51吃瓜

Des parlementaires rwandais pr锚tent serment : pr猫s de la moiti茅 des l茅gislateurs du pays sont des femmes.

Photo: Office of President, Rwanda / Frederick Munyarubuga

La situation des femmes s鈥檃m茅liore dans de nombreux pays d鈥橝frique. 鈥淟鈥橝frique traverse actuellement une p茅riode d鈥檈xp茅rimentation intensive鈥�, explique Mme Anne Marie Goetz, qui dirige la division de la gouvernance, la paix et la s茅curit茅 du Fonds de d茅veloppement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM). 鈥淟es choses commencent 脿 changer, 脿 mesure que les pays voient qu鈥檌l est possible de donner aux femmes les moyens de mettre leurs comp茅tences et leurs talents au service du d茅veloppement national.鈥�

鈥楶as seulement se plaindre鈥�

Lorsque les chefs d鈥橢tat africains ont pr茅sent茅 en 2001 leur plan de d茅veloppement du continent, le Nouveau Partenariat pour le d茅veloppement de l鈥橝frique (NEPAD), les associations de femmes se sont mobilis茅es pour protester contre le fait que cette initiative ne tenait apparemment pas compte des questions de parit茅 des sexes. Elles ont exig茅 que les architectes du NEPAD veillent 脿 ce que les femmes ne soient pas exclues des avantages sociaux et 茅conomiques que promettait l鈥檌nitiative. Mme Litha Musyimi-Ogana, militante de la cause des femmes, 茅tait au premier rang de ces revendications.

鈥淛鈥檃i eu entre les mains le document fondateur du NEPAD, se souvient-elle, et j鈥檃i imm茅diatement consult茅 les objectifs. Il 茅tait dit au deuxi猫me objectif que l鈥檃utonomisation des femmes 茅tait une priorit茅. Cela m鈥檃 enthousiasm茅e. J鈥檃i ensuite feuillet茅 le document pour trouver un plan d鈥檃ction qui explique concr猫tement ce que le NEPAD ferait pour les femmes, mais en vain."

Apr猫s ce scepticisme initial, cette militante de la cause des femmes fait aujourd鈥檋ui partie de la structure de direction du NEPAD听; elle dirige le Groupe de la parit茅 des sexes et des organisations de la soci茅t茅 civile form茅 en 2004. Ce groupe, dont le si猫ge se trouve au secr茅tariat du NEPAD 脿 Johannesburg (Afrique du Sud), a 茅t茅 cr茅茅 en r茅ponse directe aux recommandations d鈥檃ssociations de femmes,听groupes de la soci茅t茅 civile et autres parties concern茅es.

鈥淟orsque nous avons protest茅, c鈥櫭﹖ait avec l鈥檌d茅e que si quelque chose manquait, il fallait y rem茅dier, indique Mme Musyimi-Ogana. Si la d茅claration du NEPAD 茅tait loin d鈥櫭猼re parfaite, j鈥檡 ai vu un engagement et un certain enthousiasme. C鈥檈st la premi猫re fois que les chefs d鈥橢tat s鈥檈ngagent de leur propre initiative en faveur de l鈥橝frique. C鈥檈st historique. Je me suis dit que j鈥檃llais soutenir cette vision d鈥檃venir et changer les choses de l鈥檌nt茅rieur si besoin 茅tait鈥�.

Suivi des lois

Dans le cadre de l鈥檜ne des initiatives les plus novatrices du NEPAD, le m茅canisme d鈥櫭﹙aluation intra-africaine, les gouvernements africains examinent p茅riodiquement les politiques et pratiques des pays participants afin d麓茅valuer les progr猫s r茅alis茅s en mati猫re de d茅mocratie, de bonne gouvernance et de gestion 茅conomique. Entre autres indicateurs, les pays participants doivent indiquer les mesures qu鈥檌ls ont prises afin de promouvoir et de prot茅ger les droits des femmes, ainsi que les lois et autres dispositions qu鈥檌ls ont adopt茅es pour accro卯tre la participation des femmes 脿 la soci茅t茅. Ils sont 茅galement tenus de citer 脿 l鈥檃ppui de leur bilan le pourcentage de femmes occupant des postes de d茅cision, des si猫ges au parlement, etc.

