51吃瓜

Il y a dix ans, les Africaines pouvaient esp茅rer qu鈥檜ne conf茅rence mondiale tr猫s attendue qui s鈥櫭﹖ait fix茅 comme objectif ambitieux de transformer la vie des femmes du monde entier serait porteuse de changements. Cette ann茅e marque le dixi猫me anniversaire de cette 茅tape importante, la Quatri猫me Conf茅rence mondiale sur les femmes, qui s鈥檈st tenue 脿 Beijing (Chine) en 1995. Comme leurs homologues d鈥檃utres r茅gions, les femmes africaines font le point des progr猫s r茅alis茅s et se demandent dans quelle mesure les r茅formes promises ont 茅t茅 mises en 艙uvre. Elles cherchent 茅galement 脿 d茅terminer pourquoi les progr猫s ont 茅t茅 limit茅s dans de nombreux pays.

Des signes d鈥檃m茅lioration sont apparus au cours des trente derni猫res ann茅es, a declar茅 la Conseill猫re sp茅ciale pour la parit茅 des sexes et la promotion de la femme, Rachel Mayanja, lors de l鈥檈xamen d茅cennal de la conf茅rence de Beijing, qui a eu lieu 脿 New York en mars. Des mesures ont notamment 茅t茅 prises pour appliquer la Convention sur l鈥櫭﹍imination de toutes les formes de discrimination 脿 l鈥櫭ゞard des femmes, ainsi que pour 茅laborer de nouvelles politiques et recommandations.

Les femmes africaines restent confront茅es non seulement 脿 une pauvret茅 g茅n茅ralis茅e, mais 茅galement 脿 de lourdes charges de travail.

Photo: Panos / Crispin Hughes

Cependant, au cours des trente ann茅es qui se sont 茅coul茅es depuis la premi猫re Conf茅rence mondiale sur les femmes organis茅e 脿 Mexico, 鈥渓es hommes sont all茅s sur la lune et en sont revenus, mais les femmes sont rest茅es au m锚me endroit 鈥� c鈥檈st-脿-dire qu鈥檈lles essaient de sensibiliser le monde entier 脿 la marginalisation injustifi茅e et inacceptable des femmes, qui les prive de leurs droits fondamentaux鈥�, a indiqu茅 Mme Mayanja aux d茅l茅gu茅s venus de 165 pays.

En Afrique notamment, les femmes ont r茅alis茅 d鈥檌mportants progr猫s sur la sc猫ne politique au cours des derni猫res ann茅es. L鈥檕rganisation politique du continent, l鈥橴nion africaine (UA), a franchi une 茅tape importante en encourageant la parit茅 des sexes 脿 ses postes de d茅cision les plus 茅lev茅s. En 2003, cinq femmes et cinq hommes ont 茅t茅 茅lus commissaires de l鈥橴A. L鈥檃nn茅e suivante, Mme Gertrude Mongella, a 茅t茅 nomm茅e 脿 la direction du Parlement panafricain de l鈥橴A, dont les femmes repr茅sentent 25 % des membres. Un autre organe de l鈥橴A, le M茅canisme d鈥櫭﹙aluation intra-africaine, qui fixe des crit猫res de bonne gouvernance, est dirig茅 par Mme Marie-Ang茅lique Savan茅.

Les Africaines ont 茅galement soutenu avec succ猫s des conventions qui font progresser leurs droits. 脌 la fin de l鈥檃nn茅e derni猫re, 51 des 53 Etats membres de l鈥橴A avaient ratifi茅 la Convention sur l鈥櫭﹍imination de toutes les formes de discrimination 脿 l鈥櫭ゞard des femmes, adopt茅e en 1979 par l鈥橝ssembl茅e g茅n茅rale des Nations Unies. Et en 2003, des militantes ont r茅ussi 脿 convaincre leurs chefs d鈥橢tat d鈥檃dopter un protocole portant sur les droits des femmes. Elles demandent maintenant aux Etats de passer 脿 l鈥櫭﹖ape finale en ratifiant ce protocole de fa莽on 脿 le rendre ex茅cutoire (voir encadr茅, page 9).

