Les effets des changements climatiques sont ressentis en Afrique ; en groupe ou à titre individuel, des actions sont en cour pour les contrer. Dans cette édition, nous vous présentons certaines des initiatives les plus remarquables portées par de jeunes Africains.
Les effets dévastateurs du changement climatique, qu’il s’agisse de sécheresses prolongées, d’incendies plus fréquents, de pertes de glace de mer ou d’une augmentation du nombre, de la durée et de l’intensité des tempêtes tropicales, se font sentir partout dans le monde avec une gravité qui souligne la nécessité immédiate d’efforts concertés.
En mars et avril, des cyclones ont traversé les pays d’Afrique australe que sont le Malawi, le Mozambique et le Zimbabwe, faisant des centaines de morts et des milliers de blessés et de déplacés. Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), la catastrophe naturelle a touché plus de 1,9 million de personnes dans la région, la plupart nécessitant une aide humanitaire.
Dans la Corne de l’Afrique et en Afrique de l’Ouest, les sécheresses et les inondations sont fréquentes et intenses. Dans la région du Sahel, les sécheresses prolongées exacerbent la désertification, tandis que l’élévation du niveau de la mer dans les villes côtières d’Afrique de l’Ouest, du Ghana au Bénin, ravage les communautés d’agriculteurs et de pêcheurs.
« La nature dit qu’il est temps de passer à l’action », explique Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement.
Le monde perd actuellement un million d’espèces chaque année en raison du changement climatique, affirme-t-elle. La pollution, quant à elle, cause environ 2,6 millions de décès prématurés dans le monde.
Le Sommet Action Climat 2019 du Secrétaire général de l’ONU fait suite au Sommet mondial sur le climat de septembre 2018 à San Francisco et à l’Accord de Paris sur les changements climatiques de 2015, qui engage les parties à cet accord à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 ou 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels. Les parties étaient tenues de communiquer, d’ici à 2020, leurs plans pour atteindre ces objectifs.
C’est dans cette perspective que le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres a appelé les dirigeants à se rendre à New York le 23 septembre avec des plans concrets et réalistes pour renforcer leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) en matière d’adaptation d’ici à 2020.
Les CDN sont des plans d’action des gouvernements et comprennent des objectifs, des politiques et des mesures de mise en œuvre liés au climat. En octobre, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a publié un rapport spécial avertissant les décideurs politiques que les changements climatiques catastrophiques ne pourront être évités que si les États s’efforcent de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010 et d’atteindre d’ici à 2050 un niveau d’émissions net nul.
En septembre 2018, M.Ìý Guterres a exposé les attentes pour le Sommet Action Climat de 2019 : « Je veux qu’on me dise comment nous allons mettre fin à l’augmentation des émissions d’ici à 2020, et les réduire de façon drastique pour atteindre zéro émissions nettes d’ici le milieu du siècle. »
Au cours du sommet, les leaders du monde devraient renouveler leurs engagements en faveur, par exemple, de l’utilisation d’énergies renouvelables, de la décarbonisation de leur production et de l’investissement dans des solutions fondées sur la nature telles que la restauration des forêts et des terres dégradées.
Mais il y a urgence. « Il n’y a plus de temps à perdre », a déclaré M. Guterres. Les dirigeants doiventÌý venir à ce SommetÌý « non seulement pour rendre compte de ce qu’ils font, mais aussi de ce qu’ils ont l’intention de faire de plus ».
Il a énuméré les mesures les plus susceptibles de réduire les émissions et de promouvoir l’adaptation et la résilience, notamment en accélérant le passage des combustibles fossiles aux énergies renouvelables, en mobilisant des fonds pour promouvoir la décarbonisation, en faisant progresser les efforts mondiaux pour faire face aux impacts et aux risques du changement climatique et les gérer, et en impliquant les jeunes et le grand public.
A la Semaine africaine du climat de cette année, en mars dernier à Accra, au Ghana, des représentants du groupe des ONG de jeunes, YOUNGO, il représente la jeunesse dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), ont noté que les pays africains, qui contribuent relativement peu aux émissions mondiales, ont axé leurs CDN sur l’adaptation.
Faisant écho à l’appel à une action mondiale sur le changement climatique, Mami Mizutori, représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la réduction des risques de catastrophe observait dans le journal britannique The Guardian que les cyclones, dont les plus récents, font souvent la une des journaux alors que des catastrophes liées au changement climatique passent largement inaperçues chaque semaine, principalement dans les pays en développement.
Le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNDRR) estime que de 1998 à 2017, les catastrophes liées au changement climatique ont représenté des pertes économiques directes de 2,2 billions de dollars ; les autres catastrophes représentant 0,7 million de dollars. L’UNDRR signale également qu’en Afrique, pour la seule année 2014, l’impact économique des catastrophes naturelles s’est élevé à 53,19 milliards de dollars.
C’est maintenant qu’il faut agir
Luis Alfonso de Alba, Envoyé spécial de l’ONU pour le Sommet sur le climat de 2019, rappelle aux gouvernements africains, à la société civile et au secteur privé qu’il est temps de passer de la parole aux actes.
« Nous savons quoi faire. »
Lors de la Semaine africaine du climat, les dirigeants africains se sont engagés à lutter contreÌý le changement climatique, tandis que les individus et les communautés ont indiqué les mesures qu’ils prenaient déjà .
« Nous, les jeunes, appelons nos gouvernements respectifs à relever leurs ambitions et à intensifier leur ’action climatique pour nous permettre d’atteindre nos objectifs », ont déclaré Zelda Kerubo et Desmond Alugnoa, de YOUNGO.
Du recyclage à la production et à la consommation durables, plusieurs initiatives locales, certaines soutenues par des organisations d’aide internationales, apportent déjà des solutions durables et évolutives aux problèmes liés au climat, notamment la gestion des déchets plastiques, la consommation d’énergie durable et les pièges à dioxyde de carbone.
L’initiative Ghana Bamboo est l’une des entreprises travaillant sur la production et la consommation durables. En Ouganda, les élèves de l’école secondaire St Kizito de Namugongo transforment les déchets biologiques en engrais et recyclent les plastiques pour les utiliser dans l’artisanat (voir pages 6 et 7).
Bien que ces initiatives aient un impact limité sur le réchauffement climatique, il faut bien commencer quelque part, affirme Rukayatu Sanusi, directeur exécutif du Ghana Climate Innovation Centre (GCIC).
Le GCIC est l’un des centres d’innovation climatique que le Groupe de la Banque mondiale et ses partenaires parrainent dans le monde. Il a pour mission de développer et d’aider les jeunes entreprises pionnières dans la lutte contre le changement climatique.
« Nous constatons un vif intérêt de la part des pays en développement pour ce qui est de soutenir les initiatives qui aident leurs industries à innover et à déployer de nouvelles solutions pour le développement économique et la protection de l’environnement », déclare Ganesh Rasagam, responsable au GCIC.
Les gouvernements, les industries et la société civile ont un rôle primordial à jouer pour faire de la lutte contre le changement climatique une priorité du développement, formuler des politiques appropriées et investir dans des initiatives de résilience face aux changements climatiques.
« Au cœur de la dynamique de l’action climatique » sont les gouvernements, rappelle, M. Guterres.
le climat », a déclaré M. Guterres.Ìý Ìý