La Zone de libre-茅change sur les rails

Afrique Renouveau : Maintenant que la ZLECAf est en vigueur, pensez-vous que les pays mettront pleinement en 艙uvre l鈥檃ccord et dans les d茅lais fix茅s ?

Vera Songwe : C鈥檈st une bonne chose que certains pays aillent de l鈥檃vant. Cela montre 脿 quel point le commerce est important pour les pays africains et que ceux-ci sont pr锚ts 脿 ouvrir leurs fronti猫res. Donc, oui, nous esp茅rons qu鈥檌ls le mettront pleinement en 艙uvre. Ils se rendent compte qu鈥檌ls ont besoin de commercer davantage avec les autres en raison de l鈥檃ugmentation pr茅vue des revenus et de la cr茅ation d鈥檈mplois, surtout pour les jeunes. Le commerce intra-africain devrait se hisser 脿 53,3 %, ce qui signifie que les revenus vont augmenter.

Comment les 脡tats membres peuvent-ils s鈥檃ssurer que l鈥檃ccord est pleinement mis en 艙uvre ?

Les ministres des Finances des 脡tats membres signataires de la ZLECAf ont un r么le important 脿 jouer pour aider les pays 脿 mettre en 艙uvre l鈥檃ccord. Ces ministres comprennent que la fiscalit茅 et les douanes, par exemple, qui sont des 茅l茅ments cl茅s de la ZLECAf, rel猫vent du minist猫re des Finances. C鈥檈st aux ministres des Finances d鈥櫭﹙aluer si, comment et quand les revenus augmenteront pour leurs pays et comment ces revenus seront d茅pens茅s. Une fois que les pays auront ratifi茅 le document, ils auront 10 ans, certains 13, pour mettre en place des politiques cl茅s afin de tirer pleinement parti de la ZLECAf.

Nous attendons des pays qu鈥檌ls proc猫dent 脿 un examen de leurs politiques macro茅conomiques, en mettant l鈥檃ccent sur des politiques fiscales adapt茅es 脿 leur objectif, et qu鈥檌ls nous aident non seulement 脿 nous adapter 脿 la ZLECAf et 脿 en tirer le meilleur parti, mais plus largement 脿 r茅aliser l鈥橝genda 2063 et l鈥橝genda 2030 pour le d茅veloppement durable.听 Il est urgent听 de cr茅er la marge de man艙uvre fiscale n茅cessaire pour stimuler l鈥檌nvestissement public et priv茅 tout en assurant la diversification 茅conomique.

Certaines n茅gociations n鈥檕nt pas encore abouti. Existe-t-il des questions litigieuses sur lesquelles les pays doivent encore s鈥檈ntendre ?

Les autres questions 脿 discuter concernent la concurrence, les dispositions relatives 脿 l鈥檌nvestissement, la propri茅t茅 intellectuelle, le commerce 茅lectronique, etc. Les pays ont convenu de prendre plus de temps pour n茅gocier ces questions. Elles sont en cours de discussion et seront finalis茅es au cours de la deuxi猫me phase des n茅gociations. Il s鈥檃git du m锚me processus que pour les autres accords commerciaux mondiaux. Les n茅gociations n鈥檃boutissent jamais imm茅diatement ; les discussions sur les questions commerciales sont vastes et prennent du temps. Nous voulons 茅viter que la ZLECAf expose des pays 脿 une concurrence d茅loyale. L鈥橝frique fait un bond en avant dans le domaine technologique, c鈥檈st pourquoi nous discutons d茅j脿 du commerce 茅lectronique. C鈥檈st tr猫s important pour les pays qui sont bien d茅velopp茅s sur le plan technologique. Pour ceux qui ne sont pas aussi avanc茅s, nous devons nous assurer qu鈥檌ls comprennent mieux les questions li茅es au commerce 茅lectronique.

L鈥橴A et les ministres africains du Commerce, apr猫s avoir finalis茅 les instruments n茅cessaires, ont officiellement lanc茅 la phase op茅rationnelle de la ZLECAf lors d鈥檜n sommet extraordinaire des chefs d鈥櫭塼at et de gouvernement le 7 juillet 2019.

Le commerce num茅rique en Afrique cro卯t 脿 un taux annuel estim茅脿 40 %. Quels conseils donneriez-vous aux pays qui num茅risent leur 茅conomie ?

Si elles sont pleinement adopt茅es, les applications num茅riques aideront 脿 combler les lacunes en mati猫re de cr茅dit, 脿 donner aux femmes les moyens de d茅velopper leur esprit d鈥檈ntreprise, 脿 fournir en temps r茅el des donn茅es commerciales aux agriculteurs ruraux et isol茅s ainsi que des analyses de donn茅es relatives au climat. La num茅risation a l鈥檃vantage de听 transformer l鈥櫭ヽonomie en r茅duisant les barri猫res 脿 l鈥檈ntr茅e et en 茅largissant la port茅e du march茅 pour les entreprises,听 cr茅ant ainsi des emplois et stimulant le commerce int茅rieur et ext茅rieur des biens et services. Les pays africains peuvent 茅galement tirer parti de ces avanc茅es pour am茅liorer la prestation des services publics, notamment l鈥檈fficacit茅 et la port茅e des filets de protection sociale, l鈥櫭ヾucation et la situation sanitaire.

Certains adoptent d茅j脿 progressivement des solutions num茅riques pour les politiques fiscales et de d茅penses, la gestion des finances publiques et la prestation des services publics. Les transactions num茅riques pourraient r茅duire de plusieurs milliards de dollars les pertes dans les d茅penses publiques et le recouvrement des imp么ts. Cet argent peut aider 脿 combler un d茅ficit important dans les besoins de financement annuels de l鈥橝frique.

Comment voyez-vous l鈥檃venir de听 la CEA ?

Je souhaite voir la CEA formuler des id茅es pour transformer le continent et cr茅er les conditions de la croissance 茅conomique et de la prosp茅rit茅 pour l鈥檈nsemble de la population. Nous voulons 锚tre le laboratoire d鈥檌d茅es de l鈥橝frique, au moyen d鈥檃ctions et de r茅sultats.

Quelle strat茅gie utiliserez-vous pour y parvenir ?

Je vais renforcer les capacit茅s du personnel et accro卯tre les ressources humaines pour aider les pays 脿 red茅finir leur 茅conomie en vue de la croissance. J鈥檃i l鈥檌ntention de travailler plus 茅troitement avec le secteur priv茅, en l鈥檌nt茅grant dans nos discussions et nos consultations.

Je me concentrerai sur les questions r茅gionales transfrontali猫res telles que la durabilit茅 des ressources en eau et les questions politiques telles que le diff茅rend entre la R茅publique arabe sahraouie d茅mocratique et le Maroc. Au niveau mondial, je d茅fendrai davantage les int茅r锚ts de l鈥橝frique dans les domaines de la fiscalit茅, de la migration, du changement climatique, de la paix et de la s茅curit茅 et du commerce.

Je suis en train de restructurer la CEA en cr茅ant des divisions sp茅cialis茅es sur toute une s茅rie de questions. Nous avons maintenant les divisions du secteur priv茅, de la macro茅conomie, de la finance et de la lutte contre la pauvret茅.