Des obstacles persistent

鈥淣ous savons bien que malgr茅 les avanc茅es et les progr猫s r茅alis茅s, les Africaines sont confront茅es 脿 d鈥檌mportants d茅fis et obstacles鈥�, reconna卯t Mme Farkhonda Hassan, pr茅sidente du Comit茅 Femmes et d茅veloppement de la Commission 茅conomique pour l鈥橝frique de l鈥橭NU. Dans de nombreux pays, les principales politiques de d茅veloppement, connues sous le nom de strat茅gies de r茅duction de la pauvret茅, ne prennent toujours pas en compte les diff茅rences de revenus et de pouvoir entre les hommes et les femmes, ce qui freine le financement de programmes visant 脿 r茅duire les in茅galit茅s. En outre, dit-elle, la majorit茅 des femmes africaines restent priv茅es d鈥櫭ヾucation et d鈥檈mploi, et n鈥檕nt qu鈥檜n acc猫s limit茅 aux secteurs du commerce, de l鈥檌ndustrie et 脿 la fonction publique.

Depuis la premi猫re Conf茅rence mondiale sur les femmes organis茅e 脿 Mexico, 鈥渓es hommes sont all茅s sur la lune et en sont revenus, mais les femmes sont rest茅es au m锚me endroit 鈥� c鈥檈st-脿-dire qu鈥檈lles essaient de sensibiliser le monde entier 脿 la marginalisation injustifi茅e et inacceptable des femmes, qui les prive de leurs droits fondamentaux鈥�.

-- Rachel Mayanja, Conseill猫re sp茅ciale de l鈥橭NU pour la parit茅 des sexes et la promotion de la femme.

De la conf茅rence de 1995 est n茅 le Programme d鈥檃ction de Beijing, qui d茅finit les domaines o霉 des progr猫s doivent 锚tre r茅alis茅s si l鈥檕n entend am茅liorer la situation des femmes. Il faut notamment r茅duire la pauvret茅 des femmes, mettre fin 脿 la violence, fournir un acc猫s 脿 l鈥櫭ヾucation et aux soins de sant茅 et r茅duire les in茅galit茅s 茅conomiques et politiques. 脌 quelques grandes exceptions pr猫s, les progr猫s tardent 脿 venir dans ces domaines.

Le Programme de Beijing ne doit plus 锚tre consid茅r茅 comme une simple s茅rie d鈥檕bjectifs et d鈥檃spirations, poursuit Mme Hassan, mais doit servir d鈥檕util pour plaider en faveur de l鈥檃doption de politiques tenant compte des disparit茅s entre les sexes. 鈥淟鈥檕bjectif actuel n鈥檈st pas de ren茅gocier nos r锚ves, mais de souligner la responsabilit茅 de tous les intervenants, en analysant en d茅tail les objectifs, les cibles, les r茅alisations et les 茅checs. Nous ne cherchons plus 脿 obtenir des promesses, nous exigeons des actes.鈥�

La pauvret茅 au f茅minin

Pour de nombreuses Africaines, le Programme de Beijing et les divers instruments internationaux qu鈥檕nt sign茅s leurs gouvernements ne se sont pas encore traduits par des am茅liorations de leur vie quotidienne. Elles restent au bas de l鈥櫭ヽhelle sociale, n鈥檃yant qu鈥檜n acc猫s limit茅 aux terres, au cr茅dit, 脿 la sant茅 et 脿 l鈥櫭ヾucation. Si certains des accords que les gouvernements africains ont ratifi茅s consacrent les droits de propri茅t茅 et d鈥檋茅ritage, dans la plupart des pays, les femmes sont priv茅es de ces droits.

脌 cela vient s鈥檃jouter la pand茅mie de VIH/sida, qui affecte plus de femmes que d鈥檋ommes en Afrique et an茅antit certains des progr猫s que les femmes avaient r茅alis茅s en mati猫re de d茅veloppement. Par cons茅quent, la pauvret茅 en Afrique continue de se d茅cliner au f茅minin, note Mme Gladys Mutukwa de Women in Law and Development in Africa (WILDAF), organisation non gouvernementale du Zimbabwe. Il est 脿 son avis d茅solant de constater que dix ans apr猫s Beijing, les femmes africaines sont beaucoup plus pauvres.