D鈥檃pr猫s Mme Goez d鈥橴NIFEM, le Rwanda a montr茅 l鈥檈xemple en ce qui concerne le nombre de femmes 茅lues au parlement. La constitution stipule que 30 % au moins des d茅put茅s doivent 锚tre de sexe f茅minin, mais gr芒ce au soutien important apport茅 aux femmes candidates lors des 茅lections, les femmes d茅tiennent maintenant 49 % des si猫ges.

Des femmes creusent des canaux d鈥檌rrigation au Rwanda : le NEPAD reconna卯t que les femmes jouent un r么le essentiel en mati猫re de production alimentaire.

Photo: Panos / Martin Roemers

D鈥檃pr猫s le rapport sur l鈥櫭﹙aluation intra-africaine du Rwanda, publi茅 en 2006, le Rwanda a, en plus des dispositions constitutionnelles, 鈥渃r茅茅 une multitude d鈥檌nstitutions et de programmes de d茅veloppement visant 脿 am茅liorer la condition et la situation des femmes de tous les milieux鈥�. Les lois sur les successions, la propri茅t茅 fonci猫re, le travail et la famille ont 茅t茅 r茅form茅es de mani猫re 脿 lutter contre la discrimination envers les femmes.

Malgr茅 ces 茅normes avanc茅es, l鈥櫭﹒uipe charg茅e de l鈥櫭﹙aluation intra-africaine a signal茅 que les femmes se heurtaient encore 脿 de nombreux obstacles. Les femmes mari茅es qui souhaitent entreprendre des activit茅s commerciales ont par exemple encore besoin de l鈥檃utorisation de leur mari.

Des 茅valuations similaires, assorties de propositions visant 脿 am茅liorer la situation des femmes et les possibilit茅s qui leur sont offertes, ont 茅galement 茅t茅 men茅es au Ghana et au Kenya. Une vingtaine d鈥檃utres pays ont adh茅r茅 au m茅canisme d鈥櫭﹙aluation intra-africaine et attendent d鈥櫭猼re 茅valu茅s.

D茅bloquer des budgets

D鈥檃pr猫s l鈥橴nion interparlementaire (UIP), organisme international de concertation de l茅gislateurs, dans l鈥檈nsemble de l鈥橝frique subsaharienne, 16,8 % en moyenne des si猫ges des parlements sont d茅tenus par des femmes, ce qui est proche de la moyenne mondiale de 17,1 %.

鈥淚l est essentiel que les femmes acc猫dent 脿 des postes importants, indique Mme Goetz. Les femmes qui occupent des fonctions politiques ont tendance en g茅n茅ral 脿 tenir davantage compte des besoins de leurs concitoyennes."

Occuper un poste important au sein du gouvernement n鈥檈st pas n茅cessairement synonyme de pouvoir. Il est d茅cevant, constate l鈥橴IP, que les femmes demeurent moins nombreuses que les hommes 脿 diriger un minist猫re de l鈥櫭ヽonomie ou 脿 repr茅senter au plus haut niveau leur pays sur la sc猫ne internationale.

鈥淟a question des femmes ne cesse de revenir鈥�, note Augustin Wambo, expert en politique agricole au secr茅tariat du NEPAD. Il estime qu鈥檌l ne servira 脿 rien d鈥檃voir de nobles objectifs tant que les dirigeants n鈥檃uront pas pris conscience des besoins des femmes.

