51³Ô¹Ï

La nouvelle Somalie

Get monthly
e-newsletter

La nouvelle Somalie

¡ª Nicholas Kay
Franck Kuwonu
Afrique Renouveau: 
Nicholas Kay, former Special Representative of the Secretary-General and Head of the UN Assistance Mission in Somalia (UNSOM).
UN Photo
Nicholas Kay, former Special Representative of the Secretary-General and Head of the UN Assistance Mission in Somalia (UNSOM).
Nicholas Kay, a ¨¦t¨¦? le Repr¨¦sentant sp¨¦cial du Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral des Nations Unies pour la Somalie jusqu¡¯ ¨¤ la fin de l¡¯ann¨¦e 2015. Pendant plus de deux ans et aux c?t¨¦s des Somaliens, il a activement travaill¨¦ ¨¤ mettre sur une nouvelle voie ce pays qui s¡¯efforce? de se remettre de plusieurs ann¨¦es de conflits. Dans l¡¯entretien qu¡¯il a accord¨¦ ¨¤ Afrique Renouveau, Nicholas Kay parle avec Franck Kuwonu de son mandat en Somalie et des perspectives qui s¡¯offrent aujourd¡¯hui au pays.?

Afrique Renouveau : Pourriez-vous d¨¦crire comment c¡¯¨¦tait que d¡¯aider ce pays d¨¦chir¨¦ par les conflits ¨¤ s¡¯engager sur une voie nouvelle¡­?

Nicholas Kay : C¡¯est la premi¨¨re fois en plus de 25 ans que les Nations Unies ont pu jouer un r?le d¨¦terminant et constructif en soutenant le processus politique qui doit remettre le pays sur pied. En 1996, quand les Nations Unies ont quitt¨¦ la Somalie, le pays ¨¦tait v¨¦ritablement dans un ¨¦tat de chaos. En 2013, les Nations Unies sont revenues dans le cadre d¡¯une mission politique que je dirigeais, la Mission d¡¯assistance des Nations Unies en Somalie. C¡¯¨¦tait un moment d¡¯espoir et de d¨¦fis ¨¤ relever pour un pays qui, apr¨¨s avoir manqu¨¦ de s¡¯effondrer, tentait de se reconstruire.?

R¨¦tablir la s¨¦curit¨¦ des habitants du pays n¡¯a pas d? ¨ºtre facile ??

Du point de vue op¨¦rationnel, la Somalie est l¡¯un des pays les plus difficiles ¨¤ appr¨¦hender pour les Nations Unies. Le groupe terroriste Al-Shabaab repr¨¦sente une r¨¦elle menace, non seulement pour le personnel des Nations Unies mais aussi pour les autres organisations internationales pr¨¦sentes sur le terrain. Ce que nous avons r¨¦ussi ¨¤ d¨¦montrer, c¡¯est qu¡¯avec un soutien et des mesures de s¨¦curit¨¦ appropri¨¦s, il est possible de rester en Somalie et d¡¯y faire ce qu¡¯on attend de nous.?

Le pays est bien connu pour ses ¨¦ternelles querelles politiques aliment¨¦es par les rivalit¨¦s entre clans. Elles doivent avoir ¨¦t¨¦ difficiles ¨¤ g¨¦rer??

Elles ne nous ont pas pos¨¦ de probl¨¨me majeur, et ce pour deux raisons : d¡¯abord, les Somaliens sont une population tr¨¨s politique. Ils sont habitu¨¦s ¨¤ s¡¯asseoir, discuter, trouver des compromis. Mais nous avons aussi constat¨¦ qu¡¯heureusement, apr¨¨s 26 ans de conflit, les Somaliens semblaient d¨¦cid¨¦s ¨¤ tourner la page et ¨¤ s¡¯engager ¨¤ construire ensemble un nouveau pays.?

