Comblons l¡¯¨¦cart entre besoins et ressources humanitaires
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Comblons l¡¯¨¦cart entre besoins et ressources humanitaires
Afrique Renouveau : Quelle est votre ¨¦valuation globale du sommet ? L¡¯ONU a-t-elle atteint ses objectifs ?
Stephen O¡¯Brien : La r¨¦union a ¨¦t¨¦ tr¨¨s anim¨¦e et a d¨¦pass¨¦ toutes les attentes elle a aussi abouti ¨¤ des r¨¦sultats concrets. Je suis ravi qu¡¯elle nous ait permis de mobiliser la volont¨¦ politique d¡¯aller de l¡¯avant.
Avant le sommet, vous aviez dit que les besoins humanitaires dans le monde ¨¦taient trop importants et qu¡¯il fallait les r¨¦duire.?
Aujourd¡¯hui, il y a en tout 100 ¨¤ 135 millions de personnes dans le monde qui sont dans le besoin. Ce nombre correspond environ ¨¤ la population d¡¯un pays comme le Japon qui est le 11i¨¨me ou 12i¨¨me plus grand pays au monde. Ces gens n¡¯ont pas de drapeau, ils n¡¯ont pas d¡¯?tat. Ils disposent de peu d¡¯argent. Ils vivent dans une extr¨ºme vuln¨¦rabilit¨¦ et dans des conditions tr¨¨s difficiles. Donc il est vraiment important d¡¯avoir ¨¤ l¡¯esprit le fait que si le nombre de ceux qui sont dans le besoin continue d¡¯augmenter, les ressources disponibles actuellement ne suffiront pas. Cet ¨¦cart doit ¨ºtre combl¨¦. Soit nous r¨¦duisons les besoins, soit nous augmentons la quantit¨¦ de ressources disponibles, soit nous adoptons? les deux solutions.
Quelle est la plus probable ?
Nous devrions chercher ¨¤ adopter les deux solutions parce que m¨ºme si nous r¨¦duisons le nombre de conflits dans le monde, les besoins humanitaires continueront d¡¯augmenter. Je pense ¨¤ la Syrie, ¨¤ l¡¯Irak, au Y¨¦men ou au Soudan du Sud aujourd¡¯hui. Quatre-vingt pour cent des besoins humanitaires dans le monde sont dus ¨¤ des conflits caus¨¦s par l¡¯homme. Donc, plus nous pourrons mettre fin aux conflits ou les r¨¦soudre, mieux cela vaudra.
Il serait possible d¡¯all¨¦ger le fardeau humanitaire si l¡¯on? emp¨ºchait ou r¨¦solvait les conflits, entend-on souvent dire. Le sommet a reconnu que la volont¨¦ politique est essentielle pour pr¨¦venir et mettre fin aux conflits. La volont¨¦ politique seule suffit-elle ??
La chose la plus difficile dans toute r¨¦union est de susciter la volont¨¦. Mais ¨¤ la diff¨¦rence de? la plupart des sommets, o¨´ l¡¯on cherche ¨¤ mobiliser des fonds, le pr¨¦sent sommet a eu pour objet de susciter la volont¨¦ politique de faire avancer le Programme d¡¯action pour l¡¯humanit¨¦, ¨¦nonc¨¦ dans le rapport du Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯ONU avant le sommet. Nous disposons donc d¡¯un vrai plan pour r¨¦pondre aux besoins des personnes les plus vuln¨¦rables.
Il a aussi ¨¦t¨¦ question d¡¯assurer un plus grand respect des droits de l¡¯homme et du droit humanitaire. Cependant, comment un plus grand respect des droits de l¡¯homme et du droit humanitaire pourrait influer sur la situation humanitaire ??
Il faut bien commencer quelque part, et l¡¯un des principaux pr¨¦alables est la volont¨¦. Nous savons bien que, souvent, ces lois sont viol¨¦es en toute impunit¨¦. Nous devons faire en sorte? de mettre un terme ¨¤ cette impunit¨¦. Et pour ce faire, nous avons besoin de la volont¨¦ de ceux qui ont adh¨¦r¨¦ ¨¤ ces obligations pour? que ces violations soient d¨¦nonc¨¦es? et, le cas ¨¦ch¨¦ant, punies.
Le sommet ¨¦tant termin¨¦, qu¡¯est-ce qui a vraiment chang¨¦ pour un r¨¦fugi¨¦ syrien dans un camp en Asie ou ailleurs en Europe, ou au Sud-Soudan, au Mali, au Niger ou au Tchad ?
Tout d¡¯abord, vous admettrez le fait que les pays du monde se sont? r¨¦unis pour mettre les affaires humanitaires au premier plan des pr¨¦occupations. Deuxi¨¨mement, vous reconna?trez qu¡¯il peut se passer des choses bien pr¨¦cises lors d¡¯un sommet, comme par exemple le fait que nous faisions en sorte d¡¯avoir? l¡¯engagement voulu et de disposer des? fonds n¨¦cessaires pour l¡¯¨¦ducation et l¡¯aide d¡¯urgence. Souvent, ce sont les enfants des personnes d¨¦plac¨¦es qui ne re?oivent pas d¡¯¨¦ducation. Nous avons ¨¦galement assist¨¦ ¨¤ l¡¯adoption d¡¯une charte ¨¤ l¡¯intention des? personnes? handicap¨¦es? pour veiller ¨¤ ce qu¡¯elles re?oivent? aussi une aide humanitaire qui r¨¦ponde? ¨¤ leurs besoins. Ce sont donc quelques-uns des ¨¦l¨¦ments concrets qui sont sortis du sommet. Ce sont des interventions importantes pour quiconque a actuellement besoin d¡¯aide humanitaire.
