Les discrets h茅ros dans la r茅ponse de l'Afrique 脿 la COVID-19

Mariam Traor茅, 32 ans, agent de sant茅 communautaire au Mali, commence sa journ茅e par une autodiagnostic 脿 la COVID-19, comprenant 听une v茅rification de la temp茅rature corporelle et d'autres sympt么mes tels que la toux, le mal de gorge, la perte de l'odorat ou du go没t. Si tout va bien, Mme Traor茅 s'茅quipe ensuite d'un masque et d'un 茅cran facial avant de quitter sa maison 脿 Yirimadio, un quartier de la p茅riph茅rie de la capitale Bamako. Elle n'oublie pas de prendre suffisamment de gants pour se prot茅ger et prot茅ger les autres lorsqu'elle rend visite 脿 des patients dans sa ville.

L'OMS d茅finit les agents de sant茅 communautaire (ASC) comme des personnes non sp茅cialis茅es qui vivent dans les communaut茅s qu'elles servent et qui constituent un lien essentiel entre ces communaut茅s et le syst猫me de soins de sant茅 primaires. En Afrique, ils fournissent des interventions 脿 faible co没t pour des probl猫mes de sant茅 maternelle et p茅diatrique courants tels que la pneumonie, la diarrh茅e, la sous-nutrition, le paludisme, le VIH, la rougeole et maintenant la COVID-19. Ils apportent 茅galement une aide en mati猫re de vaccination.

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En faisant du porte-脿-porte pour assurer une gestion communautaire int茅gr茅e des cas, et maintenant, pendant la pand茅mie, en fournissant des interventions sp茅cifiques COVID-19, les agents de sant茅 communautaires continuent 脿 faire partie int茅grante du syst猫me de sant茅 sur le continent. Toutefois, leur r么le varie d'un pays 脿 l'autre.

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Au Mali, les agents de sant茅 communautaires traitent souvent les membres de la communaut茅 atteints de paludisme, de pneumonie et de diarrh茅e, et assurent les vaccinations et les services de planification familiale. On compte 30 000 agents de sant茅 communautaire rien qu'au Mali et plus d'un million en Afrique subsaharienne, qui s'efforcent tous de r茅duire les obstacles aux soins de sant茅, en particulier pour les femmes et les enfants.

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Dans le cadre de son travail, Mme Traor茅 rend quotidiennement visite 脿 ses patients 脿 leur domicile, dont la majorit茅 sont des enfants. Lorsqu'elle n'est pas en mesure de faire ces visites, les patients viennent chez elle ou elle les conseille par t茅l茅phone.

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"Je visite g茅n茅ralement jusqu'脿 32 maisons par jour. Cependant, lorsque de nombreux enfants n茅cessitent mon attention, il se peut que je ne puisse pas visiter autant de maisons. Actuellement, en raison de la pand茅mie COVID-19, je dois constamment changer mon 茅quipement de protection individuelle (EPI) entre chaque patient pour les prot茅ger et me prot茅ger contre l'infection", a d茅clar茅 Mme Traor茅 dans une interview.

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Mme Traor茅 a appris 脿 fournir un ensemble de services de sant茅 gr芒ce 脿 Muso, une organisation mondiale de sant茅脿 but non lucratif qui travaille avec le minist猫re de la sant茅 du Mali pour concevoir et tester des syst猫mes de sant茅 communautaires proactifs.

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Besoin d'EPI

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Comme tous les autres professionnels de la sant茅, les agents de sant茅 communautaires ont 茅galement besoin d'EPI pour pouvoir servir leurs patients en toute s茅curit茅 sans 锚tre expos茅s 脿 des risques potentiels pour la sant茅, en particulier pendant la pand茅mie.

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"Avant la pand茅mie, j'informais les femmes sur les diff茅rentes options de planification familiale qui s'offraient 脿 elles. Je me rendais l脿 o霉 se trouvaient ces femmes et je cherchais 脿 leur parler seule pour pr茅server leur vie priv茅e et leur confidentialit茅", explique Mme Traor茅. "Cependant, sans EPI et avec la distanciation sociale, il est plus difficile d'avoir ces conversations priv茅es sans que les autres membres de la famille entendent ce dont nous discutons".

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Lorsque COVID-19 a frapp茅 le Mali pour la premi猫re fois en mars 2020, beaucoup de ces agents de sant茅 communautaires ne pouvaient plus rendre visite aux patients chez eux car ils 茅taient consid茅r茅s comme des vecteurs potentiels de la maladie et ils ne disposaient pas de l'EPI n茅cessaire.

Community Health Workers providing life-saving services.

Les agents de sant茅 communautaires fournissent des services vitaux. Photo : Vickie Remoe

Selon l'OMS, la grave perturbation de l'approvisionnement mondial en EPI mettait des vies en danger 脿 cause du COVID-19 et d'autres maladies infectieuses. Les travailleurs de la sant茅 comptent sur l'EPI pour se prot茅ger et prot茅ger leurs patients contre l'infection. Mais en raison de la p茅nurie, les m茅decins, les infirmi猫res et les autres travailleurs de premi猫re ligne comme les agents de sant茅 communautaires sont dangereusement mal 茅quip茅s pour soigner les patients atteints de la COVID-19, en raison de l'acc猫s limit茅脿 des fournitures telles que les gants, les masques m茅dicaux, les respirateurs, les lunettes de protection, les 茅crans faciaux, les blouses et les tabliers.

