La commissaire Rebecca Nnanga, du Cameroun, est l'une des deux finalistes pour le prix de la femme polici猫re de l'ann茅e 2020. Elle a 茅t茅 r茅compens茅e pour avoir contribu茅 脿 augmenter le nombre de femmes polici猫res en R茅publique centrafricaine. Elle s'est entretenue avec Franck Kuwonu d'Afrique Renouveau de cette r茅ussite, de son exp茅rience de la police de proximit茅 et de l'aide aux survivants des violences sexistes.
Qu'est ce que cela vous fait d'锚tre arriv茅e seconde ?
Je suis tr猫s fier d'avoir particip茅 脿 ce concours et d'avoir 茅t茅 reconnu pour mes capacit茅s personnelles, mes valeurs intrins猫ques et mes actions. Il est en l'honneur de toutes les femmes.
Vous avez 茅t茅 r茅compens茅e pour avoir augment茅 la participation des femmes dans les forces de police de la R茅publique centrafricaine. Comment vous vous y 锚tes pris ?
Nous nous sommes rendu compte que le nombre de femmes dans la police et les autres institutions 茅tait tr猫s faible. En 2017, seulement 23% des forces de police 茅taient des femmes. 听Nous avons donc voulu am茅liorer la situation. Nous avons commenc茅 par les examens d'entr茅e, nous n'avons pas seulement pris en compte le sexe du candidat, mais aussi le m茅rite et la repr茅sentation r茅gionale. Nous avons ensuite compar茅 les notes et identifi茅 les femmes qui 茅taient suffisamment qualifi茅es, mais qui avaient un faible score, et nous avons propos茅 de les former davantage.听
Il n'y a donc pas eu de politique de discrimination positive, ce qui signifie que vous n'avez pas fix茅 de quota au d茅part ?
Absolument ! Il n'y avait pas de favoritisme, nous avons pris celles qui le m茅ritaient. C'est ainsi que nous avons pu augmenter le taux de femmes dans la police. Il y a un peu d'antipathie envers les femmes qui entrent dans la profession de policier. Beaucoup pensaient que la police 茅tait r茅serv茅e aux hommes. Pourtant, je dirais que c'est le contraire. J'ai suivi un cours sur la police des femmes 脿 l'脡cole internationale des forces de s茅curit茅 de Yaound茅, au Cameroun. J'ai 茅t茅 l'une des premi猫res femmes officiers 脿 锚tre form茅e au maintien de l'ordre et c'est pourquoi je veux faire comprendre aux autres que les femmes ne devraient pas 锚tre confin茅es aux t芒ches m茅nag猫res. Elles sont capables de faire beaucoup d'autres choses.
Vous avez 茅galement 茅t茅 reconnu pour votre contribution 脿 la police de proximit茅. En quoi est-elle diff茅rente de la police ordinaire ?
La police de proximit茅 consiste 脿 rapprocher les policiers, ou le gendarme, des populations qui ont besoin de leur soutien pour s茅curiser les personnes et les biens. Il est essentiel d'茅tablir des relations avec la population et de contribuer 脿 la s茅curit茅 des personnes vuln茅rables. Dans ce partenariat, r茅pondre aux besoins urgents signifie identifier tout ce qui rel猫ve du cadre de la sant茅 et de la s茅curit茅 sociale. Les policiers doivent non seulement agir rapidement, mais aussi 锚tre proactifs. Cela signifie anticiper la commission de d茅lits et de crimes, ce qui fait partie de la pr茅vention des besoins de s茅curit茅.
Votre exp茅rience de la police de proximit茅 en R茅publique centrafricaine n'est pas la premi猫re ?
J'ai 茅t茅 initi茅e 脿 la police de proximit茅 en Ha茂ti o霉 j'ai travaill茅 avec le contingent canadien. Je viens d'茅tendre le r茅seau de la capitale Port-au-Prince aux autres provinces qui avaient d茅j脿 b茅n茅fici茅 de cette exp茅rience.
J'ai 茅t茅 appel茅e 脿 la MINUSCA (la Mission int茅gr茅e multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies en R茅publique centrafricaine) le 23 mars 2015 et le chef de la composante police, qui avait confiance en mon travail en Ha茂ti, a d茅clar茅 que je devrais 锚tre charg茅e de la police de proximit茅 en raison de mon exp茅rience.
A un moment donn茅, vous avez 茅galement 茅t茅 impliqu茅e dans l'aide aux survivants de violences sexuelles ?
J'ai apport茅 mon soutien aux survivantes de violences sexuelles, davantage lors de ma premi猫re mission en Ha茂ti avant la police de proximit茅. Je m'occupais de survivants de viols 芒g茅s de 4 脿 40 ans. J'ai apport茅 de l'aide m锚me aux femmes 芒g茅es, mais la plupart de mon travail se faisait avec des petites filles et des gar莽ons victimes de viols. Ils venaient au poste de police et nous les emmenions 脿 l'h么pital pour des soins m茅dicaux et ensuite un suivi aupr猫s des tribunaux. La plupart du temps, nous r茅ussissions 脿 faire emprisonner les violeurs et les agresseurs.
Pour vous, laquelle de vos r茅ussites m茅ritait le plus ce prix ?
Je suis fi猫re de toutes mes r茅alisations dans le domaine des op茅rations de maintien de la paix. Mais la plus m茅ritante est l'op茅ration de recrutement de femmes polici猫res de 2019 脿 2020, car elle a 茅t茅 parsem茅e de nombreux d茅fis aux niveaux organisationnel et op茅rationnel.
Il fallait organiser le cadre juridique qui permettait de suivre tous les principes du processus de recrutement. Ensuite, il y a eu le d茅fi du temps. Un concours doit 锚tre organis茅 dans un minimum de neuf mois, de l'茅laboration du cadre juridique 脿 la fin du processus qui est l'int茅gration des 茅coles. Il y a les diff茅rentes 茅tapes - de la pr茅sentation des dossiers, des tests 茅crits et sportifs, des visites m茅dicales, des enqu锚tes de moralit茅, des d茅lib茅rations sur la recevabilit茅 et ensuite des r茅sultats finaux. Tout cela ne m'a pris que quatre mois et demi au lieu des neuf mois habituels.
Vous avez r茅ussi tout cela m锚me dans un environnement difficile de mission de maintien de la paix ?
Oui. Et je suis heureuse que l'ONU ait reconnu la valeur de notre travail. Aujourd'hui, je suis fi猫re de voir des enfants 脿 Bangui qui me disent qu'ils veulent 锚tre comme moi.
Est-ce qu'锚tre une femme facilite le travail avec les autres?
En effet, les gens sont plus rassur茅s lorsque les femmes polici猫res ont confiance en elles. Au-del脿 de l'aspect professionnel, une femme est naturellement 茅panouissante. Elle sait 茅couter, comprendre, et sait aborder et r茅pondre aux sollicitations des populations.
Que vous r茅serve l'avenir ?
Nous disons toujours que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Je continuerai 脿 travailler si je suis appel茅e 脿 servir dans des op茅rations de maintien de la paix, et je le ferai de tout mon c艙ur. Si je ne le fais pas, d'autres voies s'ouvriront 脿 moi. J'envisage l'avenir de mani猫re positive.
