Le parcours d’Orman Bangura force l’admiration. Le décès de son père, alors qu’il était enfant, fut un désastre pour la situation financière de la famille. Il est embauché dans un atelier de couture comme apprenti tailleur à seulement 11 ans.
En 2019, alors âgé de 33 ans, M. Bangura sera nommé ministre sierra-léonais de la jeunesse, et devient le plus jeune ministre du Cabinet.
Il attribue le mérite à sa mère qui a fait en sorte qu’il se concentre sur ses études. « Elle s’est saignée aux quatre veines pour moi », dit-il. Après ses études secondaires, M. Bangura a bénéficié d’une bourse du gouvernement pour étudier à l’université de Fourah Bay, en Sierra Leone, où il a obtenu une licence en comptabilité en 2011.
Il a au cours de sa carrière professionnelle occupé des postes en finance et comptabilité dans diverses institutions du pays comme la Standard Chartered Bank, la London Mining Company et la Total Global Steel Company. Avant d’être nommé ministre, il occupait le poste de chef-comptable dans la filiale sierra-léonienne de eHealth Africa, une organisation basée à Washington, qui accompagne les systèmes de santé des communautés défavorisées.
En nommant M. Bangura, le président du Sierra Leone, Julius Maada Bio, honore sa promesse de nommer des jeunes aux postes à responsabilité au sein du gouvernement à l’instar de Francis Ben Kaifala, 34 ans, chef de la Commission anticorruption ; David Moinina Sengeh, 32 ans, expert en technologie du MIT et de Harvard, directeur de l’innovation du pays ; et Yusuf Keketoma Sandi, 32 ans, porte-parole et secrétaire de presse.de la Présidence.
Issu de l’armée, M. Bio est lui-même devenu chef d’État en mars 1996 à seulement 31 ans avant de transférer le pouvoir à un gouvernement civil la même année. M. Bangura a su s’attirer la sympathie des foules et gagner l’affection d’une société qui n’a pas l’habitude de côtoyer les figures publiques, tant par son stype personnel que par les politiques qu’il préconise et met en œuvre.
Il se rend à des réunions du Cabinet vêtu de pantalons kaki, de chaussures de sport et de chemises aux manches retroussées. Il fréquente régulièrement des cafés populaires, qu’on appelle localement « bases d’ataya », où il participe à des conversations politiques, économiques et sociales animées avec les jeunes. Il prend également le temps d’aller dans les restaurants des quartiers pauvres de Freetown, où il se fond dans la masse, et on l’aperçoit souvent en train de courir ou de jouer au football sur les plages avec les jeunes.
L’une de ses premières actions en tant que ministre fut d’insuffler un nouveau souffle au moribond service national obligatoire dénommé National Youth Service Scheme (NYSS), dont la création remonte à 1961 mais qui avait lamentablement échoué à l’époque. Il a été rétabli en 2016 par un acte parlementaire. M. Bangura espère que cette fois-ci, les jeunes diplômés pourront y consacrer une année. Il a recruté 200 jeunes dans le cadre d’une stratégie inaugurale.
« Le NYSS encourage le bénévolat, promeut le patriotisme et la cohésion nationale », a-t-il précisé.
Le jeune ministre met également en œuvre le projet
« Jeunesse dans l’entrepreneuriat », qui, selon lui, « apportera une contribution financière et favorisera la formation des jeunes porteurs d’idées novatrices et révolutionnaires pour le développement du pays ».
Il contribue à la mise sur pied de projets pour les jeunes dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche, ainsi que d’un village où les jeunes pourront suivre des formations professionnelles pour accroître leur mobilité sociale.
M. Bangura propose également ce qu’il appelle le Fonds pour l’autonomisation de la jeunesse, qui permettra aux jeunes de financer leurs projets d’entreprise. Il déclare que ces fonds permettront « au pays de récolter des dividendes démographiques », et ajoute que l’emploi des jeunes « est un défi sécuritaire et de développement qui doit être relevé efficacement et immédiatement ».
David Sombie, conseiller technique pour le projet du Fonds pour l’autonomisation de la jeunesse, déclare que « Le ministre apporte une riche expérience en comptabilité financière. Tout récemment, il a été capable de détecter et prévenir des malversations financières, faisant économiser au pays des centaines de milliers de dollars ».
Chenor Bah, militant international de la première heure et cofondateur de Purpose Production, un mouvement pour l’éducation des jeunes filles dans les pays en voie de développement, travaille en étroite collaboration avec M. Bangura. M. Bah participe à la révision de la politique nationale de la jeunesse du pays. Il déclare : « Être ministre n’a pas changé M. Bangura. Il demeure le même, a gardé son cercle d’amis et s’occupe des personnes défavorisées ».
M. Bangura œuvre à l’instauration d’un processus durable d’autonomisation des jeunes.
« Nous devons être déterminés à faire le nécessaire pour les jeunes et le développement national », a-t-il affirmé. Ìý Ìý