鈥淨uel que soit le nombre d鈥檈ngagements pris, souligne M. Wambo, si nous ne convainquons pas les l茅gislateurs de d茅bloquer des budgets et de mettre en place les moyens et les politiques n茅cessaires en faveur des femmes, l鈥檌nitiative ne donnera pas de r茅sultats.鈥�

Productrices et entrepreneuses

D鈥檃pr猫s le Programme int茅gr茅 pour le d茅velop颅pement de l鈥檃griculture en Afrique du NEPAD, mis au point en 2003, 鈥渦ne attention particuli猫re doit 锚tre accord茅e au r么le essentiel que jouent les femmes en mati猫re de production alimentaire et de cr茅ation d鈥檈ntreprises dans les communaut茅s rurales et urbaines d鈥橝frique鈥�. Il a 茅galement 茅t茅 not茅 que 鈥渓es Africaines sont 脿 l鈥檕rigine d鈥檜ne partie importante de la production dans les secteurs informel et formel鈥�, tandis que les femmes chefs d鈥檈ntreprises 鈥渋nvestissent non seulement dans leurs activit茅s commerciales mais privil茅gient 茅galement les investissements sociaux r茅alis茅s dans leur communaut茅鈥�.

On estime que, dans la plupart des pays afri颅cains, les femmes produisent plus de la moiti茅 des aliments. Des 茅tudes r茅alis茅es par l鈥橭rganisation des Nations Unies pour l鈥檃limentation et l鈥檃griculture (FAO) ont cependant 茅tabli que, bien que les femmes jouent un r么le pr茅pond茅rant en mati猫re de s茅curit茅 alimentaire, il leur est difficile, en raison des lois en vigueur et des coutumes et traditions, de poss茅der des terres ou d鈥檕btenir des cr茅dits.

En mars 2007, le secr茅tariat du NEPAD a organis茅 une conf茅rence r茅gionale en Afrique australe pour expliquer aux parlementaires comment contribuer 脿 la r茅alisation des objectifs agricoles du NEPAD dans leurs circonscriptions. La conf茅rence a soulign茅 l鈥檌mportance de la parit茅 des sexes et indiqu茅 les mesures 脿 prendre pour aider les agricultrices.

R茅seaux et groupes de r茅flexion

Pour que les questions concernant les femmes soient mieux prises en compte dans le cadre des politiques et programmes, le secr茅tariat du NEPAD consulte des experts dans tous les secteurs. En 2005, par exemple, lors d鈥檜ne r茅union organis茅e par le R茅seau des femmes africaines pour le d茅velop颅pement et la communication du Kenya (FEMNET), des repr茅sentants d鈥檜ne quarantaine de pays ont demand茅 que soit mise en place une structure s鈥檕ccupant des questions de parit茅 des sexes et de soci茅t茅 civile.

脌 l鈥檌ssue de nouvelles consultations, le Groupe de r茅flexion des organisations de la soci茅t茅 civile, qui r茅unit 60 sp茅cialistes des questions de parit茅 entre les sexes originaires de toutes les r茅gions de l鈥橝frique, a 茅t茅 cr茅茅. Ses membres sont des sp茅cialistes des di颅vers secteurs prioritaires du NEPAD, tels que l鈥檃griculture, l鈥櫭ヾucation, les transports et la sant茅. Ces experts collaborent avec les femmes sur le terrain et comprennent donc bien ce dont ces derni猫res ont le plus besoin.

D鈥檃pr猫s Roselynn Musa, membre du Groupe de r茅flexion, cette volont茅 de consulter des sp茅cialistes prouve que les dirigeants africains comprennent mainte颅nant que les objectifs du NEPAD ne pourront 锚tre atteints que si les femmes et les filles peuvent y participer 脿 part enti猫re. Mme Musa, charg茅e de programme 脿 FEMNET, estime qu鈥檌l s鈥檃git l脿 d鈥檜n nouveau type de partenariat entre le NEPAD et les Africaines.

鈥淐e groupe de r茅flexion montre que les dirigeants du NEPAD ont pris conscience des lacunes qui existaient dans leur d茅marche initiale, a d茅clar茅 Mme Musa 脿 Afrique Renouveau. Ils essaient maintenant d鈥檡 rem茅dier.鈥� Par ses r茅percussions positives sur la vie quoti颅dienne des Africaines, ajoute-t-elle, le NEPAD de颅viendra plus cr茅dible et pertinent.