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Face aux rigueurs du climat

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Face aux rigueurs du climat

¡­les femmes peuvent aussi aider ¨¤ en r¨¦duire les effets
Eleni Mourdoukoutas
Afrique Renouveau: 
Women carry jerry cans of water from shallow wells dug from the sand along the Shabelle River bed, following a drought in Somalia. Photo: Reuters/Feisal Omar
Photo: Reuters/Feisal Omar
Des femmes avec des bidons d¡¯eau le long de la rivi¨¨re Shabelle, Somalie. Photo: Reuters/Feisal Omar

Les impacts visibles du changement climatique en Afrique - la d¨¦forestation, les inondations, la s¨¦cheresse, l¡¯¨¦rosion des sols, les temp¨ºtes c?ti¨¨res et les variations climatiques - sont flagrants, autant que son? impact sur les femmes.?

En Afrique subsaharienne, notamment dans les zones arides et la r¨¦gion du Sahel, o¨´ le changement climatique aggrave la pauvret¨¦, les femmes sont touch¨¦es de mani¨¨re disproportionn¨¦e en raison de leurs liens ¨¦troits avec l¡¯environnement.?

Selon les? experts,? le changement climatique affecte surtout ceux qui d¨¦pendent principalement? des ressources naturelles et dont les moyens de subsistance sont sensibles aux variations climatiques - dont beaucoup sont des agricultrices pauvres. Selon un rapport de 2015 produit par le D¨¦partement des affaires ¨¦conomiques et sociales (DAES) de l¡¯Organisation des Nations Unies, environ les deux tiers de la main d¡¯?uvre f¨¦minine dans les pays en d¨¦veloppement sont impliqu¨¦s dans le travail agricole, et ce nombre est plus ¨¦lev¨¦ dans les zones rurales d¡¯Afrique.?

Recherche de l¡¯eau

Les ressources naturelles se font de plus en plus rares en raison du changement climatique, ce qui pr¨¦sente des d¨¦fis suppl¨¦mentaires pour les femmes. Par exemple, en zone rurale au S¨¦n¨¦gal, les saisons de pluies sont plus courtes qu¡¯auparavant et on a enregistr¨¦ une baisse de 35 % du total des pr¨¦cipitations au cours des deux derni¨¨res d¨¦cennies. En cons¨¦quence, les femmes parcourent des distances plus longues pour aller chercher de l¡¯eau destin¨¦e ¨¤ la boisson, la cuisine et le m¨¦nage, selon une ¨¦tude? men¨¦e? par l¡¯Organisation des femmes pour l¡¯environnement et le d¨¦veloppement (WEDO), un groupe qui promeut l¡¯¨¦galit¨¦ des sexes et l¡¯int¨¦grit¨¦ de l¡¯environnement.

Parcourir de longues distances est physiquement ¨¦puisant, et cela peut prendre jusqu¡¯¨¤ 20 heures ou plus par semaine pour localiser l¡¯eau potable, v¨¦rifier r¨¦guli¨¨rement les niveaux d¡¯eau dans les puits ¨¦tablis et, enfin, la transporter ¨¤ la maison. En Afrique subsaharienne rurale, 37 % de la population vit ¨¤ 30 minutes au moins d¡¯une source d¡¯eau potable, selon le DAES.?

La plupart des femmes africaines prennent ¨¦galement soin de leurs enfants, des personnes ?g¨¦es et des personnes en mauvaise sant¨¦. Ces responsabilit¨¦s peuvent prendre environ cinq heures par jour. Les effets des changements climatiques, en particulier la s¨¦cheresse, les inondations et les? modifications du r¨¦gime des pr¨¦cipitations, rendent ces t?ches encore plus ardues.

Au Kenya, par exemple, les personnes vivant autour du mont Kenya ont remarqu¨¦ que la neige a presque disparu du sommet de la montagne. Cela signifie moins d¡¯eau pour l¡¯agriculture et pour d¡¯autres usages agricoles, ainsi que pour les villes et les zones urbaines en aval. En cons¨¦quence, les femmes k¨¦nyanes peuvent parcourir des kilom¨¨tres ¨¤ la recherche de l¡¯eau pour l¡¯usage domestique. Les personnes qui vivent autour du mont Kilimandjaro en Tanzanie sont confront¨¦es ¨¤ des probl¨¨mes similaires.

