脌 l'instar d'autres secteurs de l'茅conomie, l'industrie cr茅ative africaine, en plein essor, se pr茅pare 脿 saisir les opportunit茅s offertes par la zone de libre-茅change continentale africaine (ZLECAf). L'organisation de l'humoriste Daniel "Churchill" Ndambuki - Laugh Industry - offre une plateforme et des opportunit茅s d'emploi aux jeunes artistes d'Afrique de l'Est. Il s'est entretenu avec Raphael Obonyo. En voici des extraits :
Afrique Renouveau : Comment vous 锚tes-vous lanc茅 dans le stand-up ?听
M. Ndambuki : J'ai commenc茅 脿 jouer la com茅die au lyc茅e, mais je n'ai jamais 茅t茅 tr猫s en vue. J'ai repris le th茅芒tre apr猫s le lyc茅e, lorsqu'on m'a demand茅 de travailler avec Redykyulass, l'un des meilleurs groupes de stand-up au Kenya. J'茅tais l'accessoiriste qui travaillait dans les coulisses jusqu'脿 ce qu'une occasion se pr茅sente un jour o霉 l'on m'a donn茅 la chance de jouer un petit r么le. 听Le directeur m'a demand茅 d'y accorder plus d'attention, ce que j'ai fait. 脌 partir de l脿, j'ai commenc茅 脿 茅crire des sc茅narios pour les acteurs principaux. Lorsqu'ils quittaient la sc猫ne, j'entrais en sc猫ne pour jouer le r么le principal. Je suis acteur depuis plus de 20 ans maintenant.听
Comment votre 茅ducation a-t-elle influenc茅 votre carri猫re ?
J'ai grandi dans les faubourgs de Nairobi. Mon p猫re 茅tait handicap茅 et il 茅tait difficile d'aller 脿 l'茅cole, mais la communaut茅 est intervenue et nous a soutenus dans notre 茅ducation. J'ai de la chance d'avoir eu l'opportunit茅 de me produire avec Redykyulass.
Quand avez-vous eu votre chance ?听
Les principaux acteurs avec lesquels je travaillais sont pass茅s 脿 autre chose - l'un s'est lanc茅 dans la politique et l'autre dans l'entreprise. Pendant deux ans, nous n'avions pas d'茅mission. Le producteur a cru en moi et m'a encourag茅 脿 relever le d茅fi et 脿 lancer une 茅mission hebdomadaire. 听J'ai relev茅 le d茅fi, j'ai lanc茅 le d茅sormais tr猫s populaire spectacle comique "Churchill Live", et le reste appartient 脿 l'histoire.听
De quoi parle l'茅mission Churchill Live ?
Il s'agit d'une 茅mission hebdomadaire de com茅die satirique. Avec le temps, j'ai r茅alis茅 que m锚me si je voulais monopoliser les 45 minutes de l'茅mission, il y avait tellement d'autres jeunes talentueux qui avaient besoin d'une plateforme pour montrer leur talent. J'ai d茅cid茅 de partager ma plateforme. Chaque semaine, j'invite d'autres humoristes et musiciens 脿 venir dans mon 茅mission. C'est l'aspect unique de l'茅mission : chaque semaine, nous avons de nouveaux talents. Maintenant, les K茅nyans, les Africains de l'Est et les Africains se sont appropri茅s l'茅mission.
Comment la com茅die et l'industrie cr茅ative en g茅n茅ral peuvent-elles cr茅er des emplois pour les jeunes et lutter contre le ch么mage en Afrique ?听
Nous devons cr茅er des plateformes pour que les jeunes puissent montrer leur talent et construire leur marque. Le mentorat et l'accompagnement sont 茅galement essentiels au progr猫s de ces cr茅ateurs. Nous avons besoin de hubs pour faire 茅clore les talents.听
Comment avez-vous r茅ussi 脿 collaborer avec d'autres humoristes en Afrique ?听
J'ai eu l'id茅e d'un "Festival du rire", o霉 nous invitons des humoristes de toute l'Afrique 脿 se produire. Parmi les humoristes qui se sont produits au festival, citons le c茅l猫bre Basketmouth du Nigeria, Carl Ncube d'Afrique du Sud, Daliso Chaponda du Malawi, qui a termin茅 deuxi猫me au concours "Britain's Got Talent".听
Parmi les autres grands num茅ros, citons Patrick Salvado et Alex Muhangi d'Ouganda, Arthur Nkusi du Rwanda et Koi Mzungu de Tanzanie, entre autres.听
Nous avons l'intention de faire du festival du rire un 茅v茅nement annuel qui r茅unira diff茅rents humoristes d'Afrique et d'ailleurs.
Quels sont les d茅fis auxquels est confront茅e l'industrie de la cr茅ation en Afrique aujourd'hui ?听
Les humoristes ont besoin d'une plateforme pour se d茅velopper et tirer profit de leur talent. En Afrique, l'industrie cr茅ative n'est pas consid茅r茅e comme une source de revenus. 听Ce n'est pas quelque chose dans lequel les gens veulent investir. Le sous-investissement et le manque d'infrastructures font que la plupart des travailleurs cr茅atifs sont des ind茅pendants et sont largement sous-pay茅s. J'ai connu de tr猫s grosses pertes. Un ing茅nieur vous dira : "Je vaux tant", un m茅decin vous dira : "Je vaux tant". Mais la plupart des cr茅atifs ne connaissent pas leur valeur.听
Cela fait un an que la Zone de libre-茅change continentale africaine (ZLECAf) a 茅t茅 lanc茅e. En quoi peut-elle b茅n茅ficier aux jeunes en Afrique ?
