Des progr¨¨s contre le paludisme
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Des progr¨¨s contre le paludisme
En d¨¦cembre 2015, l¡¯Organisation mondiale de la sant¨¦ (OMS) annon?ait que l¡¯incidence mondiale du paludisme ¨¦tait en baisse, principalement gr?ce ¨¤ une distribution massive de moustiquaires, de m¨¦dicaments antipaludiques et de la pulv¨¦risation intradomiciliaire d¡¯insecticides ¨¤ effet r¨¦manent. La nouvelle a ¨¦t¨¦ particuli¨¨rement bien accueillie en Afrique.?
Le paludisme est provoqu¨¦ par des parasites transmis ¨¤ l¡¯homme par la piq?re de la femelle du moustique Anoph¨¨le.
Entre 2000 et 2015, le taux de mortalit¨¦ li¨¦ ¨¤ la maladie en Afrique a chut¨¦ de 66% dans tous les groupes d¡¯?ge. Chez les enfants de moins de cinq ans, qui sont les plus vuln¨¦rables, les d¨¦c¨¨s ont chut¨¦ de 71%, passant de 694 000 ¨¤ 292 000.?
Les progr¨¨s dans l¡¯usage des moustiquaires ont ¨¦t¨¦ impressionnants. Les statistiques de l¡¯OMS montrent qu¡¯en 2000, seuls 2% des 667 millions de personnes vivant en Afrique sub-saharienne utilisaient une moustiquaire. En 2015, plus de la moiti¨¦ du milliard de personnes vivant sur le continent les utilisaient.?
Comme l¡¯¨¦crit Margaret Chan, Directeur g¨¦n¨¦ral de l¡¯OMS dans l¡¯avant-propos du Rapport 2015 sur le paludisme dans le monde, ¡°une intensification rapide des diagnostics et une plus grande disponibilit¨¦ des m¨¦dicaments ont permis ¨¤ une population bien plus nombreuse d¡¯acc¨¦der sans attendre ¨¤ un traitement.¡±?
Une approche coordonn¨¦e
Les efforts de pr¨¦vention ont permis de r¨¦duire les co?ts de sant¨¦. Les pays d¡¯Afrique sub-saharienne ont ¨¦conomis¨¦ 900 millions de dollars dans la prise en charge des cas de paludisme entre 2001 et 2014, souligne l¡¯OMS. Les moustiquaires y sont pour beaucoup, suivies des combinaisons th¨¦rapeutiques ¨¤ base d¡¯art¨¦misinine et de la pulv¨¦risation intradomiciliaire d¡¯insecticides.?
Une combinaison th¨¦rapeutique comprend un compos¨¦ ¨¤ base d¡¯art¨¦misinine combin¨¦ ¨¤ un autre m¨¦dicament. Les experts m¨¦dicaux recommandent l¡¯utilisation d¡¯une combinaison de m¨¦dicaments pour ¨¦viter la r¨¦sistance des parasites.?
De nombreux progr¨¨s dans la lutte contre le paludisme sont dus aux partenariats et projets de financement ¨¦tablis au niveau mondial en 2000, dont le partenariat Roll Back Malaria (RBM) lanc¨¦ par l¡¯OMS, l¡¯UNICEF, le Programme des Nations Unies pour le d¨¦veloppement (PNUD) et la Banque mondiale. Plus de 500 groupes de d¨¦veloppement, des organisations publiques et priv¨¦es, des instituts de recherche, des institutions universitaires ont mutualis¨¦ leurs ressources et leur expertise pour combattre la maladie.?
L'ampleur de ces partenariats pousse les gouvernements ¨¤ s'engager ¨¤ combattre les maladies, estime le Centre pour le contr?le et la pr¨¦vention des maladies, un institut de sant¨¦ public am¨¦ricain, dans un rapport de 2011.?
Le rapport salue la d¨¦termination des responsables des pays o¨´ le paludisme est end¨¦mique qui ont fait de l'endiguement de la maladie une priorit¨¦, tenant ainsi leurs engagements de la D¨¦claration d¡¯Abuja de 2001, le plan d¡¯action pour faire reculer le paludisme, et des Objectifs du mill¨¦naire pour le d¨¦veloppement.?
Le financement des programmes de lutte contre le paludisme a atteint des records avec des dispositifs tels que l¡¯Initiative du pr¨¦sident am¨¦ricain contre le paludisme ou le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Entre 2005 et 2014, les financements internationaux destin¨¦s ¨¤ la lutte antipaludique sont pass¨¦s de 960 millions ¨¤ 2,5 milliards de dollars, selon le Rapport 2015 sur le paludisme dans le monde de l¡¯OMS. ?
Vers l¡¯¨¦radication de la maladie
En d¨¦pit des progr¨¨s, le combat est loin d¡¯¨ºtre gagn¨¦ et l¡¯Afrique, ¨¦picentre de la maladie, demeure vuln¨¦rable. Soudan et Somalie exclus, le continent comptait l¡¯an dernier, 88% des 214 millions des cas mondiaux de paludisme et 90% des 438 000 d¨¦c¨¨s dus ¨¤ la maladie dans le monde.
Si la pneumonie a d¨¦tr?n¨¦ le paludisme comme cause principale de mortalit¨¦ chez les enfants de moins de cinq ans, la maladie continue de menacer les plus jeunes, tuant un enfant toutes les deux minutes, d¡¯apr¨¨s l¡¯ONG Malaria No More.?
Les progr¨¨s r¨¦alis¨¦s en Afrique ont aussi ¨¦t¨¦ in¨¦gaux. En Alg¨¦rie, au Botswana, au Cabo Verde, en Erythr¨¦e et au Swaziland, le nombre de cas a largement diminu¨¦, alors que plus de 35% des d¨¦c¨¨s caus¨¦s par la maladie dans le monde se recensent en R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo et au Nig¨¦ria. Ce dernier, le plus peupl¨¦ du continent, est le plus expos¨¦. Pr¨¨s de 100 000 Nig¨¦rians meurent du paludisme chaque ann¨¦e, indique l'ONG Malaria Consortium. ?
Le gouvernement nig¨¦rian a lanc¨¦ un programme national d¡¯¨¦radication du paludisme, incluant plus de distributions de moustiquaires, un meilleur acc¨¨s aux traitements m¨¦dicaux, et un plan de lutte antivectorielle ¨¦largi. ?
La C?te d¡¯ivoire, le Mozambique, la Tanzanie et l¡¯Ouganda ont aussi des taux d¡¯infection ¨¦lev¨¦s. Les moustiques porteurs prolif¨¨rent dans les pays au climat humide avec des terrains mar¨¦cageux et nombreux sont les patients qui n'ont pas acc¨¨s aux moyens de pr¨¦vention et aux traitements en raison des syst¨¨mes de sant¨¦ d¨¦faillants et des conflits.
Plus de suivi et de recherche
Pour le Dr Christian Happi, chercheur camerounais sur le paludisme, les donateurs et les associations ne doivent pas se contenter de distribuer des moyens de pr¨¦vention mais s'assurer de leur utilisation.?
? De nombreux groupes ¨¦voquent le nombre de m¨¦dicaments et de moustiquaires fournis. Ces chiffres servent les campagnes de communication ?, raconte le Dr Happi. ? Y a-t-il un suivi de l'utilisation ad¨¦quate de ces outils ? La r¨¦ponse est non. ?
Alors que plus d¡¯un milliard de moustiquaires ont ¨¦t¨¦ distribu¨¦es en Afrique sub-saharienne depuis l¡¯an 2000, certains se demandent si elles sont correctement utilis¨¦es. En 2005, le New York Times a publi¨¦ un article r¨¦v¨¦lant que des p¨ºcheurs au Mozambique, au Nig¨¦ria et en Zambie les utilisaient comme des filets.?
Malgr¨¦ les avertissements des experts, l¡¯un des plus grands obstacles ¨¤ l'¨¦radication de la maladie reste la pr¨¦valence de la monoth¨¦rapie, un traitement n'utilisant qu'un seul m¨¦dicament qui renforce la r¨¦sistance des parasites.
Selon le Dr Happi, les pays africains n¡¯ont pas de syst¨¨mes de contr?le assez performants pour ¨¦tudier la r¨¦sistance des parasites. ? Les comportements des parasites ¨¦voluent en permanence. Il faudrait collecter des ¨¦chantillons sanguins et les ¨¦tudier r¨¦guli¨¨rement. Mais les pays africains manquent de moyens. ?
Malgr¨¦ des progr¨¨s ind¨¦niables, la d¨¦termination des leaders africains ne doit pas faiblir. ? ?