Le changement climatique affecte les femmes africaines de nombreuses autres fa?ons. Bien qu¡¯elles utilisent r¨¦guli¨¨rement des ressources naturelles, elles ont peu ou pas de droits de propri¨¦t¨¦. Au Mali, o¨´ plus de 50 % des femmes sont impliqu¨¦es dans l¡¯agriculture, seulement 5 % sont propri¨¦taires en titre, selon un rapport de l¡¯Organisation des Nations Unies pour l¡¯alimentation et l¡¯agriculture (FAO). M¨ºme dans les pays qui se portent relativement bien sur le plan ¨¦conomique, comme le Botswana et le Cap-Vert, seulement 30 %?des femmes poss¨¨dent l¨¦galement une terre, bien? que? 50 % d¡¯entre elles environ soient? impliqu¨¦es dans l¡¯agriculture.

Asa Torkelsson, Conseill¨¨re en autonomisation ¨¦conomique au bureau r¨¦gional d¡¯ONU-Femmes pour l¡¯Afrique orientale et australe, affirme qu¡¯on rapporte m¨ºme des cas de demandes de sexe en ¨¦change de l¡¯acc¨¨s aux sources d¡¯eau ou au bois de chauffage.?

En outre, dit Mme Torkelsson, les femmes qui vont ¨¤ la recherche de l¡¯eau et du bois de chauffage se trouvent souvent vuln¨¦rables ¨¤ d¡¯autres ¨¦gards. ? Il existe d¡¯autres situations de violence, ou tout au moins des provocations ¨¤ l¡¯encontre de la propri¨¦t¨¦ des femmes en ce qui concerne? leur propre corps ?, a confi¨¦ Mme Torkelsson ¨¤ Afrique Renouveau.?

Faire face aux catastrophes

Avec un acc¨¨s minimal ¨¤ l¡¯information et une mobilit¨¦ limit¨¦e en dehors de leurs domiciles, les femmes sont 14 fois plus susceptibles que les hommes de mourir lors de catastrophes naturelles, signale la Banque africaine de d¨¦veloppement (BAD).?

Le changement climatique a ¨¦galement provoqu¨¦ le d¨¦placement de leur foyer de nombreuses femmes, faisant ainsi d¡¯elles des personnes d¨¦plac¨¦es ou des r¨¦fugi¨¦es transfronti¨¨res. Des conditions m¨¦t¨¦orologiques extr¨ºmes, en particulier les s¨¦cheresses, l¡¯ass¨¨chement des bassins fluviaux en Afrique australe et orientale et les inondations et l¡¯¨¦l¨¦vation du niveau de la mer en Afrique de l¡¯Ouest, ont contraint de nombreuses femmes ¨¤ migrer, selon le Centre international d¡¯information sur les catastrophes.

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les r¨¦fugi¨¦s (HCR), les femmes et les adolescentes sont les r¨¦fugi¨¦es les plus vuln¨¦rables, car elles? risquent davantage? d¡¯¨ºtre victimes de trafic ¨¤ des fins sexuelles lorsqu¡¯elles? se d¨¦placent? dans un pays ¨¦tranger et d¡¯¨ºtre victimes de violence fond¨¦e sur le sexe pendant qu¡¯elles s¨¦journent dans des camps de r¨¦fugi¨¦s.?

Leila Abdulahi, 25 ans, r¨¦fugi¨¦e somalienne qui est arriv¨¦e dans le camp de r¨¦fugi¨¦s de Dadaab, au Kenya, apr¨¨s la s¨¦cheresse de 2011, raconte son exp¨¦rience ¨¤ ONU-Femmes en 2014 : ? Nous avons peur d¡¯aller chercher du bois dans la for¨ºt. Des bandits nous attaquent dans nos propres fermes et nous violent. Si j¡¯avais de l¡¯argent, j¡¯ach¨¨terais simplement du bois de chauffage plut?t que d¡¯envoyer ma fille en chercher dans la for¨ºt. ?

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Tout comme les femmes sont touch¨¦es de mani¨¨re disproportionn¨¦e par les effets du changement climatique, elles jouent ¨¦galement un r?le crucial dans la pr¨¦vention des changements climatiques, au moins ¨¤ faible ¨¦chelle, et aident m¨ºme leurs communaut¨¦s ¨¤ s¡¯y adapter.

