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Atteindre les r¨¦gions ¨¦loign¨¦es

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Atteindre les r¨¦gions ¨¦loign¨¦es

Des dispensaires mobiles permettent d¡¯atteindre les populations rurales
Afrique Renouveau: 
Health workers attend to patients at a camel mobile clinic in Samburu, Kenya. Photo credit: CHAT
Photo credit: CHAT
Des professionnels de sant¨¦ assistent des patients dans une clinique mobile par chameau ¨¤ Samburu, au Kenya. Photo credit: CHAT

Le dromadaire est connu pour sa r¨¦sistance. Transporter des charges lourdes sur 160 km dans la chaleur du d¨¦sert avec tr¨¨s peu d'eau ¨¤ boire n'est pas une petite affaire mais ce ? vaisseau? du d¨¦sert ? est tout ¨¤ fait ¨¤ son aise? dans un tel environnement. Il poss¨¨de d¡¯¨¦pais coussinets qui lui permettent de facilement n¨¦gocier les sables mouvants et les chemins rocailleux ; ses membres allong¨¦s maintiennent son corps loin de la chaleur de surface ; ses narines qui se ferment le prot¨¨gent du sable ; tandis que ses sourcils touffus et ses cils ¨¦pais prot¨¨gent efficacement ses yeux.

Au Kenya, les caract¨¦ristiques adaptatives et les? qualit¨¦s physiques du dromadaire se sont r¨¦v¨¦l¨¦s d¡¯une grande utilit¨¦ et ont fait de lui? un syst¨¨me de transport original qui permet de convoyer le mat¨¦riel et le personnel m¨¦dical jusqu¡¯aux villages les plus ¨¦loign¨¦s de certaines communaut¨¦s mal desservies.

Chez le voisin ougandais, ce sont les motocyclettes qui constituent le moyen de transport alternatif privil¨¦gi¨¦? pour l¡¯acheminement des soins aux zones les plus recul¨¦es. Au Malawi enfin, c¡¯est un outil technologique, le t¨¦l¨¦phone portable, qui est utilis¨¦ pour lutter contre la mortalit¨¦ maternelle.

¨¤ dos de dromadaire

Dans le comt¨¦ de Samburu au Kenya, o¨´ les conditions climatiques sont dures et o¨´ plus de 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvret¨¦ sans syst¨¨me? sanitairesatisfaisant, beaucoup de femmes meurent en couches ou de maladies pouvant? ¨ºtre? soign¨¦es, comme le paludisme, la diarrh¨¦e, le t¨¦tanos, les maladies v¨¦hicul¨¦es par l¡¯eau, ou encore les infections oculaires ou de la peau.

Pour atteindre les habitants de cette r¨¦gion ¨¦loign¨¦e, qui se trouve ¨¤ plus de 300 km au nord de la capitale, Nairobi, les dispensaires? mobiles se d¨¦pla?ant ¨¤ dos de dromadaire circulent d¨¦sormais sur ce vaste territoire de brousse ¨¦pineuse et de savane semi-aride. Ces dispensaires ont ¨¦t¨¦ salu¨¦s comme l'un des moyens les plus innovants? et les plus durables d'atteindre les communaut¨¦s locales dans les r¨¦gions ¨¦loign¨¦es.? Ils constituent une initiative du Communities Health Africa Trust (CHAT), une organisation non gouvernementale cr¨¦¨¦e il y a 16 ans par Shanni Wreford-Smith. Ils ont ¨¦t¨¦ lanc¨¦s six ans apr¨¨s la cr¨¦ation de CHAT et ciblent les communaut¨¦s semi-nomades qui se d¨¦placent d'un endroit ¨¤ l'autre ¨¤ la recherche d¡¯eau et de p?turages.

Selon Shanni Wreford-Smith, un dispensaire? mobile se compose de 7 ¨¤ 10 dromadaires et d¡¯une ¨¦quipe constitu¨¦e de travailleurs m¨¦dicaux et de chameliers. Le groupe compte ¨¦galement deux conseillers en planning familial et en VIH.

