Des repas pour les écoliers africains
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Des repas pour les écoliers africains
Il y a un an, Fatouma regardait les autres enfants courir à l’école alors qu’elle restait à la maison pour s’occuper de ses frères et sœurs plus jeunes. Depuis, la modique somme de 34 dollars par an a permis à cette jeune Sénégalaise timide de huit ans de faire partie des élèves de la région de Tambacounda, dans l’est du pays. Désormais, les enfants pauvres s’inscrivent à l’école et suivent les cours, attirés par les repas quotidiens qui leur sont distribués.
“Dès mon réveil le matin, je me prépare pour partir à l’école car je sais qu’il y a de la bonne nourriture qui m’y attend, explique Fatouma. Je suis contente d’y passer la journée à apprendre et de ne pas avoir à faire ce long retour à pied le ventre vide. J’aime manger du riz tous les jours. Dans ma famille, on n’en mange que deux ou trois fois par an."
Jean-Noël Gentile, Directeur adjoint national du Programme alimentaire mondial (PAM) au Sénégal, explique que la distribution de repas quotidiens à l’école incite les parents à inscrire leurs enfants et encourage ces derniers à rester à l’école. Le PAM finance la plupart de ces programmes, mais les parents versent 300 francs CFA, soit environ 60 centimes américains par mois, pour acheter les condiments et le poisson. Ceux qui n’ont pas les moyens participent à la préparation des repas ou fournissent du bois pour la cuisine.
Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), projet et cadre stratégique adopté par les dirigeants africains en juillet 2001, fait de l’éducation un élément prioritaire de la relance du continent. Les autorités chargées de la réalisation des objectifs du NEPAD coopèrent avec des partenaires, comme le PAM, pour que tous les enfants soient scolarisés d’ici à 2015. Ensemble, ils s’efforcent d’élargir l’accès à l’enseignement secondaire et de faire en sorte que les programmes scolaires soient plus utiles au développement de l’Afrique.
‘De meilleurs élèves’
“Des enfants comme Fatouma sont les futurs scientifiques et économistes qui contribueront à la prospérité de l’Afrique, a récemment déclaré M. Gentile à Afrique Renouveau. Mais le ventre vide, ils sont facilement distraits et ont du mal à se concentrer sur leurs devoirs. Ils sont de bien meilleurs élèves lorsqu’ils sont nourris et en bonne santé. La perspective d’un repas réduit l’absentéisme. Surtout, leurs résultats scolaires sont supérieurs et les taux d’abandon scolaire sont en baisse."
N’ayant pas reçu une alimentation suffisamment nutritive, Fatouma n’est pas en aussi bonne santé que les enfants de son âge, explique Gaby Duffy, responsable du programme d’alimentation du PAM au Sénégal. Elle a l’air d’avoir cinq ans, plutôt que huit. Lorsqu’elle a commencé à aller à l’école, elle était tellement affaiblie par la faim qu’après avoir effectué le trajet de six kilomètres à pied, elle était trop épuisée pour apprendre.
La mauvaise nutrition constitue une préoccupation majeure dans le centre et le sud-est du Sénégal, où le PAM lance la plupart de ses programmes d’alimentation scolaire. Pour beaucoup, la régression économique des années 1990 a entraîné la sous-alimentation. Les activités agricoles ont en outre souffert de la sécheresse. La plupart des agriculteurs pratiquent l’agriculture de subsistance et peinent à produire suffisamment de maïs, de noix, de millet et de fèves pour nourrir leur famille.
Stimuler l’agriculture
Le NEPAD, en coopération avec le PAM et d’autres partenaires, intègre l’alimentation scolaire au processus de développement agricole. Ce programme d’alimentation locale des écoliers insiste pour que le riz, les fèves, le blé, les produits laitiers et autres ingrédients des repas servis aux élèves soient achetés auprès des agriculteurs locaux. Cela permet de réduire la malnutrition, tout en fournissant aux agriculteurs locaux l’occasion de vendre leur production aux écoles participant au programme.
En outre, cela encourage les agriculteurs à produire davantage et leur permet de faire des économies en leur évitant les longs trajets jusqu’aux marchés. Précédemment, explique Mme Duffy, on achetait les vivres à l’extérieur car la qualité des produits vendus sur les marchés locaux était jugée insuffisante. À présent, les dirigeants africains aident les agriculteurs locaux, dans le cadre du NEPAD, à acheter des semences et des outils de meilleure qualité.
Ce programme contribue non seulement à améliorer la nutrition des élèves et à offrir aux agriculteurs la possibilité d’écouler leurs produits localement, mais aussi à améliorer la situation économique des membres des communautés locales, dont bon nombre travaillent dans le traitement et la préparation des repas servis aux élèves. Selon le PAM, leur tâche consiste à transformer le blé en biscuits protéiniques, à cuisiner les repas et à laver les ustensiles de cuisine. Les élèves participent également au nettoyage des entrepôts alimentaires et des ustensiles de cuisine.
À ce jour, neuf pays – l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Malawi, le Mali, le Mozambique, le Nigéria, le Sénégal et la Zambie – participent à la première phase du programme du NEPAD qui consiste à fournir des repas à quelque 674 000 élèves. Le programme offre également une assistance technique au Ghana et à l’Ouganda. Une équipe du bureau du NEPAD au Nigéria met actuellement au point un projet similaire dans ce pays.
Au Sénégal, quelque 115 000 élèves des régions de Kaolack, Fatick et Tambacounda reçoivent désormais des repas et le programme prévoit d’étendre la distribution à 120 000 élèves supplémentaires, dans 350 écoles de la Casamance, au sud du pays.
‘Simple mais concret’
“Offrir un repas à l’école est une manière simple mais concrète de donner aux enfants pauvres la possibilité d’apprendre et de s’épanouir”, souligne Mme Duffy, faisant valoir que “dans le cas de Fatouma, les instituteurs ont observé une amélioration sensible. Elle prend du poids et se concentre mieux pendant les cours. Elle déjeune en bavardant avec ses amis. Elle n’a plus à souffrir de la faim”.
Les retombées positives du programme se font également sentir dans les foyers pauvres qui n’ont plus à se préoccuper de nourrir leurs enfants. Fatouma ne réclame plus à manger à son retour de l’école.
“Maintenant que ma fille a un bon repas tous les jours à l’école, je n’ai plus à quitter mon travail pour lui préparer un déjeuner ou un petit-déjeuner. J’ai plus de temps pour finir mon travail et je n’ai plus à me demander où trouver l’argent et la nourriture pour ses petit-déjeuner et déjeuner”, dit la mère de Fatouma.