Entre 1990 et 2000, le nombre de personnes vivant dans la pauvret茅 a diminu茅 dans toutes les r茅gions en d茅veloppement 脿 l鈥檈xception de l鈥橝frique, o霉 il a augment茅 de plus de 82 millions. Les femmes constituent la majorit茅 de ces pauvres, leur proportion pouvant aller jusqu鈥櫭� 70 % dans certains pays. Il est en g茅n茅ral plus facile pour les hommes de trouver un travail et les entreprises dirig茅es par des hommes ont plus facilement acc猫s au soutien des banques.

Il est ressorti d鈥檜ne 茅tude r茅alis茅e par l鈥橭rganisation des Nations Unies pour l鈥檃limentation et l鈥檃griculture au B茅nin, au Burkina Faso, au Congo, en Mauritanie, au Maroc, en Namibie, au Soudan, en Tanzanie et au Zimbabwe que les femmes poss猫dent rarement des terres. Lorsqu鈥檈lles en ont, leurs parcelles sont g茅n茅ralement plus petites et moins fertiles que celle des hommes. Des 茅tudes indiquent 茅galement que si les femmes agricultrices b茅n茅ficiaient du m锚me acc猫s aux entrants et 脿 la formation que les hommes, le rendement agricole global pourrait augmenter de 10 脿 20 %.

Scolariser les filles

Mais l鈥檕bstacle le plus important tient peut-锚tre au manque d鈥檃cc猫s des Africaines 脿 l鈥櫭ヾucation, qui constitue souvent la seule porte de sortie de la pauvret茅. Les disparit茅s entre filles et gar莽ons apparaissent 脿 l鈥櫭ヽole primaire et se creusent 脿 tous les stades du syst猫me 茅ducatif. En ce qui concerne le taux total d鈥檌nscription dans le primaire, l鈥橝frique est, de toutes les r茅gions, celle qui a enregistr茅 la hausse relative la plus importante au cours des dix derni猫res ann茅es. Mais du fait de la faible proportion de filles scolaris茅es, le continent est encore loin de l鈥檕bjectif qui consiste 脿 atteindre la parit茅 des sexes 脿 la fin de cette ann茅e. En 2000, l鈥橝frique subsaharienne 茅tait la r茅gion qui comptait le plus de filles non scolaris茅es听: 23 millions contre 20听millions, 10 ans plus t么t.

Le nombre total d鈥檈nfants non scolaris茅s a diminu茅 au cours de la derni猫re d茅cennie. Entre 1990 et 2000, le taux mondial d鈥檌nscription dans le primaire est pass茅 de 596 脿 648 millions, l鈥橝frique subsaharienne enregistrant la plus forte hausse (progression de 38 %).

Les politiques s鈥檃dressant sp茅cifiquement aux filles ont permis des am茅liorations consid茅rables au B茅nin, au Botswana, en Gambie, en Guin茅e, au Lesotho, en Mauritanie et en Namibie. Au B茅nin par exemple, l鈥櫭ヽart entre les sexes a diminu茅, passant de 32 脿 22 %, gr芒ce 脿 des politiques qui ont notamment consist茅 脿 sensibiliser les parents au moyen des m茅dias et 脿 r茅duire les frais de scolarit茅 pour les filles des 茅coles primaires publiques des r茅gions rurales.

D鈥檃pr猫s l鈥橭rganisation des Nations Unies pour l鈥櫭ヾucation, la science et la culture (UNESCO), le taux d鈥檌nscription des filles augmente par rapport 脿 celui des gar莽ons 脿 mesure que la proportion d鈥檈nseignantes augmente. Pour parvenir 脿 la parit茅 des sexes, il faudrait donc 茅galiser le nombre de femmes et d鈥檋ommes parmi les enseignants, strat茅gie qu鈥櫭� employ茅e la Mauritanie pour r茅duire l鈥櫭ヽart entre les sexes dans le primaire.

La Guin茅e a employ茅 une approche plus globale, en faisant de l鈥櫭ヾucation des filles une priorit茅 nationale au d茅but des ann茅es 90. Apr猫s avoir 茅valu茅 les obstacles auxquels se heurtaient les filles 脿 l鈥櫭ヽole, le gouvernement a commenc茅 脿 construire des latrines, 脿 aider les 茅l猫ves enceintes, 脿 distribuer des manuels scolaires gratuits et 脿 augmenter le nombre d鈥檈nseignantes. En 2000, ce pays avait plus que doubl茅 le nombre de filles scolaris茅es et avait accru le taux de fr茅quentation des gar莽ons de 80 %. Mais, en g茅n茅ral, l鈥橝frique a, de toutes les r茅gions, la proportion la plus faible d鈥檈nseignantes.