C'est une id茅e qui arrive 脿 point nomm茅. La ZLECAf offrira une plateforme d'茅change d'id茅es aux jeunes de l'industrie cr茅ative. Nous devons 茅tablir des partenariats dans toute l'Afrique, trouver des moyens de collaborer et cr茅er des r茅seaux, notamment en ligne. La cr茅ation d'une zone de libre-茅change, qui permet au contenu cr茅茅 par les Africains d'锚tre facilement distribu茅 脿 cette 茅chelle, permet aux Africains de se diffuser largement, de changer leur r茅cit global et de sortir du cycle de la pauvret茅.
La com茅die peut 锚tre utilis茅e pour montrer le c么t茅 positif de l'Afrique. Les humoristes ont la possibilit茅 de changer le discours sur l'Afrique. L'Afrique est 脿 l'honneur, et c'est le meilleur moment pour raconter nos histoires. Il y a des milliers d'histoires comme celle du Wakanda qui n'ont pas encore 茅t茅 racont茅es.听
Quelles sont, selon vous, les possibilit茅s de collaboration offertes par l'accord ZLECAf ? 听
La ZLECAf cr茅era un march茅 continental unique, avec une libre circulation des hommes d'affaires et des investissements, en supprimant progressivement les barri猫res tarifaires et non tarifaires au commerce des biens et services intra-africains, qui ont historiquement emp锚ch茅 les cr茅ateurs et les praticiens de l'industrie culturelle d'acc茅der facilement au reste du continent.
Ce nouveau march茅 r茅gional massif permettra finalement aux Africains de mon茅tiser plus facilement leur travail cr茅atif et culturel en Afrique.
Le commerce intra et intercontinental consiste 脿 apprendre 脿 se conna卯tre, et 脿 se conna卯tre soi-m锚me. Comment les cr茅atifs, en particulier ceux de la com茅die, peuvent-ils aider dans ce domaine ?
Il ne s'agit pas seulement d'un accord de libre-茅change, mais d'une opportunit茅 pour nous de partager des id茅es, de g茅n茅rer et de partager du contenu. La ZLECAf encouragera les jeunes 脿 锚tre plus innovants et cr茅atifs. Toutefois, l'茅volutivit茅 de l'industrie cr茅ative au sein de la ZLECAf d茅pendra de l'existence d'un cadre solide qui soutienne les droits de propri茅t茅 intellectuelle et la s茅curit茅 num茅rique.
Que faut-il faire pour aider les acteurs de l'industrie cr茅ative et culturelle 脿 r茅colter les fruits d'un commerce intra-africain accru ?听
Des efforts doivent 锚tre faits pour aider les jeunes de l'industrie cr茅ative 脿 exploiter les opportunit茅s cr茅茅es par la ZLECAf. Le d茅veloppement des comp茅tences, les cadres r茅glementaires favorables, le financement et les march茅s sont quelques-uns des domaines qui n茅cessitent une attention particuli猫re.听
La ZLECAf peut-elle cr茅er le march茅 dont les industries culturelles et cr茅atives (ICC) africaines ont besoin pour que leur travail soit enfin consomm茅 par un march茅 national d'un milliard de personnes ?听
La place des industries cr茅atives et culturelles en termes de contribution potentielle aux PIB nationaux et de cr茅ation d'emplois ne peut 锚tre surestim茅e. L'accord peut aider les cr茅ateurs 脿 tirer profit du march茅 et 脿 relever certains d茅fis urgents, notamment le manque de ressources et de march茅s pour les personnes travaillant dans l'industrie cr茅ative.听
Alors que la ZLECAf commence 脿 prendre forme, que pouvez-vous exiger au nom des cr茅atifs ?听
Dans la quatri猫me r茅volution industrielle, le contenu est roi, et l'Afrique est le continent de l'avenir - que ce soit sur les m茅dias sociaux, la musique ou les plateformes de cin茅ma et de t茅l茅vision, ou m锚me dans les mus茅es et galeries num茅riques ou les jetons non fongibles (NFT) [il s'agit de morceaux de contenu num茅rique li茅s 脿 la blockchain]. Nous devons cr茅er des hubs et des acad茅mies et fournir des ressources et d'autres formes de soutien 脿 nos artistes, y compris les humoristes.听
Quelle est votre vision de la com茅die et de l'industrie cr茅ative en Afrique ?听
J'esp猫re voir un "Netflix" de l'Afrique, o霉 les Africains sont capables de raconter leurs propres histoires, 脿 partir de la com茅die, de la musique ou de tout ce que nous faisons. Nous pourrions mettre en valeur tout ce qui est bon en Afrique.听
Un dernier mot ?
Aux gens du monde entier, bienvenue en Afrique. Aux Africains, c'est notre heure. L'Afrique doit r茅aliser que nous sommes des aigles - nous avons un immense potentiel, nous devons voler. C'est notre heure. Et surtout, la ZLECAf a ouvert la porte aux artistes, saisissons les opportunit茅s qui abondent.听
