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Un officier nig茅rian de la MINUAD aide un 茅colier 脿 faire ses devoirs dans un camps de d茅plac茅s du Darfour Nord.

Photo: Photo ONU / Albert Gonzalez Farran

Lorsqu'on parle d'hybrides il s'agit g茅n茅ralement de semences am茅lior茅es pour agriculteurs ou de voitures dont la consommation d'essence est en partie suppl茅茅e par d'茅normes piles 茅lectriques. Mais au Darfour, r茅gion du Soudan occidental d茅vast茅e par la guerre, l'ONU et l'Union africaine (UA) mettent 脿 l'essai une autre forme d'hybride, sous la forme d'une force de maintien de la paix de 26 000 hommes command茅e par les deux organisations en vue de prot茅ger les civils et consolider un processus de paix fragile. Nom officiel : Op茅ration hybride UA/ONU au Darfour (MINUAD).

Pour l'heure, l'incertitude p猫se sur la MINUAD. Soixante ans apr猫s la cr茅ation de l'ONU, cette mission de paix est la premi猫re dont le commandement est partag茅 avec une autre organisation. Cette formule sans pr茅c茅dent est l'aboutissement d'une situation d茅licate, provoqu茅e par le refus du gouvernement soudanais d'accepter une mission traditionnelle de l'ONU. La MINUAD, qui a succ茅d茅 脿 une premi猫re op茅ration de moindre envergure de l'UA, n'a 茅t茅 approuv茅e qu'脿 contrec艙ur par les autorit茅s soudanaises contre la promesse de garder un " caract猫re africain". La mission b茅n茅ficie du soutien du D茅partement des op茅rations de maintien de la paix de l'ONU, qui fournit un appui logistique, en coop茅ration avec la Direction Paix et S茅curit茅 de l'UA.

Depuis son d茅ploiement fin 2007, la mission souffre d'une p茅nurie de personnel, d'un manque d'avions et d'autre mat茅riel dont l'essentiel doit 锚tre livr茅 par les pays donateurs. Le personnel et les v茅hicules de la mission ont 茅t茅 la cible d'agressions limitant leurs d茅placements. En d茅pit de quelques succ猫s, la force n'a jamais b茅n茅fici茅 de la capacit茅 militaire ni du soutien politique n茅cessaires pour prot茅ger convenablement la population civile et soutenir les actions humanitaires, estiment certains observateurs. Pourtant, affirment-ils, le prix de la mission est 茅lev茅, son budget annuel 茅tant actuellement de 1,8 milliard de dollars.

Circonstances difficiles

Les combats les plus violents au Darfour ont 茅clat茅 en 2003, avec des affrontements entre des groupes de rebelles locaux et les troupes gouvernementales soudanaises soutenues par les milices janjaouid. Les attaques contre les civils et les viols 脿 grande 茅chelle sont monnaie courante. L'ONU estime 脿 300 000 le nombre de Darfouris tu茅s et 脿 plus de deux millions celui des personnes d茅plac茅es. En outre, 250 000 r茅fugi茅s ont fui vers le Tchad voisin.

Selon Ibrahim Gambari, apr猫s quelques avanc茅es enregistr茅es en 2009, la violence et l'instabilit茅 ont repris. (voir Darfour : nouveau d茅fi pour Ibrahim Gambari). Malgr茅 les difficult茅s de la MINUAD, M. Gambari veut croire au succ猫s des op茅rations hybrides.

"Au d茅part, on n'avait pas pr茅vu que l'op茅ration soit hybride, souligne-t-il. Ce sont les circonstances qui en ont d茅cid茅 ainsi. Le Gouvernement soudanais 茅tant mal 脿 l'aise avec une force de maintien de la paix uniquement onusienne, les Africains sont intervenus" en 2004, en y d茅p锚chant une force de l'UA qui a fini par compter 7 000 hommes.

"Ce qui manque aux Africains, ce n'est pas la volont茅 de servir, mais les capacit茅s logistiques et le soutien financier dont b茅n茅ficient les autres missions de paix, note M. Gambari. La communaut茅 internationale a engag茅 d'茅normes ressources pour aider la mission", posant ainsi les jalons d'une MINUAD compos茅e essentiellement de personnels militaires africains, approvisionn茅e et financ茅e par l'ONU.

