrir leurs troupeaux avec des aliments biologiques. 芦 Je crois que notre viande est une niche, non contamin茅e par des aliments inorganiques 禄.
Un autre d茅fi de taille se pose lorsque du b茅tail zimbabw茅en, parfois malade, est abattu sur ordre du minist猫re de l鈥橝griculture du Bostwana, un des principaux fournisseurs de viande bovine de l鈥橴E tr猫s attach茅 au respect des normes internationales de s茅curit茅 applicables aux exportations de viande bovine.
Simangaliphi Ngwabi, sp茅cialiste de l鈥櫭﹍evage du gouvernement zimbabw茅en, d茅clare : 芦 Nous ne pouvons pas reprocher au Botswana d鈥檃battre notre b茅tail. Ils ne peuvent pas risquer la contamination par la fi猫vre aphteuse et ruiner leur licence d鈥檈xportation de l鈥橴E parce que nos agriculteurs laissent leur b茅tail passer la fronti猫re. 禄
Malgr茅 les d茅fis, le secteur actuel du b艙uf est incontestablement meilleur qu鈥檌l ne l鈥櫭﹖ait il y a quelques ann茅es et tout porte 脿 croire qu鈥檈lle n鈥檃 pas d鈥檃utre choix que de continuer 脿 croitre.听 听 听
