51吃瓜

Face 脿 l鈥檃ugmentation du braconnage des animaux, les d茅fenseurs de l鈥檈nvironnement r茅clament des lois plus s茅v猫res et des mesures dissuasives pour lutter contre les crimes perp茅tr茅s contre la faune sauvage.

Les gouvernements africains et les organisations non gouvernementales commencent 脿 prendre ces crimes tr猫s au s茅rieux, 脿 l鈥檌nstar d鈥檃utres formes de crimes transnationaux comme le trafic de drogue ou la traite des 锚tres humains. Ces derni猫res ann茅es, plusieurs pays ont renforc茅 leurs lois anti-braconnage et intensifi茅 les poursuites contre leurs auteurs.

Des groupes de conservation de la nature apportent 脿 pr茅sent leur soutien aux nouvelles mesures de dissuasion contre le braconnage, 脿 l鈥檌nstar de la nouvelle Commission justice pour la faune (Wildlife Justice Commission, WJC), qui rassemble des preuves pour aider 脿 d茅manteler le crime transnational organis茅 li茅 aux esp猫ces sauvages. La WJC est bas茅e 脿 La Haye aux Pays-Bas, pr猫s de la Cour p茅nale internationale et de plusieurs tribunaux de l鈥橭NU charg茅s d鈥檌nstruire les crimes de g茅nocide, les crimes de guerre et les crimes contre l鈥檋umanit茅. Depuis 2015, l鈥檜nit茅 du renseignement de la Commission rassemble des informations sous forme d鈥櫭﹙aluations tactiques, op茅rationnelles et strat茅giques visant 脿 appuyer les enqu锚tes en cours. Elle diffuse aussi l鈥檌nformation sur les auteurs des crimes contre la faune aux organismes charg茅s de l鈥檃pplication des lois et 脿 d鈥檃utres organisations non gouvernementales.

L鈥櫭﹒uipe d鈥檈xperts en droit, criminologie et faune de la WJC m猫ne des enqu锚tes sur le terrain dans le monde entier pour identifier les responsables du braconnage, du trafic et du commerce des produits issus de la faune sauvage. Ils publient les noms des auteurs les plus en vue et des endroits o霉 ils agissent dans des 芦 Cartes factuelles 禄听de plusieurs centaines de pages. Ces informations sont publi茅es sur les r茅seaux sociaux, accompagn茅es de preuves audio et vid茅o et d鈥檃nalyses pr茅cises du renseignement.

La WJC ne doit pas son existence 脿 un trait茅 international. Elle ne peut donc pas faire appliquer les lois, ni听 rendre des verdicts contraignants. Une fois son enqu锚te termin茅e, la Commission entre dans une phase de dialogue et de diplomatie pour sensibiliser, accorder au sujet une place听 dans le programme politique, et exiger des poursuites. Si les autorit茅s nationales ne prennent aucune mesure, la Commission peut tenir des audiences publiques devant un Groupe听 de suivi des responsabilit茅s.

芦 Je suis convaincue que la loi a le pouvoir de changer les comportements 禄,听assure la Directrice ex茅cutive de la Commission, Olivia Swaak-Goldman.

Lors de l鈥檈ntretien qu鈥檈lle a accord茅 脿 Afrique Renouveau dans son bureau de La Haye, Mme Swaak-Goldman a expliqu茅 que le braconnage restait r茅pandu en raison des faibles听 probabilit茅s d鈥檃rrestation.

La WJC veut donc encourager les poursuites contre ces crimes, accro卯tre les risques pour leurs auteurs et cr茅er un effet dissuasif 脿听 long terme.

Cette approche a permis des arrestations et le d茅mant猫lement de r茅seaux de trafic听 d鈥檈sp猫ces sauvages dans plusieurs pays africains, mais de nombreux d茅fis subsistent. Au cours des derni猫res ann茅es, le nombre d鈥檃nimaux tu茅s a atteint des sommets听 historiques. Les cons茅quences sont graves : pr猫s de 1400 rhinoc茅ros africains ont ainsi 茅t茅 braconn茅s en 2015 alors que ce chiffre n鈥櫭﹖ait que de 400 environ en听 2010.

Le braconnage et le commerce illicite ne sont pas seulement un danger pour l鈥檈nvironnement. Selon l鈥橭ffice des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui a publi茅 en mai 2016 son premier Rapport mondial sur la criminalit茅 li茅e aux esp猫ces sauvages, ils repr茅sentent au final une atteinte 脿 l鈥櫭﹖at de droit car ils nourrissent les conflits.

Le Kenya a toujours trait茅 le braconnage comme une infraction secondaire, mais une loi introduite en 2013 fixe d茅sormais des peines听 minimales 茅lev茅es en cas de听 crimes contre les esp猫ces sauvages, y compris des peines d鈥檈mprisonnement quand il s鈥檃git d鈥檈sp猫ces听 en voie de disparition.

芦 Les peines encourues en cas de听 crimes li茅s aux esp猫ces sauvages au Kenya sont maintenant les plus s茅v猫res au monde et incluent m锚me, dans certains cas, la r茅clusion 脿 perp茅tuit茅 禄, explique Paula Kahumbu, membre de WildlifeDirect, un groupe k茅nyan d鈥檃ction pour la conservation de la faune.

Depuis la mise en place de cette loi, le nombre d鈥櫭﹍茅phants tu茅s par braconnage dans le pays a diminu茅 de 80% et celui des rhinoc茅ros a baiss茅 de 90%. De plus en plus, les 脡tats et la communaut茅 internationale reconnaissent le besoin d鈥檃m茅liorer les lois et de les faire appliquer.

En juillet 2015, l鈥橝ssembl茅e g茅n茅rale des Nations Unies a adopt茅 une r茅solution (69/314) destin茅e 脿 lutter contre le trafic illicite des esp猫ces sauvages. Elle a pri茅 instamment听 les 脡tats membres听 de听芦 prendre des mesures d茅cisives au niveau national pour pr茅venir, combattre et 茅radiquer le commerce illicite d鈥檈sp猫ces de faune sauvages 禄.

Plusieurs pays africains ont d茅j脿 adopt茅 de nouvelles lois ou renforc茅 les sanctions. Le Mozambique a promulgu茅 en juin 2014 une nouvelle loi sur la conservation听 qui fait du braconnage des esp猫ces sauvages un crime grave.

En Tanzanie, c鈥檈st une unit茅 d鈥櫭﹍ite, l鈥橴nit茅 nationale et transnationale d鈥檈nqu锚te sur les crimes graves (National and Transnational Serious Crimes Investigation Unit, NTSCIU), qui est le plus souvent appel茅e 脿 poursuivre les auteurs de crimes contre les esp猫ces sauvages. Selon les protecteurs de l鈥檈nvironnement, les lois sont plus que n茅cessaires. 芦 La rapidit茅 des poursuites associ茅e 脿 de lourdes peines pourrait听 jouer un r么le d茅cisif en dissuadant les criminels, surtout si des personnes proches ou au sommet de la hi茅rarchie criminelle sont arr锚t茅es 禄,听souligne Richard Thomas, du r茅seau de surveillance du commerce des esp猫ces sauvages TRAFFIC, une organisation non gouvernementale bas茅e au Royaume-Uni.

Ces lois, les pays africains les adoptent et commencent 脿 les appliquer.

Cependant, l鈥檃lourdissement des peines ne saurait听 锚tre l鈥檜nique rem猫de. 芦 L鈥檜n des principaux d茅fis dans听 la lutte contre les activit茅s de braconnage par le biais de听 condamnations est la faiblesse des preuves et des poursuites qui en r茅sulte, ainsi que听 le manque de preuves 禄, note Julius Kamau, le conservateur k茅nyan. 芦 De nombreux crimes restent donc impunis. 禄

Pour s鈥檃ttaquer au probl猫me, le Kenya et l鈥橝frique du Sud s鈥檃ppuient sur des laboratoires de collecte des informations relatives 脿 l鈥橝DN, avec des bases de donn茅es qui permettent d鈥櫭﹖ablir le lien entre l鈥檌voire vol茅 ou la viande de gibier d鈥檜ne part, et des animaux sp茅cifiques d鈥檃utre part. Cette information sur l鈥橝DN peut ensuite 锚tre utilis茅e comme preuve irr茅futable devant un tribunal et peut par exemple permettre de prouver le lien avec un suspect gr芒ce aux cheveux retrouv茅s sur la sc猫ne du crime, ou gr芒ce 脿 un couteau macul茅 de sang. Les animaux semblent par ailleurs avoir presque tous 茅t茅 tu茅s dans des r茅gions bien pr茅cises听 d鈥橝frique.

Il arrive que les suspects ne soient听 jamais arr锚t茅s ou que leurs affaires听 ne soient听 pas jug茅es. Il y aussi les d茅fis interculturels. L鈥檃rrestation d鈥橝siatiques peut poser aux enqu锚teurs africains des probl猫mes pendant les interrogatoires en raison des barri猫res linguistiques. M. Thomas pr茅conise听 pour sa part une collaboration renforc茅e entre autorit茅s asiatiques et africaines : les pays asiatiques pourraient par exemple poster des agents charg茅s de l鈥檃pplication des lois en Afrique. Les enqu锚teurs auraient ainsi acc猫s 脿 ces agents pour assister les personnes charg茅es des interrogatoires dans leur travail, ou pour obtenir des informations lorsqu鈥檌l y a听 saisie de documents, d鈥檕rdinateurs ou de t茅l茅phones portables.

Une autre possibilit茅 serait qu鈥檜n plus grand nombre de pays adoptent l鈥櫭﹒uivalent de la loi Lacey aux 脡tats-Unis, qui leur permettrait de poursuivre leurs propres ressortissants pour ces crimes, ind茅pendamment de l鈥檈ndroit o霉 ils ont 茅t茅 commis. 芦 Arr锚t茅s, ces ressortissants pourraient alors 锚tre extrad茅s et poursuivis dans leur pays d鈥檕rigine 鈥� ce qui changerait compl猫tement la donne 禄, conclut M. Thomas. 听 听