Quand les engagements pris d¨¦boucheront-ils sur des mesures concr¨¨tes ?
J¡¯esp¨¨re que dans les prochaines semaines ou les prochains mois, nous aurons des adeptes qui? m¨¨neront? la charge afin d¡¯op¨¦rer les changements n¨¦cessaires pour que nous puissions tenir au mieux nos engagements? humanitaires. Il faut s¡¯attendre ¨¤ voir un r¨¦el changement dans la qualit¨¦ et la quantit¨¦ de l¡¯aide humanitaire que nous sommes en mesure de fournir. Nous serons en mesure de travailler beaucoup mieux en collaboration avec nos partenaires du d¨¦veloppement et avec l¡¯ensemble de ce qu¡¯on appelle? maintenant? un ¨¦cosyst¨¨me, au-del¨¤ de la famille des Nations Unies, y compris avec ceux qui contribuent de fa?on significative aux actions humanitaires.
Le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯ONU a dit qu¡¯il ¨¦tait d¨¦?u par l¡¯absence des dirigeants occidentaux. Pourtant, la plupart de leurs pays sont d¡¯importants contributeurs financiers pour les interventions humanitaires. Leur absence a-t-elle eu un effet sur? les r¨¦sultats du sommet ??
Je ne pense pas, parce que? 173 pays sur les 193 pays reconnus par les Nations Unies? y ont assist¨¦. Cinquante-cinq chefs d¡¯?tat et de gouvernement ¨¦taient pr¨¦sents. Nous avons ¨¦t¨¦ tr¨¨s heureux que la chanceli¨¨re allemande, Angela Merkel, repr¨¦sentant les pays du G7, ait ¨¦t¨¦ en mesure d¡¯assister au sommet et d¡¯apporter une contribution tr¨¨s importante. Elle a en fait formul¨¦? une grande partie de la r¨¦flexion qui a conduit l¡¯Allemagne ¨¤ se montrer si g¨¦n¨¦reuse en accueillant autant de r¨¦fugi¨¦s r¨¦cemment.
Fournir une assistance en temps opportun aux populations dans le besoin n¨¦cessite des fonds, mais les demandes de financement sont rarement satisfaites dans leur int¨¦gralit¨¦. Comment se fait-il que, face ¨¤ la souffrance humaine, il semble qu¡¯il n¡¯y ait pas assez de g¨¦n¨¦rosit¨¦ pour sauver des vies ??
Je pense sinc¨¨rement que les citoyens du monde croient en l¡¯apport d¡¯un soutien humanitaire aux personnes gravement dans le besoin, o¨´ qu¡¯elles soient, quelles qu¡¯elles soient, et quelle que soit l¡¯origine de leur besoin. Mais, bien s?r, m¨ºme avec la g¨¦n¨¦rosit¨¦ accrue du monde en faveur de l¡¯action humanitaire, nous constatons que l¡¯¨¦cart s¡¯est creus¨¦ parce que les besoins deviennent? exponentiels. S¡¯il est vrai que le monde est g¨¦n¨¦reux, sa g¨¦n¨¦rosit¨¦ ne suffit toutefois pas pour r¨¦pondre aux besoins. Nous devons donc veiller ¨¤ combler cet ¨¦cart. C¡¯est la raison pour laquelle il est aussi important de r¨¦duire? la demande? que de s¡¯efforcer d¡¯augmenter les ressources disponibles.
Le sommet semble s¡¯¨ºtre mis d¡¯accord sur un ? grand compromis ?. ??
C¡¯est une sorte de conversation informelle qui a eu lieu entre un certain nombre de donateurs, des repr¨¦sentants de ceux qui ¨¦taient int¨¦ress¨¦s, les fournisseurs de l¡¯aide humanitaire du syst¨¨me des Nations Unies et d¡¯autres organismes ou entit¨¦s telles que le Comit¨¦ international de la Croix-Rouge. En ¨¦change d¡¯une plus grande efficacit¨¦, productivit¨¦ et transparence dans l¡¯utilisation des ressources disponibles, nous devrions nous attendre ¨¤ un financement pluriannuel.
Selon le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral, le sommet a constitu¨¦ un tournant d¨¦cisif et non pas une fin en soi. Les prochaines grandes ¨¦tapes ??
Alors que nous? pr¨¦parions? le sommet qui devait r¨¦unir? 9 000 participants, j¡¯ai dit? que ce serait un point de d¨¦part, un tournant d¨¦cisif. Il s¡¯est r¨¦v¨¦l¨¦ ¨ºtre plus que cela il a servi de catalyseur ¨¤ l¡¯ambition et la d¨¦termination d¡¯offrir davantage de ressources? ¨¤ ceux? qui en ont? besoin. Le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral avait ¨¦videmment raison. Il s¡¯agit bien d¡¯un tournant d¨¦cisif qui? a contribu¨¦ ¨¤ nous faire prendre mieux conscience de ces besoins, mais aussi ¨¤ renforcer notre capacit¨¦ et notre imp¨¦ratif moral de chercher ¨¤ les satisfaire.