? Une journ¨¦e type? pour nos dispensaires consiste ¨¤ se lever t?t pour emballer puis charger l'¨¦quipement m¨¦dical sur les dromadaires et commencer le voyage avant que le soleil ne soit trop chaud. L'¨¦quipe marche au rythme des animaux lourdement charg¨¦s. Parfois, une distance de 25 km peut prendre une journ¨¦e enti¨¨re ¨¤ couvrir. Parfois cela nous prend entre deux ¨¤ six heures?, explique Mme Wreford-Smith ¨¤ Afrique Renouveau.

Une fois arriv¨¦ ¨¤ destination, le convoi installe sa tente pr¨¨s d'une grande manyatta (la r¨¦sidence? traditionnelle d'une famille ou d'un clan) pour deux ¨¤ trois jours, tandis que les membres de l'¨¦quipe font du porte-¨¤-porte. Le dispensaire offre ses services ¨¤ 30 ¨¤ 80 personnes en moyenne, selon la taille de la manyatta, puis? passe au groupe suivant. Il? fournit des services de sant¨¦ de base et offre une approche? globale du planning familial , ? qui int¨¨gre une forte composante de sensibilisation aux questions ¨¦cologiques ?.

?Nous ciblons les communaut¨¦s qui ont le plus besoin de services de sant¨¦ pour lutter contre des maladies courantes comme le paludisme et la diarrh¨¦e ?, explique Violet Otieno, travailleuse sociale et chef de projet au CHAT. Les dispensaires? offrent? ¨¦galement des tests de d¨¦pistage du VIH/sida et des? conseils? et renvoient vers des sp¨¦cialistes pour les traitements antir¨¦troviraux.

Les dispensaires se d¨¦pla?ant ¨¤ dos de dromadaire sont financ¨¦s par des donateurs, ce qui limite le nombre de voyages qu'ils effectuent ¨¤ quatre tourn¨¦es par an. Chaque tourn¨¦e peut prendre jusqu'¨¤ deux semaines. L'¨¦quipe s'est familiaris¨¦e avec les risques du voyage, comme la d¨¦shydratation, les attaques d'animaux? sauvages ou encore les risques li¨¦s ¨¤ la pr¨¦sence de clans en guerre. Depuis dix ans que les dispensaires? existent, quatre dromadaires seulement ont p¨¦ri des suites de maladies.

? Ce qu'il y a de bien, c'est que les dromadaires nous permettent d'aller l¨¤ o¨´ les v¨¦hicules ne peuvent aller ?, poursuit Violet Otieno, en ajoutant que le CHAT ¨¦tend d¨¦sormais son service de dispensaires? mobiles aux communaut¨¦s marginalis¨¦es d'autres comt¨¦s, notamment dans les r¨¦gions arides et semi-arides d'Isiolo, de Marsabit, de Molo et de Kitui.

? Samburu, comme dans d'autres r¨¦gions du nord du Kenya, vastes et inaccessibles ¨¤ cause des routes quasi infranchissables, les habitants sont oblig¨¦s de marcher plusieurs heures pour obtenir des soins m¨¦dicaux d'urgence. Les dispensaires? mobiles se d¨¦pla?ant ¨¤ dos de dromadaire sont donc le moyen le plus commode de fournir des services de sant¨¦.

Dans un village de Samburu, Jeremiah Samana, 34 ans, lutte pour retenir ses larmes en racontant comment il a perdu sa femme alors qu'elle donnait naissance ¨¤ leur troisi¨¨me enfant. ? Aujourd'hui [avec les dispensaires? mobiles], elle serait vivante?, explique-t-il ¨¤ Afrique Renouveau .

Jeremiah regarde les dromadaires charg¨¦s de m¨¦dicaments passer devant sa manyatta pour aller soigner ses voisins et se dit reconnaissant. Si ces dromadaires sont arriv¨¦s trop tard pour sa femme, lui et ses enfants? au moins seront b¨¦n¨¦ficiaires des services offerts par la caravane.

? Ambulances motocyclettes ?

Les services de sant¨¦ sont difficiles ¨¤ trouver ¨¤ Turkana, le plus grand comt¨¦ du Kenya. Du fait de la p¨¦nurie de? personnel de sant¨¦, il n'y a qu'un m¨¦decin pour environ 50 000 personnes. Le nouveau gouvernement du comt¨¦ a donc con?u des moyens de rapprocher les services de sant¨¦ de la population? de ce vaste comt¨¦ rural.

