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La technologie, un outil de liberté pour les Africaines

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La technologie, un outil de liberté pour les Africaines

Des projets innovants s’attaquent à l’inégalité profonde
Afrique Renouveau: 
9 Avril 2019
Yetunde Sanni co-founded Tech in Pink, an organisation that teaches young girls how to code.
Andela/ Mohini Ufeli
Yetunde Sanni co-founded Tech in Pink, an organisation that teaches young girls how to code.

Les applications de mise en relation entre chauffeurs et passagers prolifèrent partout dans le monde et An Nisa Taxi, lancé l’année dernière au Kenya, est l’une des plus remarquables d’Afrique.

Développée par Mehnaz Sarwar, 33 ans, l’application An Nisa est dirigée par des femmes et estÌý exclusivement destinée aux femmes et aux enfants.

Mme Sarwar a cherché à surmonter deux obstacles : les opportunités d’emploi limitées pour lesÌý femmes dans un secteur à prédominance masculine, et la réticence des femmes à monter à bord des taxis, en raison des abus physiques et même sexuels que commettent parfois les conducteurs. Des abus répétés et qui sont de notoriété publique.

« La priorité d’An Nisa Taxi est de proposer des conductrices compétentes, fiables et dignes de confiance, qu’il s’agisse de vous raccompagner après une soirée, de vous emmener au travail en voiture ou de récupérer vosÌý enfants à l’école », explique la société sur son site Internet.

Dans un article pour le magazine Quartz, une publication commerciale en ligne, le journaliste Osman Mohamed Osman écrit : « Contrairement aux autres entreprises du marché, qui prélèvent 25% sur les bénéfices réalisés par leurs conducteurs, les frais prélevés par An Nisa ne s’élèvent qu’à 10% de ce que les conductrices gagnent à chaque course ». Le journaliste cite Mme Sarwar, qui dit vouloir donnerÌý aux femmes les moyens de jouir d’uneÌý « liberté financière ».

Nouvelles possibilités

Le lancement réussi d’An Nisa souligne les possibilités qu’offrent les nouvelles technologies aux femmes africaines dans des secteurs dominés par les hommes. Il signale aussi une nouvelle répartition des revenus, et montre comment certains services peuvent être déployés pour répondre aux besoins essentiels des femmes – en l’occurrence, le besoin de sécurité .

En Ouganda, Brenda Katwesigye, diplômée de l’Université de Makerere, a fondé Wazi Vision, une société qui offre des tests de vue et des lunettes. Dix pour cent de l’argent versé pour chaque paire achetée en ligne ou par vente directe sert à aider un enfant dans le besoin à acquérir une paire de lunettes. « Pour que ce soit possible,Ìý nous nous rendons directement dans nos communautés pour faire les tests de vue et nous offrons gratuitement des lunettes aux enfants dont les parents ne peuvent pas payer », explique Mme Katwesigye.

Les lunettes, en plastique recyclé, sont conçues en Ouganda et fabriquées en Suisse.

Un kit utilisant la réalité virtuelle permet de proposer des tests de vue à des communautés qui n’ont accès ni aux optométristes, ni à des services de soins ophtalmologiques abordables.

Les activités de l’entreprise reflètent la sensibilité de femmes novatrices ainsi que leurÌý préoccupation pour l’environnement, les enfants et les femmes. Selon Wazi Vision, les lunettes produites par la société coûtent 80% moins cher que les produits similaires ou concurrents .

Au Nigéria, Chika Madubuko a identifié un autre service essentiel : les soins aux personnes âgées. Une tâche stressante qui demande beaucoup de temps et que les femmes africaines sont traditionnellement censées effectuer pour les membres de leur famille.

Elle a lancé Greymate Care,Ìý une plate-forme en ligne regroupant plus de 500 aide-soignants expérimentés et agréés, et 130 médecins et infirmières. Les services aux personnes âgées se réservent facilement via le site Internet de l’entreprise, ce qui permet aux femmes de se concentrer sur leur travail et de gagner leur vie.

La société utilise un système GPS pour suivre les mouvements de son personnel sur le terrain.

Mme Madubuko espère que sa société se développera bien au-delà des frontières du NigériaÌý et créera plusieurs milliers d’emplois sur tout le continent.

Temie Giwa-Tubosun est elle aussi nigériane. Elle a fondé LifeBank (initialement appelé One Percent Project), un service de collecte et de distribution de sang. LifeBank utilise la technologie mobile, les outils Internet et des solutions logistiques intelligentes pour acheminer le sang des laboratoires aux patients et aux médecins des hôpitaux du Nigéria.

Le Nigéria a besoin d’environ 850 000 litres de sang chaque année, mais le ministère de la ³§²¹²Ô³Ùé ne peut en collecter que

240 000 litres. Comme le rapporte le journal nigérian The Guardian, l’intervention de LifeBank arrive à point nommé. La société dispose de 40 banques de sang et dessert 300 hôpitaux. Les boîtes dans lesquelles les coursiers livrent le sangÌý ne peuvent être ouvertes par les destinataires que par connexion Bluetooth définie à l’avance.