"Sans cha卯nes d'approvisionnement s茅curis茅es, le risque pour les travailleurs de la sant茅 du monde entier est r茅el. L'industrie et les gouvernements doivent agir rapidement pour stimuler l'offre, assouplir les restrictions 脿 l'exportation et mettre en place des mesures pour mettre fin 脿 la sp茅culation et 脿 la th茅saurisation. Nous ne pouvons pas arr锚ter COVID-19 sans d'abord prot茅ger les travailleurs de la sant茅", a d茅clar茅 le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur g茅n茅ral de l'OMS.

On estime que les infections 脿 COVID-19 ont augment茅 de 203 % chez les travailleurs de la sant茅 en Afrique parce qu'ils ne disposent pas d'EPI appropri茅s.

La contribution de Muso

Muso est l'une des organisations qui sont intervenues pour fournir gratuitement des EPI aux agents de sant茅 communautaires au Mali, dont Mme Traor茅. 听Muso est membre du Fonds d'action COVID-19 pour l'Afrique (CAF-Afrique), une collaboration de plus de 30 organisations qui se consacrent 脿 la fourniture d'EPI aux agents de sant茅 communautaires en premi猫re ligne de la r茅ponse africaine 脿 COVID-19.

La coalition CAF-Africa a 茅t茅 lanc茅e en ao没t 2020 et est le seul effort mondial connu qui mobilise exclusivement des ressources pour 茅quiper les agents de sant茅 communautaires africains en EPI. 听Elle collabore 茅galement avec les minist猫res de la sant茅 afin de s'assurer que les gouvernements locaux sont 茅quip茅s pour prot茅ger les agents de sant茅 communautaires alors qu'ils jouent un r么le plus important dans les r茅ponses nationales 脿 COVID-19.

Sans cha卯nes d'approvisionnement s茅curis茅es, le risque pour les travailleurs de la sant茅 du monde entier est r茅el. L'industrie et les gouvernements doivent agir rapidement pour stimuler l'offre, assouplir les restrictions 脿 l'exportation et mettre en place des mesures pour mettre fin 脿 la sp茅culation et 脿 la th茅saurisation.

Tedros Adhanom Ghebreyesus

Directeur g茅n茅ral de l'OMS

Christian Rusangwa, directeur de l'assistance technique 脿 Muso et partenaire de CAF-Africa, explique que la premi猫re intervention de Muso a 茅t茅 de prot茅ger les agents de sant茅 communautaires. "Nous leur avons fourni des EPI pour qu'ils puissent continuer leur travail, et pour que les patients atteints de paludisme puissent encore recevoir leurs tests rapides et ceux atteints de pneumonie puissent encore recevoir les soins dont ils avaient besoin", a d茅clar茅 M. Rusangwa. La CAF-Afrique a fait don de plus de cinq millions de pi猫ces d'EPI au Mali, dont 5 472 000 masques faciaux et 22 529 茅crans faciaux.

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L'Ouganda

En Ouganda, la CAF-Africa s'est associ茅e 脿 d'autres organisations telles que le BRAC et Living Goods pour faire don de 6,6 millions de pi猫ces d'EPI au minist猫re de la sant茅 en octobre 2020.听

脌 la suite de ce don, le Premier ministre ougandais, le Dr Ruhakana Rugunda, a lanc茅 une nouvelle strat茅gie nationale qui repose sur les agents de sant茅 communautaires du pays pour lutter contre le COVID-19 au niveau communautaire.

Mme Muyingo Prossie, agent de sant茅 communautaire du village de Busimbi, dans le district de Miyana en Ouganda, se souvient que lorsque la pand茅mie a frapp茅 son pays, elle ne disposait pas de l'EPI ad茅quat pour voir tous ses patients.

"On nous a dit d'arr锚ter les tests de d茅pistage du paludisme et de donner des services de planning familial", a d茅clar茅 Mme Prossie. "Beaucoup de gens se sont retrouv茅s sans services de sant茅 et ont d没 attendre".

C'茅tait une r茅alit茅 douloureuse pour Mme Prossie qui, comme Mme Traor茅, comprend l'importance de son r么le dans la sant茅 communautaire.

"Depuis que je suis devenue agent de sant茅 communautaire dans ma communaut茅, aucune femme ou enfant n'est mort pendant l'accouchement", a d茅clar茅 Mme Prossie.

Elle comprend que beaucoup de ses patientes ne veulent pas 锚tre expos茅es au COVID-19 ou qu'elles sont trop fragiles pour quitter leur domicile, c'est pourquoi elle se pr茅pare souvent et s'occupe d'elles chez elles. "Je ne peux pas les laisser sans soins", dit Mme Prossie.

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Alors que l'Afrique continue 脿 naviguer dans sa r茅ponse 脿 la COVID-19, les agents de sant茅 communautaire comme Mme Prossie et Mme Traor茅, continueront 脿 servir en premi猫re ligne, s'assurant que tous les membres de la communaut茅 re莽oivent les soins dont ils ont besoin.

"Je vais donc mettre mon masque et je vais les voir", conclut Mme Prossie.