? Les femmes sont en fait capables de changer la donne dans le domaine du changement climatique en contribuant de mani¨¨re active et en prenant des initiatives ?, explique Rahel Steinbach, Administratrice de programme ¨¤ la Division de la technologie, de l¡¯industrie et de l¡¯¨¦conomie (DTIE) du Programme des Nations Unies pour l''environnement (PNUE).?

Mme Steinbach ajoute que les femmes peuvent mettre des sources d¡¯¨¦nergies renouvelables et rentables? ¨¤ la port¨¦e de ceux qui en ont besoin gr?ce ¨¤ l¡¯entrepreneuriat, un objectif qui est promu par le biais d¡¯une nouvelle initiative d¡¯ONU-Femmes et du PNUE baptis¨¦e Entrepreneuriat f¨¦minin pour le d¨¦veloppement durable.

Ce programme sera mis en ?uvre ¨¤ l¡¯¨¦chelle mondiale, mais il d¨¦marrera dans six pays, dont deux? d¡¯Afrique : le Maroc et le S¨¦n¨¦gal. Les autres pays sont la Bolivie, l¡¯Inde, l¡¯Indon¨¦sie et le Myanmar. Il formera les femmes en technologies ¨¦nerg¨¦tiques durables et montrera aux? femmes entrepreneurs comment acc¨¦der ¨¤ des financements.

De m¨ºme, une entreprise sociale bas¨¦e en Ouganda et qui a pour nom Solar Sister (Soeur solaire) travaille avec 1 500 femmes au Nig¨¦ria, en Tanzanie et en Ouganda pour distribuer du mat¨¦riel solaire en Afrique rurale, o¨´ les lampes ¨¤ p¨¦trole sont? largement? utilis¨¦es. Cette initiative a pour objet d¡¯amener les femmes ¨¤ soutenir le d¨¦veloppement durable, ainsi qu¡¯¨¤ s¡¯assurer? un revenu, en particulier lorsque? les conditions climatiques sont impr¨¦visibles.?

Les femmes ach¨¨tent des lampes, des chargeurs de t¨¦l¨¦phones et des panneaux solaires ¨¤ faible co?t, puis les revendent? et empochent la diff¨¦rence, qui peut se situer entre? 10 et 200 dollars par mois.? ?

De la perte au b¨¦n¨¦fice

Un autre programme conjoint d¡¯ONU-Femmes et du PNUE, intitul¨¦?? L¡¯autonomisation des femmes gr?ce ¨¤ une agriculture r¨¦siliente aux changements climatiques, permet aux agricultrices d¡¯utiliser de nouvelles techniques et technologies, en particulier des semences r¨¦silientes, pour permettre ¨¤ l¡¯agriculture de mieux r¨¦sister ¨¤ des cycles irr¨¦guliers de s¨¦cheresse et d¡¯inondations, d¨¦clare Seemin Qayum, Conseill¨¨re pour les questions de? d¨¦veloppement durable? aupr¨¨s d¡¯ONU-Femmes.

Le programme concerne ¨¦galement les pertes de cultures caus¨¦es par l¡¯absence? de march¨¦s et d¡¯installations de stockage appropri¨¦es. Le but est de faire en sorte? que les produits agricoles finissent par atteindre de plus grands march¨¦s, et pas seulement les march¨¦s locaux, o¨´ les b¨¦n¨¦fices seront plus ¨¦lev¨¦s.?

Au Kenya, par exemple, entre 30 % et 40 % des rendements sont? perdus en raison du manque de stockage appropri¨¦ apr¨¨s la r¨¦colte. Pour les mangues, les pertes s¡¯¨¦l¨¨vent jusqu¡¯¨¤ 60 %.?

Le PNUE et ONU-Femmes collaborent maintenant avec la Fondation Rockefeller et d¡¯autres partenaires pour voir comment l¡¯on pourrait r¨¦soudre le probl¨¨me du stockage des r¨¦coltes et rechercher des technologies soutenables sur le plan climatique qui permettront aux? femmes? de transformer les pertes en gains et assureront la s¨¦curit¨¦ financi¨¨re des m¨¦nages.