« Nous sommes comme Amazon, mais pour les banques de sang », explique Mme Giwa-Tubosun. « Une fois que nous avons reçu leur commande, nous l’envoyons là où sont les besoins, par moto ou par camion ». Depuis 2015, LifeBank a livré 5 200 litres de sang et sauvé au moins 2 500 vies. Mme Giwa-Tubosun a déjà étendu ses activités à la livraison Ìý d’oxygène et espère ajouter vaccins et antivenins à la liste de ses services.

Au Ghana voisin, l’entrepreneur social Josephine Marie Godwyll s’est donné pour mission d’offrir aux enfants, notamment ceux des communautés rurales, des expériences stimulantesÌý d’apprentissage. La société qu’elle dirige, Young at Heart Ghana, se sert de plates-formes numériques pour conduire cesÌý expériences.

Depuis 2013, la société a captivéÌý plus de 5 000 enfants par le biais deÌý plates-formes d’apprentissage et de sensibilisation aux technologies de l’information et de la communication (TIC), des clubs d’apprentissage numériques, des foires et des plates-formes d’apprentissage en ligne.

Réseaux sociaux

Les réseaux sociaux sont aussi devenus un tremplin pour les initiatives féminines. Temraza Haute Couture est une maison de couture égyptienne plusieurs fois primée, spécialisée dans les robes de soirée et de mariée faites à la main. Farida Temraza, sa PDG et créatrice principale, a utilisé avec succès la publicité Facebook pour promouvoir la marque de son entreprise à l’international.

Les annonces vidéo de Temraza Haute Couture ont recueilli des milliers de vues, ce qui a suffi à attirer des milliers de clients vers son site Internet. Ses ventes ont ainsi augmenté de 55% en six mois.

L’activiste américano-nigériane Lola Omolola a fondé Female IN (FIN), un groupe privé sur Facebook qui fait office deÌý réseau de soutien aux femmes du monde entier et partage des histoires de violence domestique, d’agression sexuelle et autres. Les messages les plus populaires récoltent régulièrement un demi-million de vues.

Mme Omolola a lancé FIN en 2014, quand le groupe militant Boko Haram a enlevé près de 300 jeunes filles dans un pensionnat à Chibok, dans le nord-est du Nigéria, provoquant ainsiÌý la campagne mondiale #BringBackOurGirls. Le groupe compte actuellement près d’1,7 million de membres.

Tout aussi remarquable est le travail que Christine Anyumel réalise avec le groupe Facebook Healing Naturally Together (HNT), qu’elle a lancé pour encourager les femmes ougandaises à adopter un mode de vie plus sain, plus naturel et plus durable. HNT est un groupe dynamique de passionnées de phytothérapie, qui ont recours àÌý des remèdes naturels pour se soigner, en particulier dans le domaine de la santé reproductive pour des problèmes tels que l’infertilité, les fibromes et l’obésité.

Le groupe compte près de 600 000 membres venant de partout dans le monde, auxquels il offre des opportunités commerciales, comme la possibilité de vendre des jus naturels ou desÌý aliments biologiques à d’autres membres.

La médecine naturelle n’est pas exempte de critiques et Mme Anyumel et HNT ont subi leur part de contrariétés. Mais elle ne jette pas l’éponge. HNT est devenue une entreprise à part entière spécialisée dans les remèdes homéopathiques et l’alimentation biologique.

En Afrique du Sud, l’application de location de maisons et de chambres Airbnb s’est révélée une aubaine pour de nombreuses femmes hôtesses. Elle a en effet donné un coup de pouce financier particulièrement bienvenu aux mères seules selon des statistiques récentes publiées par la plate-forme de réservation en ligne.

« L’hôtesse sud-africaine typique a gagné près de 2 000 dollars (25 917,10 rands) l’année dernière, soit un revenu supérieur à celui des hôtesses typiques d’autres pays », explique Airbnb.

La société ajoute que « plus de 60% des hôtesses sud-africaines sont des Superhosts – des hôtesses identifiées par Airbnb comme accueillant fréquemment des invités, recevant un grand nombre de critiques cinq étoiles et comme étant particulièrement réceptives aux demandes des voyageurs ».

Au Kenya, Airbnb offre aux femmes de nouveaux moyens de gagner de l’argent et de créer leurs entreprises. Un rapport de la plate-forme coïncidant avec la Journée internationale de la femme du 8 mars 2018 révélait que les Kényanes entrepreneures chez Airbnb finançaient prèsÌý d’un tiers de leurs dépenses ménagères annuelles grâce à la plate-forme et utilisaient ces revenus pour créer leur propre entreprise.

Sur 14 pays étudiés, les cinq principaux pays de femmes hôtesses Airbnb sont le Kenya, où les femmes gagnent 34% des dépenses moyennes des ménages grâce à Airbnb, l’Inde avec 31%, le Maroc (20%), la Chine (19%) et le Japon (15%).

Toutes ces plate-formes et innovations montrent comment la technologie peut briser le monopole masculin sur l’accès au marché et à la société. Il est clair que la technologie moderne peut être un facteur d’égalité.Ìý Ìý


M. Onyango-Obbo est l’éditeur de Afripedia.

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