? Nous utilisons des motocyclettes ambulances pour atteindre nos populations dans les sept sous-r¨¦gions du comt¨¦. Depuis l'introduction de cette mesure innovante, de nombreuses personnes acc¨¨dent plus facilement aux services de sant¨¦ ?, explique ? Jane Ajele, la ministre de la sant¨¦ du comt¨¦, ¨¤ Afrique Renouveau .

Six ambulances-motocyclettes du minist¨¨re desservent les sous-r¨¦gions. La demande de services est ¨¦lev¨¦e et Jane Ajele affirme que le minist¨¨re compte augmenter leur nombre d'ici la fin de cette ann¨¦e.

? Ces ''ambulances'' arrivent ¨¤ n¨¦gocier des routes autrement infranchissables, explique-t-elle, et cela permet de sauver des vies. En plus de transporter des m¨¦dicaments, elles transportent aussi les femmes en travail vers le centre de sant¨¦ le plus proche ?.

De m¨ºme, le comt¨¦ de Tana River s'est dot¨¦ de quatre ambulances-motocyclettes pour Biressa, Dende, Wayu-Boro et Tawakal, quatre villages isol¨¦s o¨´? le nombre de d¨¦c¨¨s maternels est parmi les plus ¨¦lev¨¦s du pays.

Ambulances de village?

Depuis le mois de juin dernier, l'Ouganda utilise lui aussi des ambulances motocyclettes pour soigner les habitants de la r¨¦gion rurale de l'ouest du pays.

Commun¨¦ment appel¨¦es ? ambulances de village ?, ces motocyclettes ¨¤ trois roues apportent m¨¦dicaments, mat¨¦riel m¨¦dical et l'information aux patients des villages les plus ¨¦loign¨¦s. Avant l'introduction de ce syst¨¨me, les agents? de sant¨¦ communautaires utilisaient des civi¨¨res improvis¨¦es ou transportaient les malades sur leur dos jusqu'au centre de sant¨¦ le plus proche. Nombreux sont les patients qui ne survivaient? pas? au voyage, long et ardu. ? Les ambulances de village permettent de sauver de nombreuses? vies ? a ainsi racont¨¦ en septembre dernier Swizen Kisembe, un travailleur de sant¨¦, ¨¤ la South African Broadcasting Corporation. Elles sont ¨¦galement moins ch¨¨res et au final plus s?res que les ambulances traditionnelles.

Au Malawi, l¡¯e-innovation

Les ? centres de sant¨¦ t¨¦l¨¦phoniques ? du Malawi sont une nouvelle fa?on d'offrir, gr?ce aux SMS, des services de sant¨¦ essentiels aux personnes qui vivent en milieu rural.

Un t¨¦l¨¦phone portable de base se transforme en dispensaire qui permet au? patient d'obtenir? d'un m¨¦decin toutes les informations dont il a besoin, sans avoir ¨¤ se d¨¦placer. Le service de messagerie textuelle donne ¨¦galement des conseils et des rappels sur la prise de m¨¦dicaments et facilite le contact entre patients et prestataires de? soins, ¨¤ tout moment de la journ¨¦e.

Le syst¨¨me s'est av¨¦r¨¦ utile notamment pour les femmes enceintes, qui obtiennent ainsi toute l'information dont elles ont besoin, avant et apr¨¨s la naissance. Certains de ces messages encouragent l'utilisation de moustiquaires pour lutter contre le paludisme, d'autres donnent des conseils pour emp¨ºcher la transmission du VIH de la m¨¨re ¨¤ l'enfant et am¨¦liorer les soins de sant¨¦.

La ligne gratuite, soutenue par la compagnie de t¨¦l¨¦phonie mobile Airtel, a permis d'aider plus de 500 000 m¨¨res et enfants. Le gouvernement du Malawi, qui vise? ¨¤ r¨¦duire la mortalit¨¦ maternelle, a approuv¨¦ cette mesure innovante .? ?