Coop茅ration pratique

La MINUAD fonctionne depuis plus de deux ans, fait valoir M. Gambari. "Malgr茅 toutes les difficult茅s, nous l'avons trouv茅e extr锚mement utile" pour le renforcement de la coop茅ration pratique entre les op茅rations de paix africaines et celles de l'ONU. "Malheureusement, je pense que l'Afrique continuera de compter sur l'aide internationale pour le maintien de la paix. Les Africains eux-m锚mes demandent 脿 pr茅sent 脿 prendre part 脿 la conception, la mise au point et la gestion des op茅rations de maintien de la paix. Je ferai de mon mieux pour donner suite aux r茅solutions du Conseil de s茅curit茅 et aux souhaits de l'UA afin que cette op茅ration soit per莽ue comme un mod猫le pour l'avenir".

Pour M. Gambari, un engagement plus actif des pays africains dans la planification et l'ex茅cution des op茅rations de maintien de la paix pr茅sente 茅galement certains avantages politiques. "Si vous 锚tes un pays africain, votre participation active 脿 ces processus vous incitera 脿 vous impliquer davantage dans ces op茅rations鈥�. De plus, je vois mal un gouvernement africain mettre 脿 la porte une mission approuv茅e aussi bien par l'UA que par l'ONU", dit-il, faisant remarquer que la pr茅sence continue de soldats de la paix de l'ONU au Tchad et en R茅publique d茅mocratique du Congo a 茅t茅 remise en question par les gouvernements de ces pays.

Ibrahim Gambari, chef de la Op茅ration Union Africaine-ONU au Darfour, rencontre des chefs traditionnels dans un camp de d茅plac茅s. Les Africains souhaitent 锚tre davantage impliqu茅s dans les op茅rations de paix sur le continent.

Photo: Photo ONU / Albert Gonzalez Farran

Issue incertaine

Certains observateurs se demandent toutefois si les avantages potentiels que pr茅sentent les missions hybrides compensent les complications qui d茅coulent d'une division de l'autorit茅 et de la cr茅ation d'une bureaucratie suppl茅mentaire.

Alison Giffen, directrice adjointe du Future of Peace Operations Programme du Henry L. Stimson Centre, groupe de r茅flexion am茅ricain dont le si猫ge est 脿 Washington, estime que l'ONU et l'UA tirent d'importants enseignements en mati猫re de coop茅ration tactique et logistique dans le cadre de la MINUAD. Cette exp茅rience renforce 茅galement l'aptitude de l'Afrique 脿 g茅rer et 脿 d茅ployer ses contingents de la paix. "Mais je dois admettre que la MINUAD en est encore au stade de l'apprentissage.

Cependant, malgr茅 le r么le pr茅pond茅rant que joue l'Afrique au sein de l'op茅ration, poursuit Mme Giffen, le Gouvernement soudanais continue d'imposer des restrictions arbitraires sur les mouvements du personnel de la MINUAD. "Les autorit茅s sont pass茅es ma卯tres dans l'art de jouer l'ONU contre l'UA et inversement", constate-t-elle.

Trois ans apr猫s sa cr茅ation, la MINUAD doit encore faire face 脿 une p茅nurie d'茅quipements et d'effectifs qui illustre une autre faiblesse du mod猫le hybride : la d茅pendance excessive vis-脿-vis des troupes des pays pauvres. "Les troupes africaines ont g茅n茅ralement un niveau satisfaisant", pr茅cise Mme Giffen. "Ce qui leur manque, en revanche, c'est l'茅quipement, l'appui logistique et l'entra卯nement voulus pour se d茅ployer efficacement dans des conditions difficiles comme celles du Darfour. La communaut茅 internationale a mis un temps fou 脿 combler ces lacunes."

脡voquant une autre approche innovante en mati猫re de maintien de la paix en Afrique, avec la mise en place d'une Force africaine de d茅ploiement rapide sous le seul commandement de l'UA (trois des cinq brigades pr茅vues 脿 cette fin sont 脿 ce jour presque op茅rationnelles), Mme Giffen estime que l'Afrique est en train de se doter d'un 茅ventail d'options en mati猫re d'op茅rations de maintien de la paix, qui va des missions traditionnelles jusqu'aux missions hybrides et aux interventions des groupes sous-r茅gionaux comme la Communaut茅 茅conomique des 脡tats de l'Afrique de l'Ouest.

Pour M. Gambari, le plus dur est de convaincre les sceptiques du bien-fond茅 des missions hybrides. "Il nous faut encore prouver que la MINUAD est effectivement un bien meilleur mod猫le", dit-il. " Nous faisons tout notre possible pour l'aider 脿 remplir son mandat".鈥