Les? accords qui ont d¨¦bouch¨¦ sur? la cr¨¦ation d¡¯un parlement en 2012 ont ¨¦t¨¦ critiqu¨¦s. Certains leurs ont reproch¨¦ de manquer de l¨¦gitimit¨¦. Les critiques ¨¦taient-elles justifi¨¦es ?

La transition de 2012, qui a cr¨¦¨¦ le Gouvernement f¨¦d¨¦ral et le Parlement et permis l¡¯installation du Pr¨¦sident, ¨¦tait une transition de type traditionnel, par laquelle les anciens et chefs traditionnels des clans ont choisi les membres du Parlement, qui ont eux-m¨ºmes choisi le Pr¨¦sident. Lorsque j¡¯¨¦tais en poste en Somalie, notre objectif ¨¦tait la tenue d¡¯¨¦lections d¨¦mocratiques en 2016. Cela sera peut-¨ºtre difficile, si l¡¯on tient compte de la situation s¨¦curitaire du pays et du processus politique. En l¡¯absence de progr¨¨s, nous avons donc voulu aider les Somaliens ¨¤ mettre en place un processus plus inclusif et repr¨¦sentatif qu¡¯en 2012.

Vous parlez d¡¯un processus ?inclusif et repr¨¦sentatif?, mais jusqu¡¯¨¤ quel point ?

Il y aura plusieurs coll¨¨ges ¨¦lectoraux qui se r¨¦uniront dans les ?tats membres existants au sein de la f¨¦d¨¦ration, avec plusieurs centaines de personnes ¨¤ chaque fois. Il sera possible de choisir entre plusieurs candidats avec des garanties pour que les femmes et les jeunes soient repr¨¦sent¨¦s dans le futur parlement. C¡¯est un bon d¨¦but je pense, mais ce n¡¯est ¨¦videmment pas parfait.

? la fin de votre mission, vous mettiez en garde contre l¡¯absence de progr¨¨s ¨¦conomique en disant que cela risquait de compromettre les avanc¨¦es d¨¦j¨¤ r¨¦alis¨¦es¡­?

Plus de 70 % de la population somalienne a moins de 35 ans. Une g¨¦n¨¦ration enti¨¨re a souffert de la guerre civile et les niveaux d¡¯alphab¨¦tisation sont extr¨ºmement bas. Il est certain que politiquement parlant, le pays fait des progr¨¨s et qu¡¯il cherche ¨¤ devenir un ?tat f¨¦d¨¦ral qui fonctionne, avec des institutions qui rendent des comptes et offrent de meilleurs services ¨¤ la population. La s¨¦curit¨¦ s¡¯am¨¦liore et l¡¯¨¦conomie se rel¨¨ve. Mais en dehors de Mogadiscio, dans le nord-est ou dans certaines r¨¦gions? du sud et du centre du pays, les gens sont encore tr¨¨s pauvres et d¨¦sesp¨¨rent de retrouver de meilleures conditions de vie. La s¨¦curit¨¦ et les progr¨¨s politiques dispara?tront si, dans les cinq ou dix prochaines ann¨¦es, la reprise ¨¦conomique n¡¯est pas au rendez-vous, si les enfants ne peuvent pas aller ¨¤ l¡¯¨¦cole et si les dipl?m¨¦s ne trouvent pas de travail.

Pour l¡¯avenir imm¨¦diat y a-t-il des ¨¦v¨¦nements ou jalons importants auxquels il faut faire attention??

Le principal ¨¦v¨¦nement de l¡¯ann¨¦e 2016 devrait ¨ºtre la tenue des ¨¦lections : les ¨¦lections au Parlement en ao?t, puis l¡¯¨¦lection pr¨¦sidentielle en septembre. Si la Somalie arrive ¨¤ respecter le calendrier et les r¨¨gles qu¡¯elle s¡¯est impos¨¦e, ce sera un jalon important pour le pays. ??

°Õ³ó¨¨³¾±ð²õ: