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Un an après Paris, où en est l’Afrique ?

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Un an après Paris, où en est l’Afrique ?

Plusieurs pays sont engagés dans des activités d’adaptation au changement climatique
Dr. Richard Munang
Afrique Renouveau: 
A farmer in the drought-affected area of Senegal watering plants. Photo: UN Photo/Carl Purcell
Photo: UN Photo/Carl Purcell
Un agriculteur arrose ses plantes dans une région du Sénégal touchée par la sécheresse. Photo: UN Photo/Carl Purcell

En décembre 2015, 195 pays ont signé l’Accord de Paris sur le changement climatique. Depuis, plusieurs pays d’Afrique ont entrepris des activités favorisant la résistance au changement climatique grâce auxquelles il leur sera plus facile d’amortir les effets de ce changement et de s’y adapter.

L’Accord de Paris est entré en vigueur le 5 octobre 2016. Un mois plus tard, à la COP22 (Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, CCNUCC) de Marrakech au Maroc, les dirigeants mondiaux ont formellement adopté la Proclamation de Marrakech pour l’action en faveur de notre climat, qui fait obligation aux parties de renouveler leur engagement à appliquer intégralement l’Accord de Paris. Depuis, la mise en œuvre a commencé . Sur les 143 pays qui avaient ratifié l’accord en avril 2017, 33 étaient des pays d’Afrique. Parmi eux on compte le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, l’Éthiopie, le Gabon, la Gambie, le Kenya, le Nigéria, la Somalie, le Tchad, la Tunisie, l’Ouganda ou encore la Zambie. En tout, ils représentent 60% des pays du continent.

Au-delà des ratifications, de nombreux pays ont rempli une condition essentielle de l’accord en fixant leurs Contributions déterminées au niveau national (CDN). Les CDN représentent les efforts individuels que les pays consentent pour atteindre leurs objectifs en matière de changement climatique. Dans leurs CDN, la majorité des pays africains ont souligné leur intention d’accorder la priorité aux activités de développement qui renforcent les capacités d’adaptation aux changements climatiques, en particulier dans les secteurs agricole ou de l’énergie. La restauration des écosystèmes, déjà bien avancée sur le continent, constitue un exemple d’adaptation climatique dans ces secteurs. L’Agenda 2063, énumère les aspirations de l’Union africaine (UA) dont la réalisation ouvrira la voie à la prospérité du continent et souligne également le rôle de catalyseur du développement socioéconomique que joue la restauration des écosystèmes.

L’UA soutient que si l’on a recours à une adaptation reposant sur les écosystèmes dans le secteur agricole et si on y ajoute une énergie propre, les pays concernés pourront renforcer les chaînes de valeur agricoles, stimuler la sécurité alimentaire et accroître les opportunités économiques le long de cette chaîne de valeur, tout en réduisant les émissions de carbone et en préservant les écosystèmes.

Les défis à relever en matière de développement de l’Afrique sont nombreux. L’un des problèmes majeurs réside dans le fait que plus de la moitié des 1,2 milliard d’habitants du continent vit avec moins de 1,25 $ par jour, ce qui représente le seuil de pauvreté absolue. En outre, 60% environ des chômeurs d’Afrique sont des jeunes. La sécurité alimentaire est un autre problème :un quart de la population d’Afrique se couche avec la faim au ventre et plus de 200 millions d’Africains souffrent de malnutrition sévère.

Les atouts

Pour répondre à ces défis tout en mettant en œuvre l’Accord de Paris, les pays africains doivent selon les experts maximiser le potentiel des secteurs clés capables de stimuler le développement socioéconomique. En d’autres termes, l’accent doit être mis notamment , sur l’agriculture, la production alimentaire et l’énergie propre.

La force de l’Afrique réside dans son potentiel immense en ressources naturelles. Le continent possède aussi 65% des terres arables du monde et 10% de ses ressources d’eau douce intérieures Quant au potentiel en énergies renouvelables, il peut être atteint grâce à l’hydroélectricité et à l’énergie solaire. L’exploitation durable de ces ressources accélérera le développement de l’Afrique.

Correctement exploitées, les chaînes de valeur agricole africaines peuvent, selon la Banque mondiale, réduire la pauvreté deux à quatre fois plus rapidement que tout autre secteur. La valeur prévue du secteur agricole d’ici à 2030 s’élève à 1 milliard de dollars et ce secteur pourrait fournir 17 millions d’emplois, explique la Banque.

Adaptation

ONU Environnement, qui a pour mission de promouvoir l’environnement durable grâce à des politiques et pratiques avisées, fournit entre autres une assistance technique aux pays africains qui appliquent l’Accord de Paris pour leur permettre de relever les défis socioéconomiques auxquels ils sont confrontés, notamment ceux de l’insécurité alimentaire et du chômage, ainsi que celui de la croissance macroéconomique.

L’Assemblée pour une adaptation reposant sur les écosystèmes au service de la sécurité alimentaire (Ecosystems Based Adaptation for Food Security Assembly, EBAFOSA) est une initiative qui vise à favoriser une agro-industrialisation durable. Facilitée par ONU Environnement, l’EBAFOSA bénéficie de l’appui de l’UA et des acteurs étatiques et non étatiques, y compris des partenaires du secteur privé. L’adaptation reposant sur les écosystèmes au service de la sécurité alimentaire consiste à développer des méthodes de production agricole qui favorisent la conservation et la durabilité grâce à la gestion intégrée des ressources foncières, des ressources en eau et des ressources vivantes.

Parmi les 40 pays africains qui mettent en œuvre l’EBAFOSA, nombreux sont ceux qui ont recours avec succès à diverses politiques et interventions opérationnelles pour répondre aux priorités socioéconomiques, compenser les émissions de carbone et protéger les écosystèmes.

En République démocratique du Congo, par exemple, un groupe de jeunes « agripreneurs » (entrepreneurs agricoles) utilise de l’énergie propre pour transformer le manioc en farine. Ils emballent ensuite la farine et l’uniformisent avant de la vendre. Un agripreneur peut gagner jusqu’à 4 000 $ par semaine. Ce modèle d’entreprise est un argument de poids en faveur des initiatives vertes : il démontre que la formule peut être doublement gagnante, car elle permet de protéger l’environnement tout en en tirant un avantage direct.

Coup de fouet

Une initiative verte comme celle de ces agro-entrepreneurs congolais contribuera ainsi aux Objectifs de développement durable (ODD) 13 (lutte contre les changements climatiques), 7 (énergie propre et d’un coût abordable), 1 (lutte contre la pauvreté) et 2 (renforcement de la sécurité alimentaire).

Au Kenya, l’utilisation des technologies de l’information et de la communication pour recueillir des données utiles à des fins de financement permet d’augmenter la production agricole et de créer de la valeur ajoutée en énergie propre. Grâce à EdenSys, une application de gestion de bout en bout pour l’agroalimentaire, utilisable sur téléphone portable et ordinateur, les entreprises qui ont des activités dans l’industrie agro-alimentaire reposant sur les écosystèmes et l’énergie propre peuvent publier leurs dossiers financiers en ligne et s’en servir pour demander des prêts. Un certain nombre d’institutions de microfinance fournissent ces prêts, apportant indirectement leur contribution aux ODD sur le changement climatique, l’énergie propre, l’élimination de la pauvreté et la sécurité alimentaire.

Dans le comté de Makueni dans l’est du Kenya, ONU Environnement aide les autorités locales à créer un fonds pour le changement climatique. L’objectif du Fonds pour le climat du comté de Makueni est de mettre de côté 50% de son portefeuille en garantie pour l’obtention de prêts jusqu’à 10 fois supérieurs au dépôt de sécurité. Les entreprises qui pratiquent une agriculture reposant sur les écosystèmes et axée sur l’adaptation et l’ajout de valeur énergétique propre pourraient bénéficier de ces prêts.

Les activités menées par l’Afrique sur le changement climatique sont pour l’instant encourageantes. Reste à savoir combien de temps encore les pays sauront garder cet élan et quel soutien, notamment financier, viendra de l’étranger. Sur ces points, rien n’est encore acquis.