De nombreux autres obstacles continuent de freiner le d茅veloppement de l鈥櫭ヾucation en Afrique. Les programmes d鈥檃ust茅rit茅 introduits dans de nombreux pays pendant les ann茅es 80 ont r茅duit les budgets consacr茅s 脿 l鈥櫭ヾucation. Quand les m茅nages appauvris ont d没 d茅cider qui, de leurs enfants, envoyer 脿 l鈥櫭ヽole 鈥� ce sont souvent les filles qui sont rest茅es 脿 la maison. Les frais de scolarit茅, l鈥檕bligation de porter un uniforme, les longs trajets entre le domicile et l鈥櫭ヽole, le manque d鈥檈au et d鈥檃ssainissement sont autant de facteurs qui ont contribu茅 脿 r茅duire l鈥檃cc猫s des filles 脿 l鈥櫭ヾucation.

Lorsque les 茅l猫ves finissent le secondaire et arrivent au stade de l鈥檜niversit茅, l鈥櫭ヽart entre les sexes est encore plus important. 鈥淒ans l鈥檈nseignement tertiaire et universitaire, la faible participation des femmes continue鈥�, ont d茅clar茅 des ministres africains r茅unis 脿 Addis-Abeba en octobre pour dresser le bilan des progr猫s r茅alis茅s depuis Beijing. 鈥淟鈥櫭ヽart entre les sexes est particuli猫rement marqu茅 en sciences, en math茅matiques et en informatique."

D鈥檃pr猫s une 茅tude de l鈥橭rganisation internationale du Travail (OIT), les femmes sont nettement sous-repr茅sent茅es dans les programmes techniques des universit茅s africaines, comme dans d鈥檃utres mati猫res traditionnellement domin茅es par les hommes. La proportion de femmes inscrites dans les 茅tablissements sup茅rieurs d鈥檈nseignement technique va de 40 % en Gambie 脿 seulement 2 % en Zambie, d鈥檃pr猫s l鈥橭IT. Au Ghana, bien que les femmes repr茅sentent 30 % des 茅tudiants de ces 茅tablissements, elles ne constituent que 1听% du nombre total d鈥櫭﹖udiants suivant des cours techniques.

L鈥橝frique a cependant enregistr茅 une hausse des taux d鈥檃lphab茅tisation des adultes, qui ont augment茅 de 20 % entre 1990 et 2000. L鈥檕bjectif est d鈥檃ugmenter de 50 % les taux d鈥檃lphab茅tisation des adultes d鈥檌ci 脿 2015, par rapport au niveau de 1990. D鈥檃pr猫s l鈥橴NESCO, environ la moiti茅 des pays d鈥橝frique subsaharienne ont r茅alis茅 de modestes progr猫s en vue de parvenir 脿 la parit茅 des sexes dans ce domaine. Cependant, dans certains pays, les taux d鈥檃nalphab茅tisme des femmes sont beaucoup plus 茅lev茅s que la moyenne r茅gionale, qui est d鈥檈nviron 50 %. Ce taux est de 82 % au Burkina Faso, de 79 % en Sierra Leone et de 77 % au B茅nin et en Ethiopie.

Affecter des budgets aux femmes

Il est maintenant souvent admis que pour permettre aux femmes de sortir de la pauvret茅, les politiques de d茅veloppement doivent privil茅gier davantage leur contribution 脿 l鈥櫭ヽonomie. Bien que les femmes constituent une part importante de la population active, leur participation n鈥檈st pas reconnue 脿 part enti猫re car elles travaillent souvent dans des exploitations agricoles familiales ou dans le secteur non structur茅. Dans d鈥檃utres cas, leur activit茅, par exemple le travail m茅nager, n鈥檈st pas consid茅r茅e comme une activit茅 茅conomique.

Dans l鈥檃griculture, le secteur 茅conomique le plus important de l鈥橝frique subsaharienne, les femmes effectuent de 60 脿 80 % du travail n茅cessaire 脿 la production alimentaire, destin茅e 脿 la consommation des m茅nages et 脿 la vente. Mais bien qu鈥檈lles effectuent la plus grande partie du travail, elles n鈥檕nt pas suffisamment acc猫s aux march茅s et au cr茅dit. En Ouganda, les femmes repr茅sentent 53 % de la main-d鈥櫯搖vre, mais ne vendent que 11 % des cultures commerciales.

Accro卯tre l鈥檃cc猫s des femmes au cr茅dit et 脿 d鈥檃utres moyens de financement permet de r茅duire les disparit茅s 茅conomiques.

Photo: ILO / A. Fiorente

鈥淛e suis convaincue que depuis la nuit des temps, les femmes jouent un r么le important dans le d茅veloppement 茅conomique et social de leur pays, explique la Ministre des affaires f茅minines de la Namibie, Netumbo Nandi-Ndaitwah. Mais elles ne sont pas reconnues et ne sont pas r茅compens茅es pour leur dur labeur.鈥� Elle estime que chaque pays devrait allouer un pourcentage de son budget national 脿 la parit茅 des sexes. 鈥淐ar 脿 ce jour aucun pays n鈥檃lloue plus de 1 % de son budget national aux questions concernant les femmes et la parit茅 des sexes.鈥� 脌 l鈥檋eure actuelle, les budgets consacr茅s aux programmes nationaux en faveur des femmes proviennent principalement de partenaires ext茅rieurs.

Mme Josephine Ou茅draogo de l鈥橝frican Centre for Women d鈥橝ddis-Abeba estime que la participation des femmes 脿 l鈥櫭ヽonomie des m茅nages, qui repr茅sente plus de 70 % de la production alimentaire africaine, n鈥檈st pas correctement prise en compte dans les statistiques nationales. 鈥淥n compte 脿 peine dix pays africains qui effectuent des enqu锚tes syst茅matiques sur les budgets-temps ou sur les m茅nages鈥�, explique-t-elle. Il est alors difficile de cerner les disparit茅s entre les sexes et d鈥檃dopter des politiques visant 脿 y rem茅dier.

Pour rem茅dier 脿 la place importante qu鈥檃ccordent les politiques macro茅conomiques aux hommes et aux gar莽ons, un certain nombre de pays africains ont adopt茅 un outil dit de 鈥渂udg茅tisation paritaire鈥� (voir Afrique Relance d鈥檃vril 2002). Le Kenya, le Rwanda, l鈥橝frique du Sud, la Tanzanie et l鈥橭uganda sont parmi les pays qui 茅valuent actuellement leur budget dans cette optique.

C鈥檈st ainsi qu鈥檌ls analysent les choix budg茅taires des pouvoirs publics et leurs r茅percussions sur les femmes et les hommes, les gar莽ons et filles, dans le but de mieux cerner les disparit茅s. Il est alors plus facile de combler ces 茅carts, par exemple en finan莽ant des programmes visant 脿 all茅ger l鈥檈mploi du temps tr猫s charg茅 des femmes ou en am茅liorant leur acc猫s aux sources d鈥櫭﹏ergie, 脿 l鈥檈au, au transport et 脿 des technologies permettant d鈥櫭ヽonomiser le travail.

Lors d鈥檜ne r茅union organis茅e en avril 2004 pour 茅valuer les progr猫s r茅alis茅s en faveur des femmes depuis Beijing, des organisations non gouvernementales (ONG) de la Communaut茅 de d茅veloppement de l鈥橝frique australe (CDAA) ont demand茅 aux 14 pays membres d鈥檃dopter une budg茅tisation paritaire d鈥檌ci 脿 d茅cembre 2006.

Influencer les politiques

Presque tous les pays de la CDAA disposent d鈥檜ne instance gouvernementale nationale qui traite des questions paritaires. Cependant, depuis la Conf茅rence de Beijing, ces unit茅s, services ou minist猫res 鈥渟e sont affaiblis et sont incapables de r茅pondre au d茅fi que constitue le combat en faveur d鈥檜ne juste parit茅 des sexes鈥�, ont d茅clar茅 des ONG lors du Forum social africain tenu 脿 Lusaka (Zambie). 鈥淟鈥檌nsuffisance de moyens, le manque de personnel et de pouvoir ou d鈥檃utorit茅 au sein des gouvernements pour faire progresser l鈥櫭ゞalit茅 et la justice en faveur des femmes ne sont que quelques-uns des obstacles qui existent."

Cependant, dans certains pays d鈥橝frique australe, les femmes occupent maintenant des fonctions politiques influentes. C鈥檈st ainsi qu鈥檈n Afrique du Sud et au Mozambique, elles d茅tiennent 30 % des si猫ges au parlement. En f茅vrier 2004, le Mozambique a 茅t茅 le premier pays de la r茅gion 脿 nommer une femme premier ministre, Mme Luisa Diogo. C鈥檈st au Rwanda que la proportion de femmes parlementaires est la plus 茅lev茅e au monde: 49 % des membre du parlement sont des femmes, soit bien plus que l鈥檕bjectif de 30 % fix茅 脿 Beijing. La moyenne mondiale n鈥檈st que de 15 %.

Dans 14 des 23 茅lections tenues r茅cemment dans des pays africains, la proportion de femmes parlementaires a augment茅. Mais la situation reste loin d鈥櫭猼re id茅ale. Dans la majorit茅 de ces pays (20), les femmes n鈥檕ccupent que 10 % au plus des si猫ges du parlement. 脌 Madagascar, en Mauritanie et au Niger, par exemple, elles d茅tiennent moins de 5 % des si猫ges.

Dans certains pays, la pr茅sence de femmes au parlement a influ茅 sur l鈥檃doption de politiques favorables 脿 l鈥櫭ゞalit茅 des sexes. En r茅ponse aux pressions des femmes, certains pays disposent maintenant de politiques de discrimination positive, assorties par exemple de quotas, visant 脿 accro卯tre le nombre de femmes occupant des postes de d茅cision. En Afrique du Sud, les femmes parlementaires ont r茅ussi 脿 faire adopter diverses mesures l茅gislatives, l茅galisant l鈥檃vortement, luttant contre la violence familiale et garantissant le versement de pensions alimentaires aux enfants.

鈥淟鈥檕bjectif actuel n鈥檈st pas de ren茅gocier nos r锚ves, mais de souligner la responsabilit茅 de tous les intervenants 鈥� Nous ne cherchons plus 脿 obtenir des promesses, mais nous exigeons des actes.鈥�

-- Mme Farkhonda Hassan de la Commission 茅conomique de l鈥橭NU pour l鈥橝frique

En Ouganda, les femmes parlementaires ont contribu茅 脿 faire adopter une loi qui a fait du viol un crime passible de la peine capitale. En 2003, apr猫s un long retard, le Mozambique a adopt茅 une loi sur la famille qui fait progresser de fa莽on d茅cisive l鈥櫭﹎ancipation des femmes. 鈥淪i nous n鈥檃vions eu que des membres d鈥檜n seul sexe au parlement, le projet de loi aurait b茅n茅fici茅 d鈥檜n soutien beaucoup moins important禄, explique la Ministre de l鈥檈nseignement sup茅rieur de ce pays, Mme Lidia Brito.

Du fait de la diversit茅 du continent, les probl猫mes sont tr猫s complexes, indique Mme Wariaru Mbugua du Bureau de la Conseill猫re sp茅ciale pour la parit茅 des sexes. 鈥淟ors des d茅bats mondiaux, ils ne devraient donc pas 锚tre simplifi茅s 脿 l鈥檈xtr锚me ni r茅duits 脿 un seul d茅nominateur.鈥� Les filles, par exemple, ont non seulement besoin d鈥檃voir acc猫s 脿 l鈥檈nseignement primaire, mais doivent 茅galement 锚tre prot茅g茅es de la violence et des pratiques pr茅judiciables.

S鈥檌l est certes n茅cessaire de poursuivre les strat茅gies de base visant 脿 sortir les femmes de la pauvret茅 et 脿 enrayer le VIH/sida, explique Mme Mbugua, 鈥渋l est aussi important de mettre en place des strat茅gies en faveur de la deuxi猫me et de la troisi猫me g茅n茅ration鈥�. Il s鈥檃git notamment de faire en sorte que les accords commerciaux mondiaux et les nouvelles technologies de l鈥檌nformation et de la communication conf猫rent aux femmes des avantages imm茅diats. L鈥檃utonomisation des femmes, dit-elle, ne devrait pas se limiter 脿 un nombre restreint de secteurs nationaux, mais devrait 茅galement 鈥済arantir leur participation sur un pied d鈥櫭ゞalit茅 脿 des processus mondiaux en 茅volution rapide鈥�.

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