51吃瓜

Les march茅s de capitaux, o霉 l鈥檃rgent des 茅pargnants est plac茅 dans des investissements 脿 long terme, peuvent contribuer de mani猫re significative au d茅veloppement socio茅conomique s鈥檌ls investissent dans des projets et entreprises productifs. Mais la modestie de la taille听 et le manque de liquidit茅s sur le听 march茅 peuvent aussi nuire au processus.

La Communaut茅 d鈥橝frique de l鈥橢st (CAE) a donn茅 la priorit茅 脿 l鈥檌nt茅gration r茅gionale des march茅s financiers en cr茅ant des liens entre les march茅s de la r茅gion car la combinaison de l鈥櫭﹑argne locale, des fonds de pension, des compagnies d鈥檃ssurances et autres investisseurs institutionnels au niveau local seront les principaux moteurs du d茅veloppement du march茅 des capitaux et de l鈥檌nt茅gration des march茅s dans la CAE.

Si les investisseurs institutionnels de la r茅gion pratiquent d茅j脿 la r茅partition d鈥檃ctifs au niveau intra r茅gional, il existe un fort potentiel de d茅veloppement selon l鈥橧nstitut Milken, un groupe de r茅flexion 茅conomique bas茅 aux 脡tats-Unis qui a r茅alis茅 en d茅but d鈥檃nn茅e une enqu锚te sur plus de 40 investisseurs institutionnels k茅nyans, rwandais, tanzaniens et ougandais. Avec cette 茅tude, l鈥檌nstitut cherche 脿 mieux comprendre les investissements intra r茅gionaux actuels et le r么le qu鈥檌ls pourraient avoir 脿 l鈥檃venir.

La base r茅gionale des investisseurs institutionnels s鈥檈st r茅cemment 茅largie gr芒ce 脿听 des facteurs d茅mographiques favorables et une croissance 茅conomique听 qui stimulent le d茅veloppement des secteurs locaux des pensions et de l鈥檃ssurance. Selon les statistiques nationales, les fonds de pension et compagnies d鈥檃ssurance de la CAE g茅raient en 2015听 pour 19,1 milliards de dollars d鈥檃ctifs,听contre 10,7 milliards听 en 2010.

S鈥檃gissant de l鈥檌nvestissement 脿 l鈥櫭﹖ranger, environ 50% des entreprises interrog茅es allouent听 au moins une partie de leur portefeuille 脿 des actifs situ茅s au-del脿 de leurs听 march茅s nationaux. Toutefois, l鈥檈ssentiel de leurs investissements 脿 l鈥櫭﹖ranger restent dans le bloc r茅gional.

听Les investisseurs institutionnels ougandais 茅taient ainsi les plus susceptibles de d茅tenir des actifs 茅trangers : 70% des fonds ougandais 茅tudi茅s听 d茅ploient des capitaux 脿 l鈥櫭﹖ranger, leur principal objectif 茅tant d鈥檃cc茅der aux march茅s plus d茅velopp茅s des titres au Kenya.

芦 Les actifs ext茅rieurs au pays sont au Kenya, plus pr茅cis茅ment dans le march茅 des actions. L鈥櫭ヽonomie k茅nyane est beaucoup plus active et poss猫de un march茅 boursier plus liquide et en expansion, auquel nous voulons participer 禄, explique un gestionnaire de fonds 脿 l鈥橧nstitut Milken.

De leur c么t茅, les investisseurs institutionnels k茅nyans qui ont r茅alis茅 des investissements 茅trangers l鈥檕nt essentiellement fait pour diversifier leurs portefeuilles du fait de pr茅occupations locales, s鈥檃gissant notamment des dysfonctionnements politiques, des d茅ficits budg茅taires ou encore de la d茅pr茅ciation du shilling k茅nyan. Ainsi que l鈥檈xplique un participant 脿 l鈥檈nqu锚te, son fonds 芦 se diversifie afin de听 se pr茅munir des risques sp茅cifiques au Kenya 禄.

Si certaines entreprises k茅nyanes ont investi environ 5% de leur portefeuille dans des titres ext茅rieurs 脿 la CAE, la plupart des investissements transfrontaliers du Kenya se concentrent sur la r茅gion. 脡tant donn茅 que les entreprises k茅nyanes g猫rent plus de la moiti茅 des actifs r茅gionaux, il s鈥檃git l脿 d鈥檜ne information importante pour les voisins du Kenya et pour tout investissement 脿 long terme dans les infrastructures r茅gionales, comme les projets visant 脿 rejoindre le Corridor nord de la CAE.

L鈥檈nqu锚te a 茅galement r茅v茅l茅 qu鈥檈nviron un tiers des fonds de pension et compagnies d鈥檃ssurance rwandais investissaient 脿 l鈥櫭﹖ranger, les march茅s k茅nyans 茅tant leur principale destination.

En Tanzanie, aucune entreprise participante ne d茅tenait d鈥檃ctifs 茅trangers, principalement en raison de restrictions r茅glementaires bien 茅tablies sur les investissements 脿 l鈥櫭﹖ranger. Certaines de ces restrictions viennent tout juste d鈥櫭猼re听 lev茅es.

En vertu du Protocole de march茅 commun de la CAE de 2010, les 脡tats membres sont tenus d鈥櫭﹍iminer toutes les restrictions aux mouvements intra r茅gionaux de biens, de main-d鈥櫯搖vre et de capital. Dans l鈥檈nsemble, la CAE a consid茅rablement progress茅 dans le sens de听 cet objectif m锚me si certaines restrictions subsistent, 脿 l鈥檌nstar des r猫gles qui emp锚chent les compagnies d鈥檃ssurance tanzaniennes et ougandaises d鈥檌nvestir dans d鈥檃utres pays de la CAE.

Les barri猫res r茅glementaires ne constituent听 cependant pas le seul obstacle 脿 une meilleure int茅gration du march茅. Les directives d鈥檌nvestissement fix茅es par les conseils d鈥檃dministration imposent souvent aux gestionnaires de fonds des mesures plus strictes que les r猫gles en vigueur. Dans le m锚me temps, les investisseurs ne savent pas toujours o霉 ils sont autoris茅s 脿 investir. L鈥檈nqu锚te a montr茅 que ce manque de connaissance 茅tait un probl猫me particuli猫rement s茅rieux pour les fonds de pension ougandais.

M锚me lorsque les entreprises veulent investir chez leurs voisins r茅gionaux, elles peuvent 锚tre mal pr茅par茅es face aux risques de change : pr猫s d鈥檜n tiers des sond茅s jugent听 leurs capacit茅s de d茅celer听 le risque de change听 芦 m茅diocres听 禄 ou 芦 tr猫s m茅diocres听 禄. Environ 73% des entreprises ont d茅clar茅 ne pas avoir les outils n茅cessaires pour se pr茅munir contre des effets de change n茅gatifs.

Les r茅sultats de l鈥檈nqu锚te soulignent que les investisseurs institutionnels sont pr锚ts 脿 accro卯tre leurs investissements intra r茅gionaux : pr猫s de la moiti茅 des entreprises se disent pr锚tes 脿 augmenter leurs investissements au Rwanda 脿 condition d鈥檃voir acc猫s 脿 de meilleures solutions en mati猫re de couverture du risque de change, afin d鈥檃tt茅nuer l鈥檌mpact des fluctuations des taux de change sur les investissements internationaux.

Les nouveaux cadres impos茅s aux instruments d茅riv茅s au Kenya et en Ouganda peuvent offrir aux entreprises les instruments de couverture de risque de change dont ils ont besoin, m锚me si ces instruments ne sont pas la panac茅e.

Une autre solution serait de ne pas exiger de produits de couverture. Et si, par exemple, le gouvernement rwandais 茅mettait des obligations libell茅es en shillings k茅nyans plut么t qu鈥檈n francs
rwandais ? Environ 75% des investisseurs institutionnels de la CAE disent qu鈥檌ls seraient int茅ress茅s d鈥檌nvestir si une telle 茅mission d鈥檕bligations devait avoir lieu. Pour les investisseurs k茅nyans, ce produit permettrait une diversification transfrontali猫re sans risque de change. Pour les Rwandais, ce type de s茅curit茅 faciliterait sans doute les investissements des entreprises k茅nyanes, qui sont loin devant pour ce qui est de听 la gestion des grands fonds communs de capitaux de la r茅gion.

Les investisseurs institutionnels d鈥橝frique de l鈥橢st ont 茅galement clairement indiqu茅 l鈥檌nt茅r锚t听 qu鈥檌ls portaient 脿听 deux autres nouveaux produits susceptibles d鈥檈ncourager l鈥檌nt茅gration r茅gionale. Pr猫s des trois quarts des entreprises interrog茅es souhaiteraient听 investir dans un fonds r茅gional ax茅 sur l鈥檌nfrastructure, et 64% d鈥檈ntre elles chercheraient 脿 investir dans un fonds r茅gional de fonds priv茅s et capitaux 脿 risque.

S鈥檌ls 茅taient mis en place, ces fonds pourraient 锚tre investis dans de multiples projets ou entreprises, regroupant ainsi les risques entre diff茅rents investisseurs. Ces fonds seraient en outre g茅r茅s par des sp茅cialistes, ce qui听 permettrait 脿 certains investisseurs institutionnels d鈥檃cc茅der 脿 l鈥檈xpertise qui autrement pourrait leur faire d茅faut. Les donateurs pourraient faciliter la cr茅ation de ces fonds avec des capitaux de premier risque, par lesquels ils acceptent de supporter les premi猫res pertes d鈥檜n investissement pour encourager la participation de co-investisseurs qui autrement n鈥檃uraient pas r茅alis茅听 l鈥檕p茅ration, ou avec d鈥檃utres formes de soutien au cr茅dit.听

Selon le r茅cent indicateur de performance du march茅 commun de la CAE, la r茅gion est d茅j脿 l鈥檜ne des plus int茅gr茅es d鈥橝frique, m锚me si plusieurs d茅fis demeurent.

D茅velopper des produits qui r茅pondent aux besoins des investisseurs institutionnels qui cherchent 脿 se diversifier au-del脿 de leurs march茅s nationaux serait un pas d茅cisif vers la mise en place de nouveaux march茅s de capitaux r茅gionaux int茅gr茅s. Une telle approche n茅cessitera un engagement constant aupr猫s des entreprises pour comprendre comment et pourquoi elles d茅cident l鈥檃llocation de leurs actifs. Il faudra 茅galement une meilleure prise de conscience des gestionnaires de fonds et des conseils d鈥檌nvestissement pour qu鈥檌ls profitent des nouveaut茅s du secteur 脿 mesure que celles-ci apparaissent.

La mise en commun du capital institutionnel r茅gional des investisseurs pour financer des infrastructures transfrontali猫res ou investir dans les petites et moyennes entreprises qui contribuent 脿 la croissance de la r茅gion sera bien s没r b茅n茅fique sur de nombreux plans, bien au-del脿 du d茅veloppement du secteur financier. Bien g茅r茅s, ces investissements pourraient renforcer la convergence des 茅conomies des pays membres de la CAE d茅velopper听 le commerce et dynamiser la croissance 茅conomique.听 听

John Schellhase est consultant au Milken Institute Center for Financial Markets, o霉 il 茅tudie l鈥檃ncrage et le renforcement des march茅s de capitaux dans les